MOOLAADE
Sembene Ousmane
Publié le : 2002

Un film de Sembene Ousmane, Sénégal, 2002, 1h40

Sortie France 2004

SYNOPSIS

Il y a sept ans, Collé Ardo, mère excisée, a soustrait son unique fille de la Purification (l’excision).
Ayant entendu parler de cet acte de résistance, lors du nouveau septennat, quatre fillettes se réfugient chez elle et lui demandent le Moolaadé, qui signifie "droit d’asile" en langue Peulh.
Le village est en ébullition, deux valeurs s’affrontent : la Salinde (antique tradition de l’excision) et le Moolaadé.

À PROPOS DU FILM

L’excision est pratiquée dans 38 des 54 états membres de l’Union Africaine. Quelle que soit la méthode employée (classique ou moderne), exciser est une atteinte à la dignité et à l’intégrité de la femme.
Je dédie Moolaadé aux mères, femmes qui luttent pour abolir cet héritage d’une époque révolue.

Sembene Ousmane

CRITIQUE

A travers une œuvre de fiction, Sembene Ousmane réussit à nous faire vivre la lutte de femmes africaines face à l’excision.

A 81 ans, Ousmane possède toujours ce regard acéré. Il ose dénoncer un rituel considéré comme un acte de purification pour certain et de barbarie pour d’autres. Parfaitement maîtrisé, son film nous plonge dans le quotidien d’un village africain. Mieux qu’un ethnologue, Ousmane nous fait comprendre la difficulté à abolir une tradition enracinée depuis la nuit des temps. La " Salindé " existait bien avant les trois livres saints révélés : Talmud, Bible et Coran. La femme excisée est l’honneur de son mari, à l’inverse des Bilakoros, impures pour le mariage.

Collé Ardo est la première femme du village à refuser cette tradition. Elle accueille chez elle des fillettes qui ont fuit la cérémonie, et défit le village en leur accordant le " Moolaadé ", le droit d’asile. Un acte magique qui protège sa maison et interdit toute entrée d’intrus. Face aux pouvoirs des sages, elle utilisent les mêmes armes.

Mais c’est aussi la liberté des femmes que défend le maître. Les hommes du village menés par les Anciens protègent leurs prérogatives. Par peur de perdre leur autorité sur leurs épouses, ils décident de supprimer toutes les radios du village, seuls liens avec l’extérieur. Toute la résistance des africaines est symbolisée dans une magnifique scène où les radios sont entassées devant la mosquée, brûlent mais continuent à émettre.

Que ce film soit réalisé par un homme lui confère une légitimité complémentaire. " Moolaadé" est un bel acte contestataire à l’image du cinéma de Sembene Ousmane.

Isabelle Audin

LE REALISATEUR


Sembene, Ousmane de son prénom est né en 1923, à Ziguinchor, au Sénégal. Mobilisé par l’armée coloniale française dans les Tirailleurs sénégalais en 1942, il s’embarque clandestinement en 1946 pour la France. Il y exerce des petits boulots et en 1956, se met à écrire son premier roman "Le docker noir ". En 1960, il publiera son plus beau livre : " Les Bouts de bois de Dieu ".
Sembene commence à s’intéresser au cinéma. Il réfléchit à une démarche plus grand-public, comme il dit " politique, polémique et populaire ". A 38 ans, il entreprend des études de cinéma au studio Gorki à Moscou et c’est avec Donskoi et Serguei Guerassimov qu’il apprend à tenir une caméra.

En 1962, il réalise son premier film, un court métrage " Borom Sarret ", le bonhomme charrette. En 1964, il signe son 2ème court métrage " Niaye ", primé au Festival de Locarno.
Sembene Ousmane comme il se fera désormais appeler, se lance en 1966 dans son 1er long-métrage : " La Noire de… " et offre à cette occasion à son pays le 1er long métrage " négro-africain " du continent.

Suivent de nombreux films qui constituent des témoignages de la société africaine contemporaine parmi lesquels les longs métrages " Le mandat " 1968, " Xala " 1974, " Ceedo " 1976, " Camp de Thiaroye " 1988 et " Guelwaar " 1992 qui reçurent de nombreux prix.

En 1999, il rend hommage à la femme avec Faat Kiné, 1er film de son triptyque " Héroïsme au quotidien " ; " Moolaade " en est le second et le troisième volet, " La confrérie des rats " et le troisième volet " La confrérie des rats " ne verra pas le jour suite au décès du cinéaste survenu en juin 2007.

FICHE TECHNIQUE

  • Scénario et réalisation : Sembene Ousmane
  • Avec : avec Fatoumata Coulibaly, Maïmouna Hélène Diarra, Salimata Traore, Aminata Dao, Dominique T. Zeida, Mah Compaore
  • Images :Dominique Gentil
  • Son :Denis Guilhem
  • Montage : Abdellatif Raiss
  • Mixage :Jean-Guy Veran
  • Décors : Joseph Kpobly
  • Co-Production : Filmi Doomireew (Sénégal), Direction de la Cinématographie Nationale (Burkina Faso), Centre Cinématographique Marocain (CCM), Cinétéléfilms (Tunisie), Les Films de la Terre Africaine (Cameroun) et Ciné-Sud Promotion (France)
  • Contact production : Filmi Doomireew Galle Ceddo - BP 8087 Yoff Dakar - Sénégal
  • Contact distribution : Les films du Paradoxe https://filmsduparadoxe.com/accueil/
Les films de Sembene Ousmane :
Les autres films
1
>

Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
93100 Montreuil - France
Tél /fax : 01 48 51 53 75