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Get On Da Kar !
Sophie Perrin
Publié le : mardi 7 octobre 2008

Un film de Sophie Perrin, France




SYNOPSIS

Exemple type de l’émigré, du « sénégalais du dehors », Maodo, rappeur venu en France exercer son art depuis 1999, commence à se consacrer maintenant à ses projets de retour.
A l’unisson avec l’ensemble de la communauté Hip Hop sénégalaise, au pays aussi bien que dans la « diasporap », il en appelle aujourd’hui à une participation accrue de ses compatriotes au chantier national. Qu’ils aient opté pour l’émigration ou qu’ils soient restés sur la terre de leurs ancêtres, les tenants du Rap « made in Gal-Sene » insufflent à la jeunesse une énergie créative et un dynamisme qui ouvrent des perspectives d’avenir plus prometteuses.
A travers cette communauté, ce sont les préoccupations de toute une jeunesse en quête de changement qui s’expriment, entre attachement pour la tradition et fascination pour l’occident.
Immersion dans cette culture citoyenne et engagée…

CRITIQUE

C’est un travail de longue haleine que nous livre Sophie Perrin pour son premier documentaire : Get on Da Kar. En juin 2000, elle rencontre, lors de la fête de la musique, à Paris XXème, le groupe de Hip Hop sénégalais BBC Sound et se lie d’amitié avec l’un des musiciens Maodo. De nombreuses années passées, à l’écouter, le suivre, en France et dans son pays ont changé sa conception des rapports Nord/Sud. Elle a voulu témoigner de son engagement d’homme libre et déterminé à construire et se construire malgré les difficultés rencontrées dans son pays d’immigration la France et le Sénégal où il revient régulièrement pour préparer son retour définitif.
Rester, partir, revenir. L’antienne habituelle des candidats au « départ volontaire » et des autres, jeunes hommes qui essaient d’imaginer leur futur dans un contexte géographique qui ne leur fait pas de cadeau. Maodo, Mao pour ses proches a connu le parcours du sans papier, arrivé en France, il a fait son trou grâce au hip-hop, a fondé un foyer, a obtenu un statut légal mais son avenir est ailleurs, chez lui, au Sénégal.
Où il prévoit de créer un studio pour aider les artistes locaux. La réalisatrice le suit au cours d’un de ses voyages de prises de contact.
Dakar. Ses impressions dès l’aéroport, les couleurs, les passants, la circulation compliquée, la poussière dorée : « Ah, voici la ville ! ». Son arrivée chez lui, sitôt la porte de fer passée, l’accueil des femmes de la famille, ses sœurs et leurs enfants. Les parents sont morts, mais où sont les hommes ? Mao est soutien de famille, comment l’oublierait-il ? Elles pleurent de joie, se pendent à son cou, et attendent le moment des cadeaux. Petits cadeaux, Mao n’a pas d’argent à gaspiller. Elles masquent leur déception, en brandissant qui, un collier, qui un sac à main doré. Puis les demandes se font plus pressantes : « On en a marre de nos pauvres chaussures… » « Tu es radin ! ».« Ici, tout le monde est sur ton dos, il faut changer le mode de fonctionnement » dit-il en off.
L’émigré se doit se revenir riche et de partager. C’est dans le contrat tacite passé avec le pays qu’on a quitté. Mao doit maintenant faire face à ses fans, ceux qui ont supporté son groupe, le BBC. « Nous, on vous a suivis partout, on attendait un peu de considération, pas d’argent, non, mais de la reconnaissance… tu as changé… » Et d’expliquer calmement qu’il ne peut donner à tout le monde. Revenir avec un projet solide. Mao y travaille.
Il y a, au Sénégal, 3000 groupes de rap galsene, la réalisatrice nous plonge, à la suite de Mao, dans cette culture citoyenne et engagée. Rencontres avec des rappeurs, des organisateurs de concerts, des animateurs d’associations. « Rien à attendre de l’Etat, le hip-hop, c’est un entreprenariat, la jeunesse c’est le maillon faible, elle doit se prendre en mains… » Le rap, la meilleure façon de se sortir de la rue, de s’exprimer, de critiquer le pouvoir. Maxi Krezy, un rappeur, est revenu de Paris où il n’en pouvait plus de vivre en clando. C’est ici qu’il veut vivre et s’exprimer, faire avancer les choses. Mao, trace sa route, écoute, réfléchit. Pas de droit à l’erreur, il reviendra bientôt pour ne plus repartir.
Sophie Perrin, dans l’empathie avec son personnage, forte de ses études d’ethnologie et en communication audiovisuelle rend au plus près les visages, les attentes, cette effervescence portée par les mots, les rythmes, les couleurs. Superbe image, précise, travaillée avec soin. Longs plans sans paroles comme celui sur les barques de la plage, appel vers un Nord trompeur.
Un plaidoyer pour la dignité de ceux qui n’ont que leur art pour croire en l’avenir.

Michèle SOLLE

LA REALISATRICE

Titulaire d’une Maîtrise en Ethnologie et d’une Maîtrise en Sciences de l’Information et de la Communication. Après un stage en communication, elle travaille dans un bureau d’études et stratégies sur les analyses sociales et comportementales. Elle fait ses premiers pas dans la réalisation en 2004 dans la captation de concert et en signant « Ndar Festival » à St Louis du Sénégal. Depuis son 1 er film documentaire « Get On Da Kar ! », Sophie Perrin se passionne dans l’écriture cinématographique.

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Sophie Perrin
Image : Christophe Michelet, Laurent Hasse
Son : Alioune Mbow, Jocelyn Robert, Damien Pousse
Montage : Laurence Bazin
Mixage : Jean-Marc Schick
Etalonnage : Romain Pierrat
Format : documentaire 52’ DVCam, BétaSP
Co-Production : Racont’arts, France Ô, Mediatik
Production : La Huit production chez lahuit.fr
Contact : Sophie Perrin sofiper1 chez gmail.com

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