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Kinshasa 11 ans après le Mobutisme
Publié le : mardi 14 juillet 2009
Deux documentaires de la RDC




Peu de films sont tour­nés en RDC, par des cinéas­tes congo­lais. Pourtant une nou­velle géné­ra­tion se bat pour filmer. Leurs témoi­gna­ges nous éclairent sur la société kinoise de l’après Mobutisme. C’est d’autant plus impor­tant que lorsqu’un docu­men­taire sort, c’est déjà un exploit. Parmi eux, Clarisse Muvuba, qui a réa­lisé son 1er docu­men­taire « les fils de la vie et de la mort », et Guy Bomanyama Zandu son 5eme docu­men­taire « Mayasi le taxi­man ».
Comment vivent les kinois en 2008 ? Les deux films met­tent en évidence l’état de dégra­da­tion de la capi­tale. Le cons­tat est sévère. Nous sommes loin de l’effer­ves­cence joyeuse des années 90 où la capi­tale était sur­nom­mée Kin kiesse Kin la joie.

Clarisse Muvuba pointe du doigt les consé­quen­ces économiques et socia­les des nom­breu­ses cou­pu­res de cou­rants. L’état du réseau électrique est tel qu’il faut appli­quer l’arti­cle 15 pour béné­fi­cier de la pré­cieuse énergie. Encore faut-il s’affran­chir de quel­ques bak­chichs et autres ruses pour ne pas se faire électrocuter. Dans son 1er film, la réa­li­sa­trice a su faire parler des habi­tants peu habi­tués à ce qu’on leur pose des ques­tions, tout sim­ple­ment à témoi­gner. Certes le sujet n’est pas une affaire d’état mais filmer les kinois n’a jamais été chose facile du temps du Mobutisme et il reste de sérieu­ses bar­riè­res à fran­chir pour tour­ner aisé­ment dans la capi­tale. Avant tout elle nous montre l’injus­tice dont sont vic­ti­mes les Congolais dans leur désir d’une vie décente. Le recours aux grou­pes électrogènes pour ali­men­ter les mou­lins à farine et la lampe à pétrole pour faire ses devoirs nous rap­pelle une autre époque.

Mayasi le taxi­man

Guy Bomanyama Zandu a choisi de suivre Mayasi, un taxi­man et Théthé une gara­giste. Outre la débrouille pour sur­vi­vre, nous décou­vrons un homme sou­cieux et loyal. Chaque jour est un défi. Pourra t-il rem­bour­ser la loca­tion du taxi au pro­prié­taire ? On se laisse guider. La ren­contre avec une jeune méca­ni­cienne kinoise offi­ciant dans un garage entiè­re­ment mas­cu­lin donne de l’épaisseur au per­son­nage. Mayasi tombe en panne et la belle kinoise s’érige en sau­veuse de cau­che­mars.
Ces films pâtis­sent d’une réa­li­sa­tion plutôt som­maire, rien de bien extra­or­di­naire nous diraient les habi­tués des docu­men­tai­res sur la société afri­caine. Peut être, mais avec ces por­traits sen­si­bles, leurs forces rési­dent dans la volonté de mon­trer un peuple digne, qui n’a que la débrouille pour croire en l’avenir.

Benoît Tiprez

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