Accueil > Actualités festivals > Le djassa prend feu à la Berlinale
Le djassa prend feu à la Berlinale
Publié le : lundi 18 février 2013

Le film ivoirien « le djassa a pris feu » était présenté au festival du film de Berlin, dans la section Panorama. Malgré l’appui de la Berlinale, son réalisateur Lonesome Solo, qui vit actuellement en Mauritanie, n’a pas réussi à obtenir de visa pour se rendre en Allemagne. Nous avons donc rencontré Philippe Lacôte, son producteur qui nous parle de ce film « collectif ».

La scène pourrait se dérouler dans n’importe quelle banlieue du monde. Dans un terrain vague, au pied d’un pilier d’autoroute, un jeune slameur conte face caméra le destin funeste de Tony, petit vendeur de cigarettes dans le Djassa, le ghetto d’Abidjan. Se faisant également appeler Dabagaou, le jeune homme vit avec sa sœur Ange et son frère policier, Mike. Un soir, pour défendre l’honneur d’Ange, qui s’adonne occasionnellement à la prostitution, Tony poignarde un homme et s’enfuit. Mike se lance alors à la poursuite du criminel, sans savoir à qui il a affaire…

A l’origine, ce narrateur n’était pas prévu dans le script, explique Philippe Lacôte, le jeune producteur ivoirien du film (Wassakara Productions). Au total, nous avons tourné onze jours et au bout du neuvième jour, nous nous sommes aperçus que quelque chose ne fonctionnait pas. Il manquait une distance. Nous étions trop linéaire, trop naturaliste. Avec l’arrivée de ce fil rouge, le film prend alors toute sa dimension et sa spécificité : le mouvement nouchi, langue, philosophie et danse nés dans les ghettos d’Abidjan. En perpétuelle évolution, ce langage utilisé par la jeunesse urbaine associe des mots de français, d’anglais, de malinké, d’expressions abidjanaises et se parle aussi avec les gestes.

JPEG - 16.8 kio
Philippe Lacôte et l’acteur principal Abdoul Karim Konaté
Crédit photo Steve Galasky ©

A l’origine du film, Philippe Lacôte voulait filmer l’énergie de son quartier, Wassakara et de ces jeunes. Il réunit alors Lonesome Solo, jeune réalisateur, auteur d’un film resté inachevé « Un cri dans le ghetto » et la cadreuse-réalisatrice suisse Delphine Jaquet autour de plusieurs acteurs professionnels et amateurs. Nous avons écrit une trame narrative, je leur ai raconté l’histoire de Rocco et ses frères de Visconti. Tout s’est passé très vite, en une semaine, nous avons commencé à filmer , se souvient Philippe Lacôte. Une urgence que l’on retrouve aussi dans le rythme du film et ses mouvements de caméra. Delphine Jaquet a amené son esthétique, sa manière de filmer, caméra à l’épaule. Dans le film, la caméra est un personnage à part entière, évoluant au milieu des acteurs. C’est un film sur le langage et le corps, poursuit Philippe Lacôte.
Malgré son très petit budget – 10 000 dollars –, et le soutien de l’OIF et de l’ONAC-CI, le Djassa a pris feu reçoit un accueil très positif et peut aujourd’hui s’enorgueillir de faire le tour du monde et des festivals : Toronto, Berlin, Göteborg, Carthage, bientôt New-York… Une excellente tribune aussi pour le futur projet d’une partie de l’équipe : Run, dont le tournage devrait débuter le 15 juillet prochain. On y retrouvera notamment Isaac de Bankolé, Abdoul Karim Konaté, l’acteur principal du « djassa » et Philippe Lacôte à la réalisation.
Pour ce film, on change radicalement d’échelle. Avec un budget de plus d’un million d’euros, le projet est co-produit par Wassakara Productions et Banshee films (France) et soutenu par la Cinéfondation, le Jerusalem Film Lab, le FONSIC (Fonds de soutien à l’industrie cinématographique de Côte d’Ivoire), Arte et Canal+ Afrique. Isaac de Bankolé y joue un jeune homme qui se transforme en fou et qui projette de tuer le premier ministre, précise Philippe Lacôte. Au cours de sa fuite, le personnage a plusieurs vies et le spectateur traverse avec lui les vingt dernières années de l’histoire de notre pays. Auteur de « Chronique de guerre en Côte d’Ivoire », le jeune producteur réalisateur revendique une œuvre politique, avec comme références le cinéma politique narratif d’un Costa-Gavras ou d’un Raoul Peck. Un script prometteur qui suscite déjà beaucoup d’attente.

Gwénaëlle Deboutte

Fiche du film "Le djassa a pris feu"

Laisser un commentaire

Lire aussi…
Également…
1
>

Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
93100 Montreuil - France
Tél /fax : 01 48 51 53 75