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30èmes rencontres cinéma de Gindou
Publié le : lundi 10 novembre 2014
Afrique, portraits de familles - 1

« Jamais ne sera manquée une occasion de montrer à Gindou tout ce qui compte dans les cinémas d’Afrique. » déclarait en 1990, Guy Fillion, président des Rencontres Cinématographiques. Un engagement qui n’a jamais failli.

En 2014, alors que la trentième édition des Rencontres était placée sous le parrainage des Frères Dardenne, (en fait seul Luc Dardenne était présent), la place donnée à la filmographie « africaine » fut large et généreuse.

Deux fictions, Timbuktu d’Abderrhamane Sissako (France/Mauritanie), et L’Oranais de Lyes Salem ( France/Algérie) ; deux documentaires, Ken Bugul de Silvia Vosser (Suisse/France) et Rwanda, La vie après de Benoit Dervaux et André Versaille (Belgique) ; quatre courts métrages , Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne , (France), Les Jours d’avant de Karim Moussaoui ( France/Algérie), Twaaga de Cédric Ido (France/Burkina Faso) et Le retour de Yohann Kouam (France).

Les hommes, la guerre et les fictions

Deux pays, deux guerres, deux points de vue : Timbuktu et l’Oranais

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Timbuctu

L’un, Abderrhamane Sissako, fidèle à son Mali, montre en scènes fluides et distanciées, presque muettes, une Timbuktu déchirée, à jamais flétrie. Rompu l’équilibre entre hommes et nature, ruinée la confiance entre ethnies, volée la douceur de la vie, l’amour, la musique...L’horreur venue d’ailleurs, ou peut être simplement réveillée, a tout gangrené, des analphabètes font la loi, découvrent leur pouvoir, interdisent, tuent. Alors, juste avant de mourir à son tour, autant faire semblant de vivre encore un peu et jouer au football même sans ballon. Se jouant, comme à son habitude de la beauté des lumières et des couleurs, avec le vent pour allié, Abderrhamane Sissako rend hommage à la résistance des siens et livre un constat désespéré de la situation, sans cris et gémissements.

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L’Oranais

L’autre, Lyes Salem, s’engouffre dans une saga et embrasse 30 de l’histoire algérienne, de 1957 à 1986 . Habitées les trente années ! Pour en rajouter dans l’implication, il s’est donné le rôle titre, comme dans Mascarade, son film précédent, où il caracolait déjà avec fougue. C’est son double qui prend le maquis poussé par les autres, qui se découvre un fils à son retour, qui partage les honneurs avec les dirigeants du FLN et s’enivre de l’ascension sociale destinée aux vainqueurs.

Si on retrouve quelques scènes savoureuses où la comédie pointe encore son nez ( l’instauration de la langue arabe et ses conséquences dans un atelier de fabrication, par exemple), le propos de Lyes Salem, est ailleurs. Que sont devenus les révolutionnaires de jadis ? Qu’ont ils fait de leurs idéaux, de leur amitié, de leur enthousiasme ?
En les montrant se pavanant sur le yacht d’un homme d’affaire étranger, s’arrangeant avec leurs principes, sacrifiant les alliés de jadis, oubliant le peuple, Lyes Salem brosse un portrait à charge des quelques hauts dirigeants du FLN à la veille des élections de 1990. En même temps qu’à travers une histoire de famille métissée, il en appelle à l’apaisement de part et d’autre de la Méditerranée.

À l’arrivée, un film fleuve, plein à ras bord de sens et d’intentions, trop peut être ? Mais qui a déjà reçu des prix en France et défraie la chronique en Algérie.

Michèle Solle
Gindou 2014

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