Abdelhadi Tourache, La mosquée
Samedi 30. Quelque chose dans l’air annonce la fin. Le temps s’est radouci, les myriades d’oiseaux pépient à s’en donner le tournis : un bruit de gravier qui dégringole. Il reste peu de temps pour visionner les films dont on a manqué les projections. Direction la salle de presse où les 8 écrans sont déjà en main, sans compter ceux qui les attendent. Pour une nouveauté, c’est un succès. Il faudra prévoir plus grand, la prochaine fois, et élargir les horaires car les 2 pauvres étudiants qui devaient plier boutique à 18h font des heures sup. En squattant, j’arrive quand même à voir Teta Mille Fois le documentaire de Mahmoud Kaabour, Liban. Encore un réalisateur qui filme sa grand-mère et ses souvenirs à Beyrouth. Poétique, touchant.
Teta Mille Fois
C’est fou ce qu’on est famille dans ce festival…Les copains de table à l’Africa sont remontés comme des pendules après leur visite guidée de Carthage. A celui qui n’écoutera pas les autres, on finit par les potins cannois, c’est dire ! Croisé Raed Andoni de Fix Me, qui se met au français : « Très content ! »
J’aurais besoin d’un bon film pour me réveiller, justement au Colisée, Terres et Cendres, le film de Atiq Rahimi, réalisateur, écrivain Franco-Afghan, prix Goncourt pour Syngue Sabour en 2008, et par ailleurs membre du jury longs métrages. Désert jaune, quête ardue du grand-père et son petit fils dans un paysage de guerre. Mille excuses, la fatigue l’emporte, je pique un petit somme.
Salle des prix parallèles
18h : Remise des prix parallèles dans un petit salon très vite saturé, un avant gout du palmarès. En présence de tous les médias qui se bousculent..
Prix de l’Union des Réalisateurs des Courts Métrages Musulmans : un monsieur en minerve prend le micro, (et le gardera longtemps…) c’est le président du jury, il est iranien. Traduction arabe… « Que dit-il ? », mon voisin, impliqué dans le festival de Tétouan, hausse les épaules : « Pff ! Pour les courts métrages, il faut faire court ! ». Premier prix à Partage du libyen Salah Gweder, deuxième prix Obsession du tunisien Amin Chiboub.
Prix FIPRESCI : c’est la première fois que le célèbre prix de la Fédération International de la Presse Cinématographique, qui participe à tous les grands festivals, est décerné aux JCC. Suspense. Le président précise que le jury a eu autant de plaisir que de travail. Prix à Shirley Adams du Sud Africain Oliver Hermanus. Cris de joie, applaudissements, Denise Newman, l’actrice du film en rosit d’émotion. Unanimité donc…
Prix de la Chambre Syndicale Nationale des Producteurs de films : encore une première fois. Ce prix récompense le travail d’un producteur. Le président du Jury, le grand Hassen Daldoul, salue son collègue qui a produit deux films sur ses propres deniers (cf la chronique de vendredi). Lauréat des JCC 2010 : Daoud Aoulad-Syad pour La Mosquée, Maroc. « Pour son œuvre courageuse et ses qualités humaines. » C’est encore l’acteur principal, Abdelhadi Tourache, qui va recevoir les honneurs. Que serait ce film sans lui ?
Repas rapide à une table marocaine. Mes trois compagnons désapprouvent le principe même du jury des jeunes. « Il y a des films que les enfants ne devraient pas voir… » Mahmoud Djemni, le responsable du projet, qui passait par là, tente d’expliquer qu’il vaut mieux que les enfants puissent parler avec des adultes de ce qu’ils voient de toutes façons. Je le défends sans convaincre.
Yamina Torres
20H salle de l’Africart. Pour la première de Vénus Noire d’Abdellatif Kechiche. La foule envahit la rue. C’est le week-end, le prix festival est de 1.5 dinars au lieu des 4 habituels. Des gens assis dans l’allée. La belle Yahima Torres, cubaine et prof d’espagnol de son état, vient présenter le film dont elle est l’héroïne. Kechiche l’a rencontrée dans la rue, elle lui a fait confiance. Première scène (et la plus forte, à mon avis) : devant l’assemblée réunie Cuvier dévoile la statue de la Vénus Hottentote, nue et présente les résultats de ses recherches et observations. Froideur du scientifique qui parlerait avec plus d’émotion d’une grenouille. J’en ai le souffle coupé ! Puis le réalisateur va dérouler pour nous les cercles de l’horreur. Pendant 2H40 on assiste à la descente aux enfers de la Vénus que tout le monde exploite. De plus en plus fort, de plus en plus bas. Jusqu’à épuisement …de certains qui fuient à toutes jambes. Pour eux, trop c’est trop. Certes, on comprend où le réalisateur a voulu amener le spectateur, mais fallait-il pour ce faire l’écraser sous le rouleau compresseur de la répétition ? Au risque d’être suspecté d’une certaine complaisance…. Violentes réactions à l’issue de la projection.
Dimanche 31 : les jeux sont faits… Petit Déj avec les amis du Sénégal. Beaucoup partent aujourd’hui. En baroud d’honneur, une série de Courts métrages au Rio, chouette ciné. Vu Linge Sale du tunisien Malik Amara un court très couru…. A l’Africa, des Coréens ont remplacé les Africains, le hall est plein de valises.
A côté du Carlton ça chante dans la salle fermée d’un café, un homme fume dehors, pourquoi ces chants ? « C’est du foot, la Tunisie perd 5 à 0 » dit-il en rigolant… le coiffeur Dessanges, sponsor du Festival offre brushing et maquillage aux invitées. Dans le petit salon, ça chauffe ! Toutes les femmes ont les cheveux longs et les coiffeurs de sacrés pectoraux…. En route pour la Bonbonnière. Déjà ?
M.S.
Clap Noir
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