Accueil > Actualités festivals > Berlin à l’heure africaine
Berlin à l’heure africaine
Publié le : lundi 2 décembre 2013
Afrikamera 2013

Du 12 au 17 novembre s’est tenue la sixième édition du festival du film africain de Berlin. Alex Moussa Sawadogo, son directeur, revient sur l’évolution d’Afrikamera, honoré cette année par la venue du président allemand, Joachim Gauck.

Photo : David von Becker

Clap Noir : Comment s’est passée cette nouvelle édition ?

Je suis très satisfait. Afrikamera est devenu un rendez-vous annuel pour beaucoup d’Allemands et d’invités. Cela nous montre qu’un festival de films africains a toute sa place à Berlin. Bien sûr, le moment fort de cette semaine a été la venue du président allemand Joachim Gauck lors de la projection du film rwandais Imbabazi. Je l’avais rencontré il y a quelques mois à l’occasion d’une réception donnée pour la diaspora africaine. Lorsqu’il m’avait demandé ce qu’il pouvait faire pour moi, je lui avais simplement répondu que ce serait un honneur qu’il vienne assister à la projection d’un de nos films. Alors sa venue a représenté pour nous un moment très fort, qui outre un coup de projecteur inestimable grâce à la presse, renforce aussi notre crédibilité auprès de notre public et de nos partenaires. Peu de festivals en Allemagne peuvent se vanter d’avoir reçu le président allemand.

Le festival est donc maintenant sûr de son avenir ?

Il est encore trop tôt pour connaître les conséquences directes de sa présence. Mais une chose est sûre, nous sommes sur la bonne voie pour pérenniser notre événement et être sûr qu’il pourra être reconduit chaque année. Ce n’était pas le cas auparavant. Là, nous avons eu la confirmation que les partenariats sont reconduits jusqu’en 2015. A nous maintenant d’innover, car un festival qui n’invente pas se perd.
Nous voulons donc sortir des sentiers battus. Aller par exemple dans les quartiers où règne une grande mixité culturelle mais où les gens ne pensent pas au cinéma africain, comme à Neukölln ou Wedding, où vivent beaucoup d’Africains. Nous avons également eu l’idée de créer un programme pour les jeunes. Mais cela n’est pas facile, car les films africains sont souvent en français ou en anglais. Il faudra donc les doubler, ce qui n’est pas simple. Il faudra également respecter le cursus scolaire.

Parlez-nous du concept Re_Imaging Africa.

C’est un projet conçu pour trois ans, jusqu’en 2015. Notre ambition est aujourd’hui d’étoffer le festival, non pas en quantité mais en proposant des événements tournant autour du cinéma africain. Ainsi, cette année, nous n’avons pas organisé un panel, mais un symposium qui a réuni une cinquantaine de personnes, autour des formes de collaboration entre les festivals du nord et du sud, du monde du cinéma et de la société civile. Nous voulons par ailleurs créer des laboratoires, organiser davantage de rencontres entre réalisateurs allemands et africains, afin de renforcer l’aspect professionnel du festival.

Quels seront les thèmes abordés, les fils rouges ?

Le cinéma africain évolue énormément, en qualité et quantité. Il atteint un niveau de diversité que l’on retrouve dans d’autres continents, entre films d’auteurs, comédies, films d’action, documentaires, animation… C’est ce que nous voulons montrer. Le thème choisi cette année était donc assez sérieux et abordait au travers de la sélection la politique, les révolutions, l’immigration, car ces problèmes sont récurrents et ne doivent pas être occultés. L’année prochaine, nous voulons aborder la culture urbaine au cinéma. Les villes évoluent et une nouvelle génération de cinéastes y a grandi et filment l’action, l’agressivité parfois de ces cités. Enfin, l’année d’après, en 2015, nous allons rire avec la comédie. Grâce au concept global « Re_Imaging Africa », nous montrons une autre vision du cinéma africain, qui n’a rien à attendre de l’Europe, avec des jeunes réalisateurs nés et formés en Afrique.

Souhaiteriez-vous maintenant que ces films soient plus présents dans les grands festivals européens, comme Venise, Cannes ou Berlin ?

Pas forcément. Chaque festival a sa propre politique, sa ligne éditoriale et je suis contre le favoritisme. Si l’on veut qu’un film fasse de l’effet au plan international, il faut qu’il mérite sa place au milieu des autres productions. Par ailleurs, beaucoup de films africains ont leur propre histoire, ont trouvé leur public, sans avoir été présentés dans un événement européen. Ce n’est pas parce qu’un film ne sera pas à Cannes ou à Berlin qu’il ne fera pas du chemin.

Propos recueillis par Gwénaëlle Deboutte

Laisser un commentaire

Également…
1
>

Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
93100 Montreuil - France
Tél /fax : 01 48 51 53 75