Dans les rues de Kinshasa le film suit la trace du Staff Benda Bilili, de ses errances, de ses combats, de ses espoirs, de ses rêves de gloire internationale. Douce folie apparemment que celle de ce groupe initié par des handicapés en fauteuil, des laissés pour compte traditionnellement voués à une existence solitaire et parois dangereuse sur les trottoirs de la capitale.
Petits boulots, débrouille, matelas de cartons à renouveler chaque soir quand la lumière disparaît. Rien ne prédisposait les membres du staff à courir les scènes des festivals de par le monde et à déchainer les salves d’applaudissements qu’ils récoltent aujourd’hui. Rien si ce n’est la formidable détermination de son leader Ricky, qui n’a jamais renoncé à son rêve. La discipline qu’il a su imposer à ses musiciens, son sens inné de la musique et du spectacle, et la joie de vivre surtout qu’il n’a jamais cessé de partager et de transmettre. Il n’en fallait pas plus si ce n’est, un jour, la rencontre décisive qui allait les mettre en contact avec le réseau de la musique professionnelle.
Si le film se borne à raconter une success story comme d’autres avant lui, il livre malgré tout des vues réalistes, parfois sans concession de la vie des rues à Kinshasa. La relation que les réalisateurs ont su établir avec les membres du groupe qu’ils filment est si réelle et profonde qu’elle nous embarque complètement dans l’intimité de cette joyeuse bande de drilles. Le temps qu’ils ont consacré à ce film aussi nous offre le loisir de voir grandir par exemple le petit Roger tout jeune adolescent quand nous faisons sa rencontre au début du film ; autant de facteurs de sympathie qui nous absorbent littéralement dans le récit. On regrettera simplement que le point de vue n’interroge pas vraiment la rencontre entre ces musiciens et leur rêve d’occident et de gloire. De même la narration en forme de voix off fait la part belle de manière parfois un peu trop appuyée à la contribution des réalisateurs dans l’accès du groupe au succès qu’il connaît aujourd’hui.
Reste la force des personnages et de la musique qu’ils distillent, empreinte d’une douce amertume et d’une légèreté qui frise constamment l’ironie. Une rumba pleine de métissages pour chanter l’espoir récompensé.
Sophie Perrin
Clap Noir
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