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Cameroun : les festivals veulent miser sur la pérennité
Publié le : samedi 16 juin 2012







Plus d’un mois après avoir bouclé son fes­ti­val, Arice Siapi est à la chasse aux jour­naux. La direc­trice du Festival inter­na­tio­nal du film mixte (Fifmi) qui a eu lieu du 12 au 16 avril 2012, essaye autant que pos­si­ble, de retrou­ver les arti­cles ayant fait échos de l’évènement. Une gym­nas­ti­que pas évidente puisqu’il n’y a pas eu de suivi pour ce qui est de la cou­ver­ture média­ti­que. C’est vrai­ment dom­mage que ce soit moi qui me retrouve à courir de gauche à droite pour repé­rer un arti­cle, pour­tant il y a quelqu’un qui était censé s’occu­per de la com­mu­ni­ca­tion mais j’ai l’impres­sion qu’il n’a pas fait ce qu’il fal­lait , sou­pire-t-elle. En dehors de quel­ques affi­ches à Ngaoundéré, ville qui accueille le fes­ti­val, ce der­nier a connu une média­ti­sa­tion morte. Après trois années d’exis­tence, le fes­ti­val ne dis­pose pas jusque-là d’un blog encore moins d’un site inter­net, et les réseaux sociaux notam­ment Facebook, Twitter etc... lui sont étrangers.

Arice-Siapi_ok Arice Siapi

Nous avions un compte Facebook ouvert par celui qui gérait la com­mu­ni­ca­tion à l’époque, mais depuis qu’il n’est plus avec nous, le compte n’a pas pu être réac­tivé, expli­que Arice Siapi. Elle ajoute tout de même que faire passer l’infor­ma­tion via Internet afin d’attein­dre un large public est une méthode élémentaire à laquelle peut sous­crire un chargé de la com­mu­ni­ca­tion.

Compter avec les béné­vo­les

Les mem­bres de l’équipe d’orga­ni­sa­tion du Fifmi sont des béné­vo­les. Ce qui jus­ti­fie par­fois le non res­pect de cer­tains enga­ge­ments. Au départ pour la plu­part des fes­ti­vals, il faut des béné­vo­les parce qu’il n’y a pas un fond pour sou­te­nir les char­ges finan­ciè­res, je fais ce que je peux mais c’est très insuf­fi­sant, fait-elle remar­quer.
Sur ce point, la jeune équipe du Festival inter­na­tio­nal de films de femmes (Mis me binga) qui s’est tenue du 7 au 11 mars 2012, ne s’en plaint pas. En plus de leur pré­sence dans les dif­fé­ren­tes radios, ses dyna­mi­ques mem­bres écument les réseaux sociaux pour faire connai­tre leur fes­ti­val. Ils ont créé un blog et un site inter­net ; il connait encore quel­ques dif­fi­cultés qui seront réglées d’ici peu, ras­sure la nou­velle pré­si­dente Evodie Ngueyeli. Arice Siapi sou­tient que c’est une ques­tion de sous. On nous demande 600 000 FCFA (930€) pour les frais d’héber­ge­ment du site, ensuite il faut payer un spé­cia­liste qui l’entre­tient puisqu’on n’a pas encore trouvé de béné­vole pour le faire et ces char­ges nous sont encore dif­fi­ci­les à sup­por­ter. La pro­mo­trice reconnait en même temps qu’une stra­té­gie bien pensée garan­tie un grand pour­cen­tage de réus­site. L’une des fai­bles­ses de cette édition 2012 a été de ne pas avoir les bonnes per­son­nes aux bons endroits. Il nous a manqué par exem­ple un bon direc­teur de la com­mu­ni­ca­tion, avoue-t-elle.

affi_Mis-Me-Binga-2012_ok

En fait, l’orga­ni­sa­tion du fes­ti­val ne s’est pas encore appro­prié les outils tech­no­lo­gi­ques. Aucune démar­che pour la recher­che de finan­ce­ments ou de par­te­na­riats auprès des orga­nis­mes et struc­tu­res inter­na­tio­naux n’a été enga­gée. Encore moins cher­cher à inté­grer cer­tains réseaux ou ren­trer en contact avec des évènements qui évoluent dans le même domaine. L’espoir reste foca­lisé sur les spon­sors locaux qui selon Arice, n’assu­rent tou­jours pas. Toutefois, Nous avons une fois contacté Murmures d’Africultures pour leur parler de notre fes­ti­val et ils nous ont envoyé envi­ron huit films qui nous ont aidé dans la pro­gram­ma­tion, évoque-t-elle.

Connexions

Face à un mécé­nat pres­que inexis­tant et une poli­ti­que cultu­relle absente, Mis me binga a visi­ble­ment com­pris qu’élargir ses hori­zons sur le plan inter­na­tio­nal ren­for­cera la péren­nité du fes­ti­val. Ils sont déjà en contact avec quel­ques sites web comme celui du British Council, Africiné et un site japon­nais. Des col­la­bo­ra­tions sont tis­sées avec quel­ques pays afri­cains à l’instar de l’Egypte et la Tunisie. Des connexions qui leur pro­cu­rent des films, per­met­tant de pal­lier à une pro­duc­tion came­rou­naise encore faible. Du coup, le fes­ti­val se retrouve avec des pro­duc­tions venant des quatre coins du monde.
Un autre aspect sur lequel veut miser le fes­ti­val de films de femmes, c’est la for­ma­tion de ses mem­bres. Ils sont à l’affut de tout stage concer­nant soit le mana­ge­ment cultu­rel, la recher­che de finan­ce­ment, la pro­duc­tion, la dis­tri­bu­tion etc... En consen­tant que la réus­site d’un évènement dépend du degré de com­pé­tence et d’effi­ca­cité de l’équipe d’orga­ni­sa­tion.

Evodie-Ngueyeli_ok Evodie Ngueyeli

Les deux évènements s’accor­dent sur l’objec­tif prin­ci­pal, à savoir rame­ner le public came­rou­nais vers le cinéma. Par ailleurs, Arice Siapi sou­haite que le Fifmi lui sur­vive. Je ne veux pas d’un fes­ti­val qui meurt après moi, tran­che-t-elle. Mis me binga, lui, se pro­jette dans 25 voire 45 ans. Nous vou­lons deve­nir une sorte de Fespaco de l’Afrique cen­trale, un car­re­four de dif­fu­sion et d’échange, sou­haite Evodie Ngueyeli qui déplore le fait que les évènements cultu­rels au Cameroun soient pour la plu­part, sou­te­nus par les com­mu­nau­tés étrangères. Pour plus d’effi­ca­cité, la troi­sième édition du Mis me binga a réuni les pro­mo­teurs des fes­ti­vals de cinéma came­rou­nais afin de mettre en place un réseau. C’est impor­tant que nous ayons une plate-forme. Elle nous per­met­tra de mieux porter nos actions et reven­di­ca­tions. Ensemble, on est plus forts, note Evodie.

Pélagie Ng’onana

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