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L’image des femmes maliennes à travers le regard d’un cinéaste : Cheick Oumar Sissoko
Publié le : mercredi 10 janvier 2007

De Nyamanton à Finzan, en passant par Guimba, La Genèse et Battù, la filmographie de Cheick Oumar Sissoko offre une diversité de visages de femmes. C’est Saran, mère de trois enfants, analphabète et bonne à tout faire, c’est Nanyuma, paysanne voulant échapper au mariage forcé, c’est Fili, jeune fille non excisée qui doit se confronter à la coutume villageoise, c’est Salla Niang qui porte la bonne parole grâce à son expérience de la vie.

Cheick Oumar Sissoko a dédié son film Finzan à la femme africaine. À travers lui, il rend hommage à la femme qui lutte. Il prend aussi partie pour la défense des droits de la femme. Dans ce texte, nous souhaitons mettre en lumière ces personnages fictifs de femmes maliennes en les replaçant dans le contexte du Mali d’aujourd’hui.


Cheick Oumar Cissoko

Un virulent hommage à la femme qui lutte

« Nous enfantons le monde. Il nous violente. Nous créons la vie. Elle nous est refusée. Nous produisons les vivres mangés à notre insu. Nous créons la richesse. Elle est utilisée contre nous. » Ces phrases sont celles de Nanyuma, personnage principal du film Finzan de Cheick Oumar Sissoko. Dans ces cris lancés, il met le doigt sur l’inégalité de participation des femmes à la définition des structures politiques et économiques et au processus de production. En effet, il s’agit spécifiquement de l’impossibilité d’accès des femmes à la propriété foncière et de l’incertitude des droits de jouissance des terres alors que les femmes participent de plus en plus à la sécurité alimentaire, notamment depuis les grandes sécheresses de 1973 et de 1984. Justement, dans le film Finzan, les femmes prennent position contre les autorités qui veulent acheter le mil à bas prix. L’une d’entre elles lance : « Dugutigi, les femmes veulent parler ! Nous savons que vous ne nous aimez pas ! Beaucoup de ces femmes ont trimé comme bonnes dans les villes pour vous autres qui croyez avoir le monde. Ton ami crâne avec un boubou qui coûte près de 200 000 francs gagnés sur la misère des pauvres. Nous n’avons pas ça en cinq ans. Aussi on ne se tuera plus pour des gens comme vous. »

En fait, les femmes au Mali ont augmenté les activités agricoles personnelles pour combler le déficit alimentaire de la famille. On assiste ainsi à une transformation du travail féminin se traduisant par une accentuation de la présence des femmes dans la production alimentaire et le renforcement de leur rôle de pourvoyeuses de la famille. Cependant, de façon générale, au Mali, la coutume reconnaît aux chefs de famille le droit de gérer la terre et tous les autres utilisateurs dont les femmes doivent se contenter d’un droit d’accès. Par ailleurs, la production agricole se faisant collectivement à l’intérieur de la famille, la possibilité pour les femmes d’accéder à des terres dépend de la situation de la famille dans le village mais aussi dans la région. Au sein de la famille, l’exploitation collective des terres permet difficilement aux individus, hommes et femmes, de cultiver personnellement la terre. Toutefois, dans ce contexte peu propice à l’exploitation individuelle de la terre, les femmes sont défavorisées quant à leur position pour négocier l’obtention de parcelles. Les relations hommes / femmes s’avèrent donc un facteur essentiel dans l’analyse de l’accès des femmes aux terres agricoles et aux autres ressources naturelles.


Scène de Finzan

À cela, il faut retenir que les femmes maliennes souffrent de leur faible degré d’éducation et d’alphabétisation. Dans Nyamanton, le personnage de Saran, la mère du petit Khalifa, est analphabète et bonne à tout faire à Bamako. Le petit garçon demande à son père : « Papa, pourquoi mère n’a pas aussi un jour de repos ? » et le père de répondre : « Les bonnes n’ont aucun statut. Elles sont à la merci des gens. » En fait, les causes de la sous-scolarisation des filles au Mali sont nombreuses. Il s’agit à la fois de causes socioculturelles, économiques et institutionnelles. L’éducation traditionnelle constitue dans une certaine mesure un frein à la scolarisation des filles. Les parents sont hostiles à l’école parce qu’ils pensent qu’elle est le vecteur d’une culture étrangère, alors que la fille est appelée à garder la tradition culturelle et à transmettre aux générations futures cette identité culturelle. Par ailleurs, la mère a la charge de l’éducation de la fille qui grandit à son ombre ; avec l’école, celle-ci échappe à son contrôle pendant une longue période de la journée de l’année. De plus, le coût de l’école, les frais d’hébergement aux logeurs, de nourriture, de manuels scolaires, les coopératives uniformes sont des motifs de découragement, voire d’abandon. Parallèlement, l’école consacre trop de temps aux connaissances intellectuelles au détriment des connaissances pratiques. Dans Nyamanton, la petite fille de la famille vend des oranges. Elle pleure sur son sort et rêve d’aller à l’école pour sortir de sa condition.

Dans ses films, Cheick Oumar Sissoko rend hommage à toutes ces femmes qui luttent, qu’elles soient paysannes ou bonnes à tout faire. Il met le doigt sur les nombreuses discriminations qui touchent les femmes. Dans Finzan, une petite fille demande : « Les femmes sont des humaines ou des esclaves ? »

Pourtant, les femmes du Mali ont une importance primordiale dans la vie économique, politique et sociale du pays. Les femmes constituent la majorité numérique de la population malienne, soit plus de 51 %. En fait, la très longue expérience du mouvement féminin malien est la manifestation éloquente que les femmes maliennes ont toujours constitué une force politique et économique importante qui a marqué l’histoire du Mali de son empreinte indélébile.

Dans la lutte anticoloniale, les femmes maliennes ont largement contribué à la sensibilisation et à la mobilisation des masses autour de leurs leaders respectifs. En outre, pour défendre leurs droits et lutter contre les discriminations à leur égard, les femmes salariées se sont organisées en syndicats et en organisations professionnelles. Enfin, sur le plan continental, les maliennes jouèrent un rôle actif dans les premiers mouvements panafricains des femmes. Le premier Congrès des Femmes de l’Ouest Africain eut lieu en juillet 1959 à Bamako. Si cet engagement des femmes ne s’est pas traduit à l’accession du Mali à l’indépendance par une forte présence des femmes dans les instances de décision à tous les niveaux, il a permis l’adoption de textes qualifiés de révolutionnaires à l’époque en leur faveur. La Constitution de 1960 interdit toutes discriminations basées sur le sexe et accorde à tous les citoyens les droits civiques. En 1962, le Code du mariage et de la tutelle exige le consentement de la femme au mariage, lui accorde le droit de demander le divorce, le droit à la garde des enfants et une pension alimentaire. Seulement, après l’euphorie des indépendances, le surendettement du continent africain, la sécheresse qui a frappé les pays du Sahel pendant plus d’une décennie, la crise économique mondiale ont fait que le Mali a évolué dans un contexte particulièrement défavorable aux femmes. Les services de la dette, la chute des recettes liées aux activités agricoles, ont privé des millions d’enfants, surtout des fillettes, d’éducation, de soins de santé et condamné des populations à la pauvreté.

Dès 1982, le Mali a dû passer des accords avec le FMI et la Banque Mondiale pour stabiliser sa balance des paiements et restructurer son économie en vue de sa relance. Les mesures préconisées dans ce cadre, diminution et plafonnement de la masse salariale, privatisation des entreprises publiques, le gel de recrutement des jeunes diplômés, la baisse des dépenses à caractère social ont été durement ressenties par la population en général et les femmes en particulier. Ce sont en effet les femmes qui, dans les ménages, doivent réinventer quotidiennement les solutions de survie avec le licenciement des chefs de famille. Les mesures d’ajustement structurel ont été complétées le 12 janvier 1994 par la dévaluation de 50 % du franc CFA. Les femmes vivent quotidiennement cette nouvelle mesure avec l’augmentation du prix des produits de première nécessité et des médicaments.

Le vent de démocratie qui a soufflé sur le monde au début des années 90 a eu des répercussions sur la situation socio-politique du Mali. En effet, en mars 1991, les maliennes ont exprimé leur refus de la dictature militaire en s’impliquant dans des manifestations qui ont coûté la vie à des dizaines d’entre elles. L’avènement de la démocratie au Mali a permis aux femmes de prouver leur détermination de prendre en charge leur propre destinée par la création d’associations de toutes sortes. Pour soutenir cette volonté, le gouvernement malien a adopté une nouvelle politique de promotion des femmes qui implique les associations et ONG féminines à la mise en œuvre de l’action gouvernementale et a procédé à des nominations de femmes à des postes traditionnellement réservés à des hommes.

Ainsi, si l’instauration du multipartisme a favorisé l’émergence de nombreuses associations féminines apolitiques qui mettent toutes l’accent sur l’amélioration des conditions de vie des femmes urbaines et rurales, de nombreux progrès restent à faire. Dans le film Finzan, Nanyuma pousse un cri du cœur : « Nous femmes sommes comme des oiseaux sans arbre pour nous poser. L’espoir s’est éteint. Une seule chose nous reste : nous lever et attacher nos pagnes. Le progrès de nos sociétés est lié à notre libération. ». Justement, dans le film Battù, Cheick Oumar Sissoko offre un beau personnage de femme qui lutte. Il s’attarde en effet sur le personnage de Salla Niang. Ancienne bonne à tout faire, seule avec ses deux enfants, Salla Niang porte la bonne parole grâce à son expérience de la vie. Femme de caractère, fière et généreuse, c’est autour d’elle que se fédèrent les mendiants. Organisant le groupe, elle gère notamment les tontines. Fière mais humaine, elle est respectée de tous les hommes qui gravitent autour d’elle.

Sissoko se moque cependant des bourgeoises qui se laissent entretenir par leur mari. C’est le cas notamment dans le film Nyamanton. Le petit Khalifa raille les femmes fausses, qui refusent de vieillir. Il lance : « Il n’y a que loufoquerie chez les riches. » Dans le film Battù, Sine, la seconde épouse de Mour Ndiaye, haut fonctionnaire, est le personnage de femme le plus ambigü de toute la filmographie de Cheick Oumar Sissoko. Jeune, elle cherche à provoquer son mari. « Ta tête est rasée, ce rouge à lèvres, tout cela m’irrite ! », lui dit Mour. Indépendante, soutenant les jeunes étudiants venus manifester, elle se fait pourtant entretenir par son mari.


Scène du film Battù

Dans ce film, Cheick Oumar montre bien la différence qui existe entre les femmes soumises par le poids de leur éducation et celles qui se battent pour s’extraire des carcans sociaux. Alors que Lolli Ndiaye, la première femme de Mour, est entièrement dévouée à son mari, sa fille Raabi est une étudiante engagée. Elle aime les discussions interminables avec les copains sur les grands problèmes qui agitent le monde : la guerre, l’exploitation des petits pays par les puissances, l’injustice qui règne en maître, la déshumanisation des sociétés. Dans le film Battù, on la voit militer avec ses amis devant le ministère contre les mesures prises par son père contre les mendiants. Elle soutient également sa mère dans ses problèmes de couple. Étudiante en sciences juridiques, c’est une jeune femme éprise de justice et de paix. Ainsi Sissoko montre que le changement viendra surtout grâce à l’évolution des mentalités. En cela, l’éducation reste un enjeu de taille pour la société malienne à venir.

La défense des droits de la femme

Au Mali, la souffrance des femmes est glorifiée dans les chansons populaires. Un refrain connu de tous raconte que les hommes qui réussissent sont les enfants de femmes qui se sont soumises et ont souffert. Dans tous ses films, Cheick Oumar Sissoko insiste sur la violence conjugale et les mariages forcés. Au Mali, une femme sur deux est mariée à l’âge de 16 ans et 45 % des femmes vivent sous un régime polygame. Dans son film Guimba, un tyran, une époque, Cheick Oumar montre que la libération des femmes viendra avec l’ère de la démocratie. En effet, lorsque l’histoire commence, on apprend qu’une jeune femme, Kani, fut fiancée dès sa naissance au fils nain de Guimba. Grâce à la révolte du peuple contre sa propre oppression, Kani sera mariée librement, les chasseurs ayant défié le pouvoir. Quant à l’esclave Sadio, elle sera affranchie. De fait, avec le changement politique opéré depuis 1991, bien des choses ont changé au Mali, notamment en ce qui concerne le problème de l’excision.

Dans son film Finzan réalisé en 1989, Cheick Oumar Sissoko dénonçait déjà ce problème. Fili est une jeune fille non excisée qui va devoir subir le poids de la tradition. Elle essaie pourtant de se défendre. « Les citadines sont mobilisées contre l’excision. C’est une mauvaise chose. » Elle se voit répondre par une vieille femme : « Parole de connasses aux poignets cerclés d’or. Elles n’ont que ça à faire. » En fait, 93 % des femmes au Mali sont excisées. Or, en 1997, le ministère de la promotion de la femme a créé le comité national contre la violence perpétrée à l’égard des femmes en collaboration avec toutes les ONG présentes sur le terrain. Durant plus d’un an, les ONG ont pu enquêter et constituer un rapport de recommandations qu’elles ont remis au ministère en octobre 1998 et qui concernait les mutilations génitales en particulier. Le gouvernement a ainsi élaboré deux plans d’action pour éliminer ce fléau, étalés jusqu’en 2008. La première phase programmée pour la période allant de 1999 à 2004 concentre son opération sur l’éducation et la propagation de l’information concernant les méfaits de cette pratique au niveau de la santé des femmes mais aussi ceux causés sur la cellule familiale. La deuxième phase se déroulera de 2004 à 2008 et sera consacrée à l’adoption de nouvelles lois en faveur des femmes et de l’élimination de la pratique de l’excision. La démarche est simple : informer, rééduquer les individus, hommes, femmes et enfants afin que les lois, instaurées par la suite, puissent être respectées et utilisées le plus possible. Outre ce programme national, des groupes de femmes, à l’origine d’initiatives locales, revendiquent de plus en plus leurs droits en matière de responsabilités familiales et sociales, notamment en matière d’accès au logement ou à la propriété foncière.

Car, il faut bien le dire, l’émancipation des maliennes, la reconnaissance de leur rôle au sein de la famille et de la société appartiennent à un début de réalité qu’il est indispensable de développer. La femme malienne assume traditionnellement la gestion quotidienne des affaires domestiques et ses compétences sont multiples dans ce domaine : ménagère, paysanne au champ, vendeuse au marché, artisane dans des ateliers de poterie. Des initiatives locales, menées par des associations diverses, tentent de répandre l’idée que la santé de la femme et sa place dans la société sont indispensables à la croissance générale du pays. Cependant, certaines pratiques coutumières et traditionnelles mettent un frein à d’autres envolées prometteuses. Ainsi, l’une d’entre elles fait que des enfants, issus d’un couple, soient la propriété du mari. Les décisions les concernant sont souvent prises, sans être trop discutées, par les frères et sœurs ou les parents du mari. La mère a rarement le droit d’intervenir ! Quant à l’avenir des filles, il est élaboré en dehors de toute scolarité, ce qui limite dramatiquement leur insertion future au sein même de la vie sociale du pays. Les filles naissent pour devenir, dans la plupart des cas, l’une des épouses d’un mari souvent non désiré. La polygamie reste donc également une coutume encore répandue au Mali et fait partie d’une des discriminations toujours perpétrées à l’égard des femmes. En outre, la violence dont elles sont victimes, aussi bien sur le plan général que sur le plan familial, n’est pas reconnue ni condamnée par aucune loi en vigueur. Seul un plan d’action national existe relatif aux droits des femmes maliennes avec des services d’aide qui sont disponibles, surtout dans les grandes villes.

Ainsi, dans ses deux films, Finzan et Guimba, Cheick Oumar Sissoko dénonce les mariages forcés et la violence conjugale qui existent au Mali. Alors que Kani doit être mariée de force au fils du tyran Guimba, Nanyuma dans Finzan se soulève contre la pratique du lévirat. Dans ce film, comme dans son film La Genèse, Sissoko dénonce le poids de la famille et de la tradition bambara. En effet, dans son film La Genèse qui est une adaptation dans le Mali d’aujourd’hui des textes sacrés, le conflit naît de l’union de Dina, la fille de Jacob, l’éleveur, avec Sichem, le fils d’Hamor, l’agriculteur. Lors d’une longue palabre sous le toguna entre les émissaires de Jacob et ceux d’Hamor, l’un des fils de Jacob lance : « Aucune bergère n’épousera un paysan. Aucun berger n’épousera de paysanne. Ce sera un pacte inviolable entre nous. Ainsi les frontières seront tracées. Nous saurons qui est qui. Celui qui enfreindra la règle sera jugé fautif de la guerre. Voilà le pacte de paix que je te propose, moi l’aîné des fils de Jacob. » Dans cette scène, Sissoko dénonce la pratique des mariages forcés et l’interdiction dans beaucoup de familles maliennes, pour les filles comme pour les garçons, de choisir librement son conjoint. Dans une interview qu’il nous a accordée en janvier 98 à Hombori sur le lieu de tournage de son film La Genèse, il s’explique notamment sur la pratique du lévirat.


La genèse

« Le lévirat est une forme de mariage que l’on retrouve dans La Genèse, dans le clan de Jacob. Je vous renvoie à cette scène sous le toguna, là où la palabre s’est installée. On assiste au grand déballage de tous les clans et l’on comprend que le premier fils de Juda a épousé une dame, Tamar. Au décès de ce fils, c’est son cadet qui l’a épousé. Cette pratique remonte ainsi à l’époque de nos patriarches. En fait, le lévirat, c’est l’obligation pour une femme d’épouser le cadet de son mari défunt. C’est une pratique qui continue aujourd’hui et dans la majorité des ethnies du Mali. Tout ceci pour essayer de garder la cohésion de la famille mais aussi les forces vives de la famille, la femme et ses enfants. Cela pose aussi la question de l’héritage. Le Patriarche est le responsable de toute la famille et c’est lui qui doit décider de cette question. La communauté des biens est encore une réalité dans les zones rurales. »

Dans le film Finzan, Nanyuma, veuve et victime du lévirat, tente pourtant de se révolter contre sa condition. Toute la communauté tente de la raisonner. Une femme lui lance : « Nanyuma, nous enfantons le monde et il nous violente. Patience et résignation sont nos recours. » Par ses films, Sissoko suggère ainsi de façon explicite le manque de dialogue qui existe entre les hommes et les femmes. Il montre les nombreuses violences conjugales dont les femmes sont victimes. En plus d’actes qui se traduisent par des coups et des blessures et de la violence sexuelle faite de harcèlement et d’agression, il existe au Mali une série de comportements abusifs dont les manifestations ne sont pas toujours apparentes. La violence verbale, comme les insultes et les menaces et la violence psychologique en sont les principales manifestations. Le Mali, à l’instar de nombreux pays, vit le problème des femmes battues. Cette situation est généralement invisible, dans la mesure où les victimes dénoncent rarement les auteurs des coups et blessures. Elles ont peur de la réaction de la société (mari, belle famille et même leur propre famille). Il n’existe pas de données chiffrées en la matière, mais ces genres de violences sont dénoncés de plus en plus par les journaux, les associations et ONG féminines.

En guise de conclusion et au regard des films du cinéaste Cheick Oumar Sissoko, nous pouvons avancer que la situation des femmes maliennes ne fait pas état d’une avancée évidente. Malgré des lois votées en leur faveur, ces dernières restent victimes de la tradition. Elles ont tout de même le droit de se réunir, de parler de leur avenir et des changements qui doivent s’opérer en leur faveur dans la société, notamment depuis la chute du gouvernement dictatorial de Moussa Traoré survenue en 1991. Elles ont le droit de se faire entendre dans l’enceinte d’associations créées à cet effet, d’élaborer des projets et des revendications qui remontent parfois jusqu’aux oreilles et aux yeux du gouvernement et du chef de l’Etat. Toutefois, Sissoko montre bien à travers ces films que de nombreux progrès restent à faire quant à la défense des droits de la femme. C’est une véritable réconciliation entre hommes et femmes qu’il faudrait essayer de promouvoir et au-delà, la communication entre eux. De cette communication viendra la libération future des femmes maliennes.

Sophie Hoffelt

Filmographie de Cheick Oumar Sissoko
Nyamanton, la leçon des ordures, 90 mn, 16 mm, coul, fiction, 1986
Finzan, 107 mn, 16 mm gonflé en 35 mm, coul, fiction, 1989
Guimba, un Tyran, une Epoque, 93 mn, 35 mm, coul, fiction, 1994
La Genèse, 100 mn, 35 mm, coul, fiction, 1998
Battù, lm, 35 mm, coul, fiction, 2000

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