Le palmarès de la rédaction
Publié le : dimanche 16 décembre 2007
Fespaco 2007



L’équipe de Clap Noir à Ouaga






Indéniablement « Ezra » de Newton Aduaka rem­porte l’étalon d’or. Un film bou­le­ver­sant qui traite un sujet déli­cat : les enfants sol­dats et la rédemp­tion. La jus­tesse du ton, la qua­lité nar­ra­tive et des images en font le meilleur film de la sélec­tion. Le jury ne pou­vait pas ne pas récom­pen­ser ce film qui a fait l’una­ni­mité.

J’attri­bue­rais pour ma part l’étalon d’argent au film tuni­sien « Making off » de Nouri Bouzi. Un vrai sujet d’actua­lité : la ten­ta­tion du refuge des jeunes lais­sés pour compte dans l’isla­misme. Ce film vous fait l’effet d’une bombe. Le comé­dien (qui a obtenu le prix très mérité d’inter­pré­ta­tion) nous entraîne dans sa des­cente aux enfers avec tel­le­ment de convic­tion, que l’on sort de ce film tota­le­ment aba­sourdi. Un vrai phé­no­mène de société en Tunisie où le film est devenu culte.

« Daratt » de Mahamat Saleh Haroun sera mon troi­sième choix. Avec cette sen­si­bi­lité qui lui est propre, M S Haroun réus­sit à nous émouvoir avec une très belle his­toire où le sen­ti­ment de ven­geance s’étiole face à l’atta­che­ment de son ennemi. Le doute est ici super­be­ment mis en images. Une des gran­des qua­li­tés de M.S. Haroun, c’est de savoir filmer les silen­ces. De longs plans séquen­ces où il laisse l’émotion vous pren­dre au dépourvu.

I. Audin

J’ai été étonné par la très bonne qua­lité ciné­ma­to­gra­phi­que de cer­tai­nes œuvres. Manifestement, le numé­ri­que permet l’écriture de thé­ma­ti­ques fortes et diver­ses, ancrées en Afrique. De manière géné­rale, l’édition 2007 nous a offert de bons films et quel­ques OVNI. Mes pré­fé­ren­ces com­men­cent par « Ezra » qui raconte la rédemp­tion d’un enfant soldat, effi­ca­ce­ment réa­lisé par Newton Aduaka. Un étalon d’or lar­ge­ment mérité. Suit « Making off » qui, par son sujet et son inter­pré­ta­tion gran­diose, m’a com­plè­te­ment emballé. En troi­sième posi­tion « Il va pleu­voir sur Conakry », écrit par Cheik Fantamady Camara, où les dia­lo­gues fine­ment cise­lés por­tent un regard déca­pant sur l’amour, la reli­gion et la poli­ti­que. Un pre­mier film ori­gi­nal qui aurait mérité encore mieux que le prix du public, prix offrant cepen­dant une très belle récom­pense. Quant au prix d’inter­pré­ta­tion fémi­nine, je n’aurais jamais pensé aux comé­dien­nes des « Saignantes » (comme pour l’étalon d’argent à ce film) tel­le­ment leur pres­ta­tion fait pale figure. Et bravo à Lotfi Abdéli primé pour son rôle, qui crêve l’écran dans le film « Making Off ».

B. Tiprez

La com­pé­ti­tion offi­cielle Long Métrage du Fespaco s’est révé­lée pleine de sur­pri­ses… Célébrant la diver­sité cultu­relle afri­caine, la sélec­tion en était un flo­ri­lège ciné­ma­to­gra­phi­que ! On y a vu des films très clas­si­ques aux accents de déjà vu et des essais ciné­ma­to­gra­phi­ques réels. Mon affec­tion s’est portée sur trois décou­ver­tes, en dehors des films Tsotsi et Darrat, déjà sortis en France.

Tout d’abord, l’Etalon d’Or « Ezra » fait le récit bou­le­ver­sant de l’his­toire d’un enfant soldat enrôlé contre son gré dans une armée sans cause. La nar­ra­tion clas­si­que, sur le mode du procès, avec de nom­breux et longs flash-backs est servie par une réa­li­sa­tion, une pho­to­gra­phie et un jeu d’acteurs à couper le souf­fle. S’il n’est pas le film le plus sur­pre­nant de cette com­pé­ti­tion, il en reste un récit engagé et mené de main de maître par le jeune réa­li­sa­teur nigé­rian Newton Aduaka, qui signe un magni­fi­que pre­mier film.

Le prix du Public RFI a très jus­te­ment récom­pensé « Il va pleu­voir sur Conakry », pre­mier long-métrage également, du Guinéen Cheick Fantamady Camara. La force de ce film réside avant tout dans son scé­na­rio à la fois drôle, grave et juste, et c’est la qua­lité de ses dia­lo­gues qui m’a tout par­ti­cu­liè­re­ment séduite.

Enfin mon coup de cœur va à un film Tunisien de Nouri Bouzid, « Making off ». Portrait taillé au cise­let d’un jeune Tunisien à la dérive qui sombre acci­den­tel­le­ment dans l’inté­grisme, le film est porté par le per­son­nage de Bahta à qui Nouri Bouzid a su donner une réelle exis­tence, à l’inter­pré­ta­tion magis­trale de Lotfi Abdelli. La pro­po­si­tion de l’auteur d’inté­grer à la nar­ra­tion les digres­sions du making off en font pour moi une véri­ta­ble expé­rience de cinéma.

L’étalon d’argent décerné à Jean Pierre Bekolo n’a pas manqué de sus­ci­ter une grande sur­prise. Il signi­fie en tous cas que le cinéma afri­cain tient à encou­ra­ger ses créa­teurs dans la voie de l’expé­ri­men­ta­tion, d’un cer­tain sens de l’avant-garde. D’une manière géné­rale, tou­te­fois, et comme cela a été sug­géré lors de la céré­mo­nie de clô­ture du Festival, le nombre de films en com­pé­ti­tion gagne­rait à être dimi­nué ; des films de qua­li­tés très iné­ga­les ont en effet été pro­je­tés.

S. Perrin

Indiscutablement, le Fespaco laisse beau­coup d’images en sou­ve­nir. Tout d’abord celles des oua­ga­lais par­ti­cu­liè­re­ment accueillants et si fiers que ce fes­ti­val inter­na­tio­nal du film afri­cain existe dans leur ville. Et puis celles de tous les films que j’ai pu vision­ner. Ouagadougou, pen­dant le fes­ti­val, est l’endroit par­fait pour voir un maxi­mum de films afri­cains dans d’assez bonnes condi­tions et sur­tout dans une ambiance afri­caine très chaude. Pendant ce Fespaco, j’ai sur­tout suivi la com­pé­ti­tion court métrage et je dois avouer que j’ai été sur­pris par l’excel­lente santé du cinéma magh­ré­bin. Incontestablement, qua­si­ment tous les courts métra­ges qui sor­taient du lot pro­ve­naient du Maghreb : « Kif Lokhrim » de Tunisie, R’Da du Maroc et « La pelote de laine » d’Algérie. Seul « Menged » d’Ethiopie contre­carre ce flo­ri­lège de bons courts métra­ges magh­ré­bin.

Je retien­drai aussi de ce Fespaco 2007 deux films.

- « Ezra » dont le sujet sur la rédemp­tion et les enfants guer­riers a marqué les esprits. C’est un film à voir abso­lu­ment.

- « Islam et les femmes séné­ga­lai­ses » docu­men­taire intel­li­gent pro­jeté hors com­pé­ti­tion qui pro­pose une réflexion sur la foi, la place de la femme dans la reli­gion, et la tolé­rance.

En tant que fran­çais, le Fespaco est une oppor­tu­nité for­mi­da­ble de voir des films dont la nar­ra­tion, le style et le rythme appar­tien­nent à une autre culture. C’est très rafraî­chis­sant et ça amène à se poser des ques­tions sur ce qui condi­tionne notre lec­ture d’un film. Très enri­chis­sant de vivre un fes­paco, en plus si vous aimez la bière vous ne serez pas déçu par le voyage !

François Bergeron

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