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Humaniser les prisons, humaniser le continent
Publié le : jeudi 28 février 2013
Toiles d’araignées

Comme une araignée qui couvre villes et villages d’Afrique, le refus des traditions avilissantes et la négation de la liberté commence étendre sa toile. Telle peut être l’image que nous donne le film d’Ibrahima Touré du Mali dans son film Toiles d’araignées. C’est la vie d’une prison vue de l’intérieure. Bâtiment en terre, croulant sous le poids des années. Hommes et femmes se retrouvent dans une enceinte unique, à partager misère, famine et violence. Communion de destin. Destin de personnes qui ont violé la loi et d’autres violées par l’institution ou par le mari.

Belle construction en parallèle de deux destins. L’un est enseignant et l’autre une jeune fille. Le premier refuse la dictature des gouvernants et l’autre, la jeune fille, la dictature de la tradition. L’enseignant est envoyé en prison pour incitation à la désobéissance. Mariama quant à elle, après avoir été violé par son époux, un vieux monsieur de l’âge de son père, refuse de vivre dans le mariage. C’est le début d’une folle aventure qui va la conduire en prison et à la mort.

Une histoire ordinaire peut on penser en regardant le début du film. Mais, Ibrahima Touré va mettre à nu les vicissitudes d’un système où la femme n’a pas droit à la parole et où la corruption est telle que toute personne qui s’aventure dans les toiles de l’araignée finit par être dévorées par cette veuve noire.
Mariama, ayant refusé le mariage, sera confié par son mari aux forces de l’ordre pour être dressé. De la cellule de la police, elle va se retrouver devant le juge pour avoir, soi-disant, défié les autorités. Direction la prison. C’est la découverte d’un milieu dur, peu connu par les cinéphiles. Ce milieu est d’autant plus dur qu’hommes et femmes sont ensemble, à la merci des prédateurs que sont les autres détenus et les gardiens.
Mariama, face à l’adversité, sera défendu par les codétenus. L’un d’entre eux, le Professeur Guissou finira par donner sa vie pour qu’elle puisse fuir. Malheureusement, l’évadée sera rattrapée par un représentant de l’ordre et tuée.

Subtilement, le réalisateur met le spectateur devant la dure réalité de la vie en milieu carcéral dans son pays. L’enfermement est renforcé par ce cloisonnement et la musique qui participe aux drames. Malgré quelques faiblesses techniques et dans le jeu de certains acteurs, ce film mérite d’être vu afin d’attirer l’attention des uns et des autres sur les magouilles du système judiciaire afin que demain, une Afrique où les droits humains seront respectés puisse émerger.

Achille Kouawo

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