La 21ème édition du Fespaco est placée sous le parrainage du scientifique malien, Cheik Modibo Diarra. Quelle lecture faire du choix de cette personnalité ?
Le Fespaco, festival des cinémas d’Afrique met un point d’honneur à favoriser la production et la diffusion de cet art sur le continent. C’est dans cette optique qu’en 2005, l’acteur français Richard Bohringer fut le premier parrain du Festival. A la suite de l’acteur, c’est un musicien, Manu Dibango qui a été choisi pour parrainer la 20ème édition.
En acceptant la responsabilité de parrainer ce Fespaco, Cheik Modibo poursuit une mission qu’il a commencée pour l’Afrique : Celle de mettre en place les ponts pour la construction d’une société des savoirs.
Que connaissons-nous de Cheik Modibo ? Les jeunes africains le surnomment l’homme de la NASA. Cet ingénieur aérospatial à fait la fierté du continent quand il a participé au programme Mars Pathfinder. A travers cet homme, nombreux ont été les africains qui ont compris que les grandes réalisations étaient aussi à notre portée.
Cheik Modibo, lui a continué son œuvre en touchant du doigt un élément clé de la problématique du développement en Afrique : l’éducation. Pour favoriser le développement des communautés scientifiques, Cheik Modibo crée une fondation pour l’éducation en Afrique, met en place un laboratoire de recherche sur l’énergie solaire au Mali, préside aux destinées de l’Université virtuelle africaine et fonde l’Université numérique francophone mondiale.
Mutualisation des connaissances et utilisation du numérique. Tels sont les axes qui déterminent les activités de Cheik Modibo et qui peuvent être réinvestis dans le cinéma.
Aujourd’hui, les cinémas d’Afrique doivent résolument se tourner vers le numérique. Le numérique permet, les inscriptions des documentaires au Fespaco le confirment, un développement de la production. Les contraintes étant minimisées, les cinéastes peuvent se concentrer sur le contenu. Si nous voulons faire du cinéma un tremplin du tourisme et des patrimoines culturels, la qualité doit être le maître mot.
A la suite de Cheik Modibo, le monde du cinéma doit mettre en place des procédures de mutualisations des acquis, mettre en place des réseaux. La production en Afrique est un éternel recommencement. Il n’existe pas un espace où les acquis des ainés sont mis à la disposition des valeurs montantes. L’approche est très sectaire. Entrer dans la société des savoirs, c’est mettre l’information à la portée de tous. C’est un challenge que connaît bien Cheik Modibo et qu’il doit partager avec le septième art africain.
Dans une interview qu’il a accordée à Clap Noir, le délégué du Fespaco disait que la réflexion est lancée sur une innovation en 2011 : le prix des écoles. Ce prix sera décerné parmi les productions des écoles en Afrique. Cheik qui a lancé des initiatives dans le domaine de la formation pourra-t-il faire profiter aux responsables des formations en Afrique de cette expertise acquise, tant dans la formation traditionnelle que celle à distance ?
A l’image de son parrain, le délégué du Fespaco doit, dès à présent, être l’ambassadeur des cinémas d’Afrique. Cette responsabilité ne doit pas être exclusivement au service du Fespaco, mais au service de toute la cinématographie africaine. Il faut à présent qu’on parle des cinémas d’Afrique dans les grandes manifestations mondiales, non pas entre amis, mais comme un art qui a sa place au même titre que les autres arts.
Le choix du parrain du Fespaco est plus qu’un choix politique. Nous pouvons, à partir des parrains passés, dire que c’est un choix politique, artistique, technique et surtout stratégique. Prophétisons en disant que, Cheik Modibo ayant réussi à poser la sonde sur Mars réussira à positionner le satellite cinéma sur une bonne orbite.
Achille Kouawo
Clap Noir
Association Clap Noir
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