Rahmatou Keïta et son actrice Magaajyia Silberfeld
Crédit photo : © Marcelo Nlele / Presscrea Agency

C’est une grande première : l’unique film de l’Afrique de l’ouest, le film Zin’ naariyâ ! (The Wedding Ring ou l’Alliance d’Or) - 2016, de la réalisatrice nigérienne Rahmatou Keïta est sélectionné et en compétition pour le grand événement cinématographique mondial, les OSCARS du cinéma des États-Unis, dans la section "Best Foreign Language" (Meilleur Film en langue étrangère).

Les pays ayant soumit des films dans cette catégorie pour la première fois sont le Malawi avec le film de Shemu Joyah The Road to Sunrise et le Niger avec le film de Rahmatou Keïta.
C’est parmi les 86 autres films en langue étrangère concourants aux nominés de la 91ème cérémonie des Oscars que le film Zin’naariyâ entre dans l’histoire du cinéma mondial. Primé pour ses images au Fespaco 2017, pour "son plaidoyer émouvant et romantique pour la préservation de la culture dans son splendide film" à Zanzibar (ZIFF), Prix Spécial du Jury à Kazan (KIFMC)... le film est distingué et nominé un peu partout en Afrique, en Europe et en Amérique, une fierté personnelle pour Rahmatou Keïta souligne t-elle et une reconnaissance mondiale du cinéma nigérien.

Zin’ naariyâ , un film multiculturel à travers les langues parlées (Peulh, haoussa, Sonrhaï), les costumes locaux, l’architecture haoussa et le brassage culturel entre plusieurs communautés, ressemble bien à la réalisatrice du film issue de cette diversité culturelle, de cette Afrique, dans laquelle les ethnies et les langues se côtoient en toute tranquillité.
Dans un décor représentatif de la culture nigérienne, le film fait un clin d’œil au patrimoine culturel nigérien. Aussi, la réalisatrice affirme son panafricanisme à travers la présence des principales religions du pays, l’animisme et l’islam qui s’entrechoquent dans cette société depuis la nuit des temps. Les séquences de consultation des divinités chez le « Zimma », rôle joué par l’un des meilleurs metteurs en scène de théâtre au Niger, Yazi Dogo en dit grand sur la cohabitation interreligieuse.
Le film est un récit amoureux qui nous amène à découvrir le rituel d’un mariage princier avec toute son organisation dans les traditions du Nigeria et du Niger. Deux pays aux identités culturelles identiques. En utilisant les techniques narratives du cinéma dont le flash back, la réalisatrice nous fait vivre cette histoire amoureuse née en France entre le prince de Maiduguri et l’actrice principale Magaajyia Silberfeld, la jeune fille issue de l’aristocratie Peuhl du Damagaran, qui est aussi la fille de la réalisatrice.

Pour un budget prévisionnel d’un peu plus de 1 milliard de francs CFA, à peine 10% ont pu être réunis. D’où la réécriture du scénario, outre quelques acteurs professionnels, l’appel à une majorité d’acteurs amateurs et des rôles limités à certaines têtes d’affiche comme Mariam Kaba et Ali Nuhu disait Rahmatou Keïta.
Le film Zin’naariyâ entièrement produit par Sonrhay Empire Productions (Niger) a été totalement financé par des fonds africains de l’Algérie, du Congo Brazzaville, du Maroc, du Niger, de l’Ouganda et du Rwanda.
Les noms des cinq films nominés par l’Académie des Oscars dans la catégorie "Meilleur Film en langue étrangère" seront publiés en janvier 2019. La remise des Oscars est prévue le 24 février 2019 à Los Angeles.
La campagne à cette sélection aux Oscars 2019 nécessite des moyens conséquents pour la promotion du film sur le sol américain et espérons qu’ils seront au rendez-vous, afin de permettre au Niger de faire rayonner son cinéma et de l’ancrer dans le septième art mondial.

Youssoufa Halidou Harouna , Critique de cinéma