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Moustapha Alassane
Publié le : samedi 1er septembre 2007
Une légende vivante du cinéma nigérien






Curieux bon­homme. Agé de 65 ans, Moustapha Alassane est sans aucun doute une véri­ta­ble légende vivante du cinéma afri­cain et nigé­rien. Et pour­tant, rien ne sem­blait le pré­des­ti­ner au Cinéma. C’est au hasard des ren­contres que la pas­sion a surgi du néant avec la ren­contre du célè­bre Jean Rouch.

Moustapha est né en 1942 à N’Dounga au Niger. Son pre­mier métier était celui de méca­ni­cien. Avec Jean Rouch, il se forme à la tech­ni­que ciné­ma­to­gra­phi­que. Il part ensuite au Canada où il ren­contre le célè­bre Norman MacLaren qui lui ensei­gne le cinéma d’ani­ma­tion. Son pre­mier film, “ Aouré ’’ (Mariage), court métrage sur la tra­di­tion nup­tiale d’un vil­lage du Niger, est récom­pensé en 1962. En 1965, Moustapha Alassane réa­lise le pre­mier dessin animé afri­cain, inti­tulé “ La Mort de Gandji’’ . En 1966, il lance sur le grand écran le moyen métrage paro­di­que “ Le Retour d’un aven­tu­rier’’ , pre­mier wes­tern afri­cain. Son pre­mier long métrage voit le jour en 1972 ; c’est une satire de mœurs, “ FVVA ou encore Femme, Voiture, Villa, Argent’’ , est un film qui dénonce l’arri­visme et la soif de pou­voir des nou­veaux riches en Afrique.

Moustapha Alassane a à son actif une tren­taine de films d’ani­ma­tion, de fic­tion, ou de docu­men­tai­res, qui res­ti­tuent avec force détails, les situa­tions socia­les et les moeurs du Niger. Pendant 15 ans, direc­teur de la sec­tion cinéma de l’uni­ver­sité de Niamey, il a, de par créa­ti­vité et la qua­lité de ses œuvres, contri­bué dans les années 1960-1970 à faire du Niger un grand pays de cinéma.

Dans sa pro­gram­ma­tion des ciné­mas du mardi, deux soi­rées ont été consa­crées par le Centre Culturel Franco Nigérien Jean Rouch (CCFN/JR) à Moustapha Alassane. La pre­mière soirée était un hom­mage au cinéaste. Son “Toula ou le génie de l’eau’’ a été pro­jeté en pré­sence de Damouré Zika, un des acteurs du film.

Le film raconte l’his­toire d’un royaume au sahel. Le pro­blème récu­rant de l’accès à l’eau, l’amour qui unit plu­sieurs per­son­nes. Le film relate tout sim­ple­ment l’his­toire de Toula, la nièce du roi et Ado le berger peul. Toula a été dési­gnée par un devin qui exige le sacri­fice d’une jeune femme pour mettre fin à la colère des dieux qui font régner la séche­resse sur le pays. Un jeune homme, Ado, amou­reux de Toula décide d’aller à la recher­che d’un point d’eau afin que le royaume puisse vivre. Mais lorsqu’il revient avec le pré­cieux élément, Toula est morte. Sa mort a fait rever­dir le Sahel car la colère du génie a été apai­sée. Après l’une des séche­res­ses les plus catas­tro­phi­ques de l’Afrique sub-saha­rienne au siècle der­nier, Moustapha Alassane réa­lise ce film pour condam­ner cer­tai­nes métho­des et croyan­ces obs­cu­ran­tis­tes tra­di­tion­nel­les aux consé­quen­ces désas­treu­ses. Dans cette co-pro­duc­tion avec l’Allemagne, le réa­li­sa­teur laisse éclater tout son talent. Les images sont par­ti­cu­liè­re­ment soi­gnées et font de cette adap­ta­tion du conte de Boubou Hama l’un des joyaux du cinéma afri­cain.

A l’occa­sion de cette pro­jec­tion, la Directrice du CCFN/JR, Mme Delphine Boudon a solen­nel­le­ment annoncé la r emise de la légion d’hon­neur fran­çaise au cinéaste nigé­rien Moustapha Alassane et ce, lors du Festival de Cannes. En effet, Moustapha figure parmi les invi­tés d’hon­neur du pavillon “ Les Cinémas du Sud’’.

Mamane Sani Abandé Moctar

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