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Ceux de la colline
Publié le : samedi 12 septembre 2009
Lussas 2009




L’affi­che du der­nier long métrage docu­men­taire de Berni Goldblat, Ceux de la Colline, dis­tille son lot de mys­tère. Image d’un bidon­ville, sau­pou­dré d’une pous­sière rose qui gagne sur le bleu du ciel. Au pre­mier plan, des hommes s’acti­vent. Au-delà de la repré­sen­ta­tion habi­tuelle de la misère, on sent qu’une force les tient debout, les fait avan­cer. Qui sont-ils ? Que font-ils ? Où sommes-nous ?

Dans une mine d’or, au Burkina-Faso. Au côté des « refu­sants », ces mil­liers d’hommes et de femmes, venus de tous hori­zons pour faire for­tune au prix de leur santé et, sou­vent, de leur vie. Orpailleurs, dyna­mi­teurs, mar­chands, pros­ti­tuées, gué­ris­seurs, coif­feurs et mara­bouts accou­rent dès la décou­verte d’un nou­veau filon, s’évanouissent dès son épuisement. Eternels aven­tu­riers liés à la recher­che du métal mythi­que, flam­beurs aux ailes brû­lées, en rup­ture avec leurs pro­ches, ils recréent une société secrète, tour de Babel afri­caine. L’alcool, la drogue, le jeu, la vio­lence, l’argent facile et capri­cieux tra­ver­sent les nuits du vil­lage. Ce ne sont pas des pion­niers, leur terre n’est pas inconnue, ce sont les lais­sés pour compte d’une société ingrate, d’autres sau­tent dans des bateaux pour rejoin­dre le nord, eux, ils fouillent.

Pour filmer cette aven­ture humaine hors norme, le réa­li­sa­teur, accom­pa­gné de son équipe de trois tech­ni­ciens, a pris des ris­ques. Celui de tour­ner très vite et sans les auto­ri­sa­tions qui auraient été trop lon­gues à obte­nir, d‘être reje­tés par ceux qu’ils vou­laient appro­cher et, enfin, de par­ta­ger leur quo­ti­dien. Après un court repé­rage, l’équipe est reve­nue sur la col­line, s’est mêlée à la vie du vil­lage pen­dant un mois. D’excep­tion­nel­les ren­contres don­nent au film son inten­sité. Un jeune orpailleur, entre deux des­cen­tes dans des puits de 30 mètres non sécu­ri­sés, une pros­ti­tuée, le coif­feur, le vieux qui a décou­vert le filon, un dyna­mi­teur se racontent sans fard. En fond sonore, les explo­sions secouent la col­line, tels d’oppres­sants bat­te­ments de cœur. Un an après, retour du réa­li­sa­teur sur le site, l’eau a envahi les puits, la col­line est déserte, l’éphémère société s’est trans­por­tée ailleurs.

Après Mokili, pre­mier long métrage de fic­tion sorti en 2006, sélec­tionné par de nom­breux fes­ti­vals inter­na­tio­naux, Berni Goldblat revient, et avec quelle force, à ses pre­miè­res amours, le docu­men­taire. Ceux de la Colline a rem­porté, entre autres, en juin der­nier, le prix du meilleur film docu­men­taire au 12° Brooklyn International Film Festival, et semble désor­mais être un incontour­na­ble de toute pro­gram­ma­tion fes­ti­va­lière qui se res­pecte. Il sera en com­pé­ti­tion au FIFF de Namur du 2 au 9 octo­bre, au Doclisboa de Lisbonne du 15 au 25 octo­bre, et pro­jeté le 7 octo­bre, à 20h, à Paris, au centre Wallonie-Bruxelles, 46, rue de Quincampoix. En atten­dant d’être dis­tri­bué en France.

Michèle Solle

  • Le 14 septembre 2009 à 15:13, par S.D.O

    En mi Mars, je revoyais à Bobo ce film après la première au FEspaco.
    J’ai eut l’occasion d’échanger avec le réalisateur autour du projet !
    Ce film respire tout simplement la vie !
    à voir absolument.

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