Tout irait bien si la carte mémoire de mon appareil photo n’avait pas chopé un virus… c’est possible ?
Vite un docteur. Omar, par exemple l’informaticien en charge de tous les appareils de la salle de presse des JCC. Aimable et patient, mais débordé. Je confie ma carte à Carole et la retrouverai plus tard vierge comme au premier jour. Mais c’est du temps tout ça ! La matinée y passe et plus. Faim de pellicule !
15H, au Cinémafricart dans l’immeuble de l’Africa, on joue Dar Joued de Ayda Ben Aleya, Tunisie. Les 303 places sont encore insuffisantes malgré le service d’ordre assez musclé. Le producteur est là, la réalisatrice et toute son équipe de femmes d’un bout à l’autre du générique occupent les 2 premiers rangs.
Dar Joued : les pècheresses. Une tradition voulait que les femmes récalcitrantes à l’autorité de leur mari ou de leur père, soient enfermées, sur l’ordre du cadi, dans des maisons de redressement tenues par un couple agréé, sorte de Thénardier musulmans. Elles n’en sortaient que matées. Bourguiba a interdit cet usage en 1956. Le film est sombre, comme l’image, quatre femmes révoltées, désespérées, iront de la désobéissance à la soumission, d’autres du refus à la persévérance. Huis très clos, enfermant le spectateur dans cette maison sinistre, une femme chante sans cesse sa mélopée, cris et pleurs des femmes…. Respirer un bon coup, se dire qu’un pays qui produit ce film ne doit pas aller au mieux…
Ayda Ben Aleya
Petite histoire parallèle : la réalisatrice Ayda Ben Aleya voit ces deux premiers films sélectionnés au JCC 2010. Le second, Chronique d’une agonie est dans la compétition long métrage. Son titre et les mimiques crispées de mes collègues, à la sortie de la projection, m’ont dissuadée de tenter l’expérience. Même thématique : femmes victimes d’une société machiste. Son producteur a vendu sa maison pour l’aider à faire ses deux films. Détail intéressant, cet homme est son ex-mari….
State of violence
18h30 : à l’IBN Rachiq, quartier des facs, mille étudiants dans le hall. En compétiton State of Violence de Khalo Matabane, Afrique du Sud. Salle de théâtre tout en profondeur. Sur la scène un vidéo projecteur ridicule et un écran lilliputien. Même au premier rang, faut y croire ! Johannesburg. Bobedi, un ancien du township, devenu PDG d’une grande société minière, est rattrapé par son passé. Sa très belle deuxième femme est assassinée sous ses yeux dans sa maison luxueuse. Il va chercher à se venger. Contexte historico-politique. Plongée chez les encore pauvres, ses anciens amis, sa famille déchirée…. Quelque chose du passé qui ne passe pas. Personnage du frère qui tient bon malgré tout, la mère qui ne pardonne pas. Mais quoi ? C’est le cœur du film. Un honnête polar.
Voyage à Alger
Après un repas très gai, on va tous en bande au Colisée voir le Voyage à Alger, de Abdelkrim Bahloul, Algérie, en compétition. La foule des vendredis soirs de JCC nous a précédés, on nous fait monter au balcon. Où je manque de tomber deux fois en me rapprochant de l’écran alors que les fauteuils qui paraissent vides sont tout simplement, cassés. Rien de remplace une projection dans une salle de 1400 personnes, dont une grande majorité est ravie. Vivats, rires et applaudissements accompagnent la projection.
Fin de la guerre d’Indépendance, Saïda, la veuve d’un combattant et ses 6 enfants héritent d’une maison donnée par un fonctionnaire français sur le départ. Mais un ancien gendarme rallié au vainqueur, a jeté son dévolu dessus et entend bien appliquer sa loi. Kadirou va accompagner sa mère à Alger. Elle a décidé de demander justice à Ben Bella. Tous les ingrédients pour plaire. Un bel enfant aux yeux verts, une mère indomptable, une tendre fratrie, un méchant très bête, des justiciers beaux et sensibles, et même une romance en happy-end. Jolis passages de découverte de la maison, du voyage en train. Dialogues enlevés qui évoquent des velléités de comédie sur un thème grave, néanmoins. Grandes discussions entre détracteurs : « c’est populiste ! », populaire, pour le moins, et les autres : « mais c’est un très bon film ! » Bien parti pour le prix du public !
Tiens, le bar du jardin de la Médiathèque ne sert plus que du vin…
M.S.
Clap Noir
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