Aujourd’hui s’ouvre à Ouagadougou, la 25e édition du célèbre festival panafricain du cinéma et de la télévision. Ils sont déjà très nombreux les fespacistes qui ont fait le déplacement de Ouagadougou et s’apprêtent, durant sept jours, à visionner des productions, à en discuter et à faire des projets. Moi, je n’ai pas pû faire le déplacement. Mais, devant mon petit écran, celui de la télévision et de l’ordinateur, je vais vivre l’évènement et vous donner mes impressions en léger différé avec la contribution de mon complice de toujours, Benwa qui lui vit ces moments historiques dans la cité de Yennenga.
Assis devant ma télévision qui retransmet la cérémonie officielle d’ouverture du Fespaco à travers la chaine nationale du Burkina, la TNB (chaine que j’arrive à capter à Lomé à partir du satellite), je me mets à penser à un ami cher, très cher à Clap Noir qui vivra ce festival en esprit. Il s’agit de Cheick Fantamadi Camara. J’imagine les cinéastes, lors de la cérémonie des libations qui se fait ce dimanche, avoir une pensée pour lui… parti… si jeune. Mais… la vie continue et le cinéma continue.
Du monde, il y en avait dans l’enceinte du stade municipal. Parmi les discours, celui qui a retenu mon attention, c’est celui du ministre de la Culture, Tahirou Barry.
Quelques phrases percutantes relevées dans son discours. « Bienvenu au pays du peuple insurgé » a dit le ministre. C’est vrai. C’est le second Fespaco depuis les évènements de 2014. Ces évènements qui ont marqué le Burkina Faso, mais aussi toute la jeunesse africaine sur le fait, quand le peuple se lève, prendre en main son destin… et arracher sa liberté.
_ Bienvenue au pays des hommes intègres, au pays du peuple insurgé pour vivre la grande fête des cinémas d’Afrique. Un cinéma qui a aussi besoin de vivre un moment de rupture. Rupture avec de nombreuses situations qui en feront un cinéma réellement au service de la libération des peuples africains.
Autre phrase du ministre qui a retenu mon attention. « Imiter le genre de certaines nations ne fera que nous perdre, car c’est en voulant imiter l’hippopotame dans la nage que le coq s’est noyé ! ». Le ministre nous ramène aux nombreux débats sur l’identité des cinémas d’Afrique.
Je pense que cette recherche permanente d’identité est un long chemin que nous n’allons pas finir de parcourir parce qu’elles sont tellement nombreuses les dimensions dont il faut tenir compte pour arriver à ce « cinéma identitaire ». Commençons déjà par arrêter de parler de « rendez-vous du cinéma africain » pour adopter le terme « des cinémas d’Afrique ». Ce cinéma, notre cinéma est pluriel.
Aujourd’hui dimanche, les projections vont débuter. Les fespacistes iront dans les salles pour les films. Les festivaliers vont vivre les scènes des longues files de badgés et de non badgés qui attendent qu’une porte s’ouvre pour vite entrer et occuper une place. Les débats et les échanges dans la salle et à la fin des projections pour bien partager avec l’équipe du film. Moment attendu mais rarement possible ...
Cette situation, on s’en plaint toujours, mais c’est bien cela qui fait le charme du Fespaco, cette convivialité qui anime tous les participants à ce festival. J’ai entendu le ministre dire que le pays va réhabiliter une quinzaine de salles. Trois jours avant l’ouverture du Fespaco, dans le quartier Ouaga 2000, le Chef de l’État a inauguré une nouvelle salle de cinéma : Canal Olympia Yennenga. Cette salle a une capacité de 300 places et est une œuvre de Vivendi. La presse locale nous apprend que ce joyau a couté 2 milliards de F CFA.
À Bobo Dioulasso, les travaux de rénovation du Ciné Guimbi sont aussi en cours. Résultat attendu : construction d’un cinéma de deux salles de 498 places avec d’autres installations telles un café, un restaurant, un maquis, avec sa terrasse, des bureaux, une salle de réunion multifonctions de 120 places.
Pour vous qui êtes à Ouaga, vivez bien le festival… et nous qui en sommes loin… nous allons aussi le vivre à travers les échanges sur les réseaux sociaux et sur les programmes des médias. Tiens… une dernière petite phrase du ministre pour terminer en sourire : "S’il y a un film cowboy aux États-Unis, un film hindou en Inde, un film ninja au Japon, nous devons être fiers de présenter un film simplement africain pour ne pas perdre nos repères et notre âme"
Bon festival.
Achille Kouawo
Clap Noir
Association Clap Noir
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