Peu de films sont tournés en RDC, par des cinéastes congolais. Pourtant une nouvelle génération se bat pour filmer. Leurs témoignages nous éclairent sur la société kinoise de l’après Mobutisme. C’est d’autant plus important que lorsqu’un documentaire sort, c’est déjà un exploit. Parmi eux, Clarisse Muvuba, qui a réalisé son 1er documentaire « les fils de la vie et de la mort », et Guy Bomanyama Zandu son 5eme documentaire « Mayasi le taximan ».
Comment vivent les kinois en 2008 ? Les deux films mettent en évidence l’état de dégradation de la capitale. Le constat est sévère. Nous sommes loin de l’effervescence joyeuse des années 90 où la capitale était surnommée Kin kiesse Kin la joie.
Clarisse Muvuba pointe du doigt les conséquences économiques et sociales des nombreuses coupures de courants. L’état du réseau électrique est tel qu’il faut appliquer l’article 15 pour bénéficier de la précieuse énergie. Encore faut-il s’affranchir de quelques bakchichs et autres ruses pour ne pas se faire électrocuter. Dans son 1er film, la réalisatrice a su faire parler des habitants peu habitués à ce qu’on leur pose des questions, tout simplement à témoigner. Certes le sujet n’est pas une affaire d’état mais filmer les kinois n’a jamais été chose facile du temps du Mobutisme et il reste de sérieuses barrières à franchir pour tourner aisément dans la capitale. Avant tout elle nous montre l’injustice dont sont victimes les Congolais dans leur désir d’une vie décente. Le recours aux groupes électrogènes pour alimenter les moulins à farine et la lampe à pétrole pour faire ses devoirs nous rappelle une autre époque.
Mayasi le taximan
Guy Bomanyama Zandu a choisi de suivre Mayasi, un taximan et Théthé une garagiste. Outre la débrouille pour survivre, nous découvrons un homme soucieux et loyal. Chaque jour est un défi. Pourra t-il rembourser la location du taxi au propriétaire ? On se laisse guider. La rencontre avec une jeune mécanicienne kinoise officiant dans un garage entièrement masculin donne de l’épaisseur au personnage. Mayasi tombe en panne et la belle kinoise s’érige en sauveuse de cauchemars.
Ces films pâtissent d’une réalisation plutôt sommaire, rien de bien extraordinaire nous diraient les habitués des documentaires sur la société africaine. Peut être, mais avec ces portraits sensibles, leurs forces résident dans la volonté de montrer un peuple digne, qui n’a que la débrouille pour croire en l’avenir.
Benoît Tiprez
Clap Noir
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