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Daniel Kamwa : Apporter nos films au Fespaco est déjà une performance
Publié le : mardi 3 mars 2009

Le film de Daniel Kamwa a inauguré officiellement la compétition longs métrages. Un film assez léger dans sa forme mais suffisamment plaisant pour entraîner le spectateur dans l’histoire, malgré la barrière des sous-titres.

Le film n’est-il pas péna­lisé par la langue pour sa com­pré­hen­sion ?

Non, pas du tout. Voyez, il y a eut des réac­tions et des applau­dis­se­ments comme au Cameroun, d’autant plus que le film est en langue Bamoun. Les gens ont très bien com­pris malgré les sous-titres. Il y a le bar­rage de la langue mais vous voyez que le public n’a pas été gêné pour com­pren­dre l’his­toire. Le mes­sage passe de manière par­faite que ce soit au Cameroun qu’ici.

Est ce que votre nar­ra­tion est un conte ?

Le conte fait parti de notre culture, il ne faut pas faire abs­trac­tion de ça. Peut être que la caméra rem­place le Griot mais nous ne pou­vons pas faire comme le Griot, nous essayons de marier les images et le son à la manière d’aujourd’hui.

Le choix des comé­diens s’est fait de manière clas­si­que. On lance un appel à la radio, je les fais parler un peu, on a orga­nisé des séan­ces de tra­vail pour qu’ils aient un jeu natu­rel et cela a été payant.

Les dif­fi­cultés pour pro­duire ce film ?

C’est tou­jours dif­fi­cile. La plu­part de nos gou­ver­ne­ments ne nous aident pas, nous sommes obli­gés d’aller cher­cher des aides auprès de gui­chets euro­péens. J’ai fait mon der­nier film en 1997, ce n’est qu’en 2006 que j’ai com­mencé la pro­duc­tion de celui là.

Tourné dans un vil­lage afri­cain qui n’a jamais vu de pla­teau de cinéma, dis­ci­pli­ner les gens sur les horai­res dans ce pays Bamoun était un pari. Pour l’anec­dote, tout de suite après le tour­nage de mon film, une pro­duc­tion fran­çaise est venue dans la même région pour tour­ner un film avec Isabelle Hupper et Christophe Lambert. Cela a fait plai­sir au Sultan Bamoun car il y a des retom­bées économique pour la région.. Le cinéma peut induire dans le déve­lop­pe­ment de notre pays, on ne devrait pas rechi­gner à voir une réelle poli­ti­que cultu­relle et ciné­ma­to­gra­phi­que. Alors qu’il y a des mul­ti­plex qui ouvrent en France, les salles fer­ment chez nous, on en avait 70 il y a 15 ans, je crois main­te­nant il n’y a plus une seule salle. Les 3 der­niè­res salles ont fer­mées ; si je n’avais pas montré ce film en 2008, aujourd’hui je n’aurais pas pu le faire.

Quels sont vos argu­ments pour vendre votre film au euro­péens ?

Apporter nos films au Fespaco est déjà une per­for­mance. Les films amé­ri­cains arri­vent avec leur publi­cité toute faite, c’est déjà un pro­duit clé en main. Nous n’avons pas de vedet­tes mais nous avons des talents. Si on nous demande de faire les mêmes recet­tes que les mas­to­don­tes euro­péens, nous ne sommes pas de taille. Il faut nous lais­ser notre chance, nous lais­ser le temps

Propos recueillis par B. Tiprez

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