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Le Silence de la Forêt
Didier Ouenangaré et Bassek Ba Kobhio
Publié le : 2003

Didier Ouenangaré et Bassek Ba Kobhio
République Centrafricaine - Cameroun 2003 93mn






SYNOPSIS

Gonaba, ins­pec­teur des Ecoles à Bangui, décide brus­que­ment de tout aban­don­ner pour aller vivre au cœur de la forêt équatoriale, domaine des pyg­mées Babingas. Il sou­haite les aider à s’émanciper des " hommes grands ", dont la domi­na­tion, qua­rante ans après l’indé­pen­dance du pays, s’exerce tou­jours. Là-bas l’attend le grand amour… Ce voyage sera aussi pour lui un par­cours ini­tia­ti­que…

A PROPOS DU FILM

Produit par Bassek Ba Kobhio, en coréa­li­sa­tion avec Didier Ouenangare, "Le silence de la forêt" porte les comé­diens Eriq Ebouaney, Sonia Zembourou et Nadège Beausson Ndiaye à l’écran comme per­son­na­ges prin­ci­paux. Le film est une adap­ta­tions du roman d’Etienne Goyemide. Bassek Ba Kobhio pro­duit ainsi le pre­mier film cen­tra­fri­cain. "Il s’agit d’une adap­ta­tion d’un roman fort que je connais­sais déjà, et qui dit bien la Centrafrique avec ses riches­ses, sa beauté, sa cha­leur humaine, mais aussi ses contra­dic­tions, son ins­ta­bi­lité poli­ti­que, ses conflits sociaux larvés, comme par­tout en Afrique cen­trale. Il y avait une mise en relief d’un groupe impor­tant du pays et de la région qu’on gagne­rait à connaî­tre et à faire connaî­tre, les pyg­mées, vic­ti­mes d’un racisme incroya­ble. Il y avait la dénon­cia­tion des com­por­te­ments d’une élite arri­viste et cor­rom­pue... Je n’ai pas résisté plus long­temps à l’idée de pro­duire ce film", a expli­qué le cinéaste dans sa note d’inten­tion.

Comment avez-vous fait pour vous retrou­ver pro­duc­teur de ce film cen­tra­fri­cain ?
En juin 1998, je me suis rendu à Bangui pour lancer en République cen­tra­fri­caine l’opé­ra­tion "Ecrans noirs", opé­ra­tion de dif­fu­sion et de pro­mo­tion du cinéma afri­cain en Afrique cen­trale. Le len­de­main de mon arri­vée, sur l’ini­tia­tive du minis­tre de la cultur, nous avons eu une réu­nion avec tous les cinéas­tes de Bangui, les offi­ciels à un très haut niveau. Et la ques­tion iné­vi­ta­ble est arri­vée : "Viendrez-vous tou­jours pré­sen­ter des films des autres afri­cains ? La République Centrafricaine ne pour­rait-elle pas aussi avoir un jour un long métrage qui serait regar­dée par les autres ?". J’ai alors cons­taté que ce pays n’a effec­ti­ve­ment aucun long métrage à ce jour. Acculé par les par­ti­ci­pants à la réu­nion, j’ai promis m’inves­tir dans le projet qui vien­drait à me convain­cre. Le même soir, j’avais dix pro­jets accom­pa­gnés de CV. Le hasard a voulu que le projet le plus inté­res­sant soit pro­posé par celui des réa­li­sa­teurs qui avait le plus de métier dans un pays au cinéma quasi inexis­tant.

Parti comme pro­duc­teur du film, on vous retrouve réa­li­sa­teur à la fin. Pourquoi ?
Au départ, "Le silence de la forêt" devait être réa­lisé par le Centrafricain Didier Ouenangare. Pour cer­tai­nes rai­sons, cela s’est rapi­de­ment avéré trop lourd pour Didier. C’est ainsi que, conseiller à la réa­li­sa­tion, je me suis retrouvé coréa­li­sa­teur par la force des choses.

Avez-vous ren­contré des dif­fi­cultés par­ti­cu­liè­res pen­dant le tour­nage ?
Nous avons ren­contré beau­coup de dif­fi­cultés. Surtout, parce que le gou­ver­ne­ment cen­tra­fri­cain n’a pas tenu ses pro­mes­ses. Il a fallu que la société Terre afri­caine racle ses fonds pour cou­vrir les man­que­ments du gou­ver­ne­ment cen­tra­fri­cain. Par ailleurs, sur le plan de l’ali­men­ta­tion, on ne trouve for­cé­ment pas tout à Bangui lorsqu’on veut manger. Nous avons perdu chacun entre 6 et 10 kg. Nous avons également ren­contré de nom­breux pro­blè­mes de trans­port : les avions ne des­ser­vent pas régu­liè­re­ment Bangui. Heureusement, le direc­teur géné­ral de la Camair nous a envoyé un avion qui nous a ramené avec tout notre maté­riel. il nous avait déjà sou­tenu dans le cadre de la pro­duc­tion de "Sango Malo", Malgré ces dif­fi­cultés, nous avons eu un tour­nage for­mi­da­ble, avec des acteurs, des pyg­mées et une équipe tech­ni­que for­mi­da­bles. Il n’y a pas de raison que je me plai­gne.
Le Citoyen

LES REALISATEURS


Didier Florent Ouenangaré est né en 1953 à Bambari, en République Centrafricaine. Il com­mence ses études à Abidjan, puis rejoint la France, pour­sui­vant ses études à Rennes puis à Paris. Il a réa­lisé de nom­breux docu­men­tai­res et un court métrage de fic­tion " Pourquoi voter ? ". " Le Silence de la Forêt " est son pre­mier long métrage, et également le pre­mier long métrage cen­tra­fri­cain.

Bassek ba Kobhio est né en 1957 à Nindjé, au Cameroun. Ecrivain, pro­duc­teur, créa­teur du fes­ti­val "Ecrans Noirs " en Afrique Centrale, il a réa­lisé de nom­breux films de fic­tion ou docu­men­tai­res, dont deux longs métra­ges " Sango Malo " (Un cer­tain regard , Cannes 1991) et " Le Grand Blanc de Lambaréné ".

CRITIQUE

Plongée chez les Pygmées
" Le silence de la forêt " de Didier-Florent Ouenangaré et Bassek ba Kobhio est l’unique film d’Afrique sub-saha­rienne pro­jeté au 56ème Festival de Cannes. Malgré une cer­taine naï­veté bon enfant, le spec­ta­teur se laisse empor­ter par quel­ques moments de grâce.

Premier film pour l’un des réa­li­sa­teurs (Didier-Florent Ouénagaré, de Centrafrique), Le silence de la forêt est en revan­che le troi­sième de son co-réa­li­sa­teur, Bassek ba Kohbio Camerounais, par ailleurs écrivain, pro­duc­teur, et créa­teur du Festival Ecran Noir en Afrique Centrale. Son pre­mier long métrage, Sango Malo, était déjà pré­sent dans la sec­tion " Un cer­tain Regard " à Cannes en 1991.
Afrik.com

Certain de ren­trer dans les dic­tion­nai­res par sa qua­lité de pre­mier film cen­tra­fri­cain de l’his­toire du cinéma (il est copro­duit avec le Cameroun et le Gabon), Le Silence de la forêt se hisse au-dessus de son statut assuré de curio­sité. Il conte l’aven­ture d’un homme, fonc­tion­naire occi­den­ta­lisé, qui quitte son poste d’ins­pec­teur des écoles pour aller vivre dans un vil­lage pygmée, dans la jungle. Les pré­pa­ra­tifs du départ traî­nent, on y retrouve des figu­res vues tant de fois dans le cinéma afri­cain fran­co­phone (le préfet cor­rompu, la patronne de bar au grand cœur) qu’un grand sen­ti­ment de las­si­tude se fait, qui se dis­sipe comme par enchan­te­ment une fois entré sous la cano­pée.

Magnifiquement pho­to­gra­phiée, la ten­ta­tive d’accli­ma­ta­tion de l’ins­pec­teur Gonaba prend une réso­nance qui va bien au-delà d’un mani­feste pour la défense des droits des abo­ri­gè­nes. Ce grand corps qui tente de se fondre parmi d’autres plus petits fait irré­sis­ti­ble­ment penser à Gulliver. D’ailleurs, son irrup­tion chez les Pygmées sera, au bout du compte, aussi catas­tro­phi­que que celle du per­son­nage de Swift le fut à Lilliput. Pour ces séquen­ces d’une étrange beauté, il faut voir Le Silence de la forêt.
Le Monde

L’Afrique en panne
Après des études en France, Gonaba (Eriq Ebanouey) revient en Centrafrique, bien décidé à aider son pays à se déve­lop­per et à secouer l’immo­bi­lisme entre­tenu par des pri­vi­lé­giés. Néanmoins, dix ans après son retour, le cons­tat est amer. L’ins­pec­teur des écoles appar­tient désor­mais à la caste sclé­ro­sée qu’il était venu com­bat­tre. Fasciné par les Pygmées, il décide de tout aban­don­ner pour vivre avec eux. Il espère les éduquer et les débar­ras­ser de leur com­plexe vis-à-vis des " grands hommes " mais son volon­ta­risme se heurte à des tra­di­tions sécu­lai­res.

L’an der­nier, la Quinzaine avait accueilli le très beau Abouna, signant une réap­pa­ri­tion réus­sie du cinéma afri­cain sur la Croisette. On atten­dait donc avec impa­tience cette copro­duc­tion avec l’espoir qu’il confir­me­rait le renou­veau de cette ciné­ma­to­gra­phie, d’autant que les thé­ma­ti­ques abor­dées lais­saient espé­rer une ouvre forte. Hélas, le résul­tat n’est pas à la hau­teur des atten­tes. Si la manière dont Gonaba retrans­crit incons­ciem­ment des sché­mas honnis en s’ins­tal­lant dans le vil­lage pygmée s’avère inté­res­sante, les aspects qui trai­tent de l’intime, notam­ment des rela­tions amou­reu­ses du héros, appa­rais­sent pla­quées et cari­ca­tu­ra­les. En outre, le contraste entre l’inter­pré­ta­tion empha­ti­que d’Eriq Ebouaney et celle for­cé­ment natu­relle des Pygmées désar­çonne. Dans ces moments, le Silence de la forêt évoque mal­heu­reu­se­ment une piètre caco­pho­nie.
L’Humanité

EQUIPE

Durée : 1h 34 mn - République cen­tra­fri­caine - 2003
Réalisateurs : Didier Ouénangaré , Bassek Ba Kobhio
Avec Eric Ebouaney , Sonia Zemborou , Nadège Beausson Diagne , Philippe Maury
Scénario : Didier Ouénangaré, Bassek Ba Kobhio
Photo : Pierre-Olivier Larrieu
Musique : Manu Dibango
Production : Les Films Terre Africaine

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