8 - Chroniques tunisiennes !
Publié le : dimanche 31 octobre 2010
Vendredi 29 octobre - JCC 2010








Tout irait bien si la carte mémoire de mon appa­reil photo n’avait pas chopé un virus… c’est pos­si­ble ?
Vite un doc­teur. Omar, par exem­ple l’infor­ma­ti­cien en charge de tous les appa­reils de la salle de presse des JCC. Aimable et patient, mais débordé. Je confie ma carte à Carole et la retrou­ve­rai plus tard vierge comme au pre­mier jour. Mais c’est du temps tout ça ! La mati­née y passe et plus. Faim de pel­li­cule !

15H, au Cinémafricart dans l’immeu­ble de l’Africa, on joue Dar Joued de Ayda Ben Aleya, Tunisie. Les 303 places sont encore insuf­fi­san­tes malgré le ser­vice d’ordre assez musclé. Le pro­duc­teur est là, la réa­li­sa­trice et toute son équipe de femmes d’un bout à l’autre du géné­ri­que occu­pent les 2 pre­miers rangs.
Dar Joued : les pèche­res­ses. Une tra­di­tion vou­lait que les femmes récal­ci­tran­tes à l’auto­rité de leur mari ou de leur père, soient enfer­mées, sur l’ordre du cadi, dans des mai­sons de redres­se­ment tenues par un couple agréé, sorte de Thénardier musul­mans. Elles n’en sor­taient que matées. Bourguiba a inter­dit cet usage en 1956. Le film est sombre, comme l’image, quatre femmes révol­tées, déses­pé­rées, iront de la déso­béis­sance à la sou­mis­sion, d’autres du refus à la per­sé­vé­rance. Huis très clos, enfer­mant le spec­ta­teur dans cette maison sinis­tre, une femme chante sans cesse sa mélo­pée, cris et pleurs des femmes…. Respirer un bon coup, se dire qu’un pays qui pro­duit ce film ne doit pas aller au mieux…


Ayda Ben Aleya

Petite his­toire paral­lèle : la réa­li­sa­trice Ayda Ben Aleya voit ces deux pre­miers films sélec­tion­nés au JCC 2010. Le second, Chronique d’une agonie est dans la com­pé­ti­tion long métrage. Son titre et les mimi­ques cris­pées de mes col­lè­gues, à la sortie de la pro­jec­tion, m’ont dis­sua­dée de tenter l’expé­rience. Même thé­ma­ti­que : femmes vic­ti­mes d’une société machiste. Son pro­duc­teur a vendu sa maison pour l’aider à faire ses deux films. Détail inté­res­sant, cet homme est son ex-mari….


State of vio­lence

18h30 : à l’IBN Rachiq, quar­tier des facs, mille étudiants dans le hall. En com­pé­ti­ton State of Violence de Khalo Matabane, Afrique du Sud. Salle de théâ­tre tout en pro­fon­deur. Sur la scène un vidéo pro­jec­teur ridi­cule et un écran lil­li­pu­tien. Même au pre­mier rang, faut y croire ! Johannesburg. Bobedi, un ancien du town­ship, devenu PDG d’une grande société minière, est rat­trapé par son passé. Sa très belle deuxième femme est assas­si­née sous ses yeux dans sa maison luxueuse. Il va cher­cher à se venger. Contexte his­to­rico-poli­ti­que. Plongée chez les encore pau­vres, ses anciens amis, sa famille déchi­rée…. Quelque chose du passé qui ne passe pas. Personnage du frère qui tient bon malgré tout, la mère qui ne par­donne pas. Mais quoi ? C’est le cœur du film. Un hon­nête polar.


Voyage à Alger

Après un repas très gai, on va tous en bande au Colisée voir le Voyage à Alger, de Abdelkrim Bahloul, Algérie, en com­pé­ti­tion. La foule des ven­dre­dis soirs de JCC nous a pré­cé­dés, on nous fait monter au balcon. Où je manque de tomber deux fois en me rap­pro­chant de l’écran alors que les fau­teuils qui parais­sent vides sont tout sim­ple­ment, cassés. Rien de rem­place une pro­jec­tion dans une salle de 1400 per­son­nes, dont une grande majo­rité est ravie. Vivats, rires et applau­dis­se­ments accom­pa­gnent la pro­jec­tion.
Fin de la guerre d’Indépendance, Saïda, la veuve d’un com­bat­tant et ses 6 enfants héri­tent d’une maison donnée par un fonc­tion­naire fran­çais sur le départ. Mais un ancien gen­darme rallié au vain­queur, a jeté son dévolu dessus et entend bien appli­quer sa loi. Kadirou va accom­pa­gner sa mère à Alger. Elle a décidé de deman­der jus­tice à Ben Bella. Tous les ingré­dients pour plaire. Un bel enfant aux yeux verts, une mère indomp­ta­ble, une tendre fra­trie, un méchant très bête, des jus­ti­ciers beaux et sen­si­bles, et même une romance en happy-end. Jolis pas­sa­ges de décou­verte de la maison, du voyage en train. Dialogues enle­vés qui évoquent des vel­léi­tés de comé­die sur un thème grave, néan­moins. Grandes dis­cus­sions entre détrac­teurs : « c’est popu­liste ! », popu­laire, pour le moins, et les autres : « mais c’est un très bon film ! » Bien parti pour le prix du public !
Tiens, le bar du jardin de la Médiathèque ne sert plus que du vin…

M.S.

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