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Bienvenue en afrique !
Andreas Gruber
Publié le : 2005

Un film de Andreas Gruber, Autriche, 92’, 2005. Sortie fran­çaise le 25 jan­vier 2006






Synopsis

Isaac, immi­gré afri­cain sans papiers, est arrêté par la police autri­chienne des fron­tiè­res. Elle est char­gée d’iden­ti­fier son ori­gine et de le rame­ner dans son pays.

Deux poli­ciers autri­chiens sont char­gés de reconduire Isaac dans son pays d’ori­gine le Ghana. Racistes et arro­gants vis-à-vis de leurs homo­lo­gues afri­cains, ils sont rete­nus par les auto­ri­tés à Accra et contraints de veiller sur Isaac. Les deux poli­ciers autri­chiens se retrou­vent alors perdus dans la capi­tale afri­caine, avec Isaac comme par­te­naire, confron­tés aux affres de l’Afrique sans pas­se­port ni argent...

Note d’inten­tion du réa­li­sa­teur
« J’ai com­mencé l’écriture du film après la mort tra­gi­que de Marcus Omofuma, pen­dant le vol qui le rame­nait de Vienne au Nigeria. Les poli­ciers, char­gés de le reconduire, l’avaient atta­ché et bâillonné jusqu’à l’étouffement total. Naturellement, l’émotion fut vive au sein de la popu­la­tion autri­chienne, cette affaire connu peu de reten­tis­se­ment. C’est en réfé­rence à ce drame que mon per­son­nage du poli­cier autri­chien fait allu­sion avant de bâillon­ner Isaac dans l’avion. »

« Par ailleurs, dans mon pays, ce n’est mal­heu­reu­se­ment pas un exem­ple isolé de vio­len­ces poli­ciè­res. A cette même époque, un rap­port d’Amnesty International a accusé la police autri­chienne d’abus de pou­voirs et de com­por­te­ments vio­lents sur les étrangers, bafouant régu­liè­re­ment les droits de l’homme. Le racisme est également récur­rent dans les forces de police du pays. Par ailleurs, depuis que le parti d’extrême droite est arrivé au gou­ver­ne­ment, grâce à une coa­li­tion avec les conser­va­teurs, les enquê­tes sur les vio­len­ces poli­ciè­res ont été ralen­ties et res­tent la plu­part du temps sans suite. Récemment, un tri­bu­nal autri­chien a estimé qu’un poli­cier qui avait traité un auto­mo­bi­liste noir de " negro de merde ", n’avait pas porté atteinte à sa dignité humaine.

Et c’est pré­ci­sé­ment à cause de la gra­vité du contexte poli­ti­que que j’ai choisi le ton de la comé­die. La satire est selon moi une arme effi­cace pour tou­cher la cons­cience des spec­ta­teurs, sur­tout quand il s’agit de sujets aussi impor­tants. Ne jamais perdre le lien avec la dure réa­lité sans pour autant "plom­ber" le spec­ta­teur, voilà quel a été le défi de ce film et le juste équilibre à trou­ver !

C’est aussi, pour moi, le meilleur moyen de per­met­tre aux ensei­gnants et aux asso­cia­tions d’uti­li­ser le film pour ouvrir autant de débats que pos­si­ble et sen­si­bi­li­ser la jeu­nesse, autri­chienne en par­ti­cu­lier, à la gra­vité de la situa­tion dans mon pays. »

Critique
Un groupe d’afri­cains émigrant vers l’Europe se fait attra­per par la police à la fron­tière autri­chienne. Parmi eux : Isaac. Présumé gha­néen, deux poli­ciers le rac­com­pa­gnent vers Accra. C’est au cours de ce voyage qu’un vio­lent inci­dent met en lumière le racisme et la cruauté d’un des deux poli­ciers. Soumis aux rigueurs d’une admi­nis­tra­tion sou­vent aussi impré­vi­si­ble qu’opaque, les poli­ciers se retrou­vent livrés à eux-mêmes dans la capi­tale gha­néenne, sans visas et sans argent, avec la mis­sion de sur­veiller Isaac, pour­tant seul à pou­voir les aider. Il s’ensuit une série de péri­pé­ties, à la fois graves et comi­ques, comme autant de pièges tendus par l’Afrique à deux poli­ciers euro­péens, sûrs d’eux, mais volon­tiers racis­tes et arro­gants. Et le rythme sou­tenu du film donne plus de force encore au piège qui semble se refer­mer sur les deux poli­ciers. En inver­sant le sens de la migra­tion, c’est un peu l’arro­seur arrosé que nous donne à voir Andréas Gruber. Une leçon d’humi­lité dans nos rap­ports avec l’étranger venu de loin, et un regard sur le sens de l’exil pour ceux qui s’y contrai­gnent. Le ton de la comé­die emprunté par le film dénonce avec finesse les vio­len­ces poli­ciè­res dans le contexte des ten­sions sus­ci­tées par l’immi­gra­tion en Europe. Bienvenue en Afrique est un film énergique, drôle et engagé, mais non moins grave et lucide.

Samuel Courtois

Le réa­li­sa­teur
Né en 1954, Andreas Gruber est réa­li­sa­teur et scé­na­riste. Après des études de cinéma à Vienne, il tra­vaille pour la télé­vi­sion et le cinéma, en par­ti­cu­lier comme assis­tant réa­li­sa­teur d’Axel Corti à partir de 1979. Il réa­lise son pre­mier film en 1984 « Drinnen und draus­sen » puis tourne dans les années 1980 plus d’une tren­taine de docu­men­tai­res trai­tant aussi bien d’his­toire, d’art que de poli­ti­que. Suivent « Shalom General » en 1990, « L’Espace de la grâce » en 1994 et « La Dette d’Amour » avec Sandrine Bonnaire en 1997.

Tout en conti­nuant son tra­vail de docu­men­ta­riste pour la télé­vi­sion, Andreas Gruber milite acti­ve­ment au sein de l’asso­cia­tion huma­ni­taire autri­chienne SOS-Menschenrechte dont il est l’un des deux pré­si­dents.

Fiche tech­ni­que
Réalisateur : Andreas Gruber
Scénaristes : Andreas Gruber, Martin Rauhaus
Avec : Rainer Egger, Georg Friedrich, Abdul Salis
Directeur de la photo : Hermann Dunzendorfer
Compositeur : Peter Androsch, Hannes Köcher
Monteur : Guido Krajewski
Ingénieur du son : Marc Parisotto
Producteur : Veit Heiduschka
Production : Wega Film
Distribution : Limelight Distribution 21, rue Dautancourt 75017 Paris Tél : 33 1 42 29 60 40
Contact : contact@l­dis­tri­bu­tion.com

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