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Le cercle des noyés
Pierre-Yves Vandeweerd
Publié le : mardi 7 octobre 2008

Un film de Pierre-Yves Vandeweerd , Belgique, 2007, 71’

SYNOPSIS

Le Cercle des noyés est le nom donné aux détenus politiques noirs en Mauritanie, enfermés à partir de 1987 dans l’ancien fort colonial de Oualata. Ce film donne à découvrir le délicat travail de mémoire livré par l’un de ces anciens détenus qui se souvient de son histoire et de celle de ses compagnons. En écho, les lieux de leur enfermement se succèdent dans leur nudité, dépouillés des traces de ce passé.

A PROPOS DU FILM
« Mon intention cinématographique était de me libérer dès le départ de toute projection scénaristique. Je souhaitais davantage m’engager dans un processus d’écriture continue ; ne pas chercher à imaginer ce qu’il y aurait lieu de filmer mais avoir à tout moment une idée claire de la manière avec laquelle le réel rencontré serait filmé. L’important étant pour moi d’aborder les lieux traversés dans un état d’éveil permanent, capable de me faire percevoir ce que je n’aurais pas appréhendé en dehors du tournage. »

Pierre-Yves Vandeweerd

LE REALISATEUR

Après des études en Information, Journalisme et Communication, ainsi qu’en Anthropologie et Civilisations africaines, Pierre-Yves Vandeweerd a enseigné, jusqu’en 2003, comme assistant à la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université Libre de Bruxelles. Il devient ensuite, dès 2004, chargé de cours et de projet au Media Centre de Dakar, où il va développer, dans le cadre de la coopération bilatérale entre la Communauté française de Belgique, la Région wallonne et le Sénégal, une résidence annuelle d’écriture et de réalisation documentaire destinée à des jeunes cinéastes sénégalais. Depuis 1998, il est également co-directeur du festival biennal du cinéma documentaire de la Communauté française de Belgique : Filmer à tout prix . Ses films s’inscrivent dans le cinéma du réel et ont été, pour la plupart, tournés en Afrique.

Filmographie
1994 : Nemadis
1998 : Sida, d’ici et de là-bas
2000 : Nemadis, des années sans nouvelles
2002 : Racines Lointaines
2004 : Closed districts
2007 : Le Cercle des noyés

CRITIQUE

Exigeant, Bouleversant

Exigeant et bouleversant, "le cercle des noyés" impose dès les premières images la profondeur de sa réflexion. A l’image, en silence, de longs plans fixes, toujours en noir et blanc. Une chambre africaine dénudée. Une rue. Une route. Des bêtes. Un quotidien lent et stylisé. Un abattoir de chameaux. Et puis apparaissent des visages. Une seule voix, Peule, intimiste et cassée par les années de souffrance, va parler pour eux. Eux, ce sont ceux que l’on appelle "le cercle des noyés". Les militants pour la cause Noire accusés de collaboration à un coup d’Etat par le régime Mauritanien du Président Ould Taya en 1987 et emmenés au fort de Oualata, au fond du désert.

La prison mauritanienne

La caméra tente de nous faire revivre l’exil et la souffrance. Elle traverse les immenses étendues désertiques, balayées par le vent du Sahara. On imagine un long voyage. La séparation d’avec les siens. L’inquiétude. L’attente. Puis, nous voyons ce fort se dresser au milieu de nulle part comme celui du désert des tartares. Avant d’être le camp de la mort d’un gouvernement mauritanien affirmant son racisme, le fort de Oualata fut une base militaire française. Et toujours, battue par le vent du désert, tandis que devant, au premier plan, une caravane passe.

La voix dit les souffrances, les humiliations, la torture, la mort des autres, l’attente. A l’image, nous sommes derrière une muraille, une fenêtre trop étroite. Minimaliste, la bande son enregistre le moindre bruit : de la musique venue des radios des gardes, le passage d’un camion, le vent. " A force d’être coupée du monde, l’ouïe devient fine" . Pas de plainte, un récit. Nu et sans concession.

Lever la loi du silence, plus de dix ans après

Cette voix, c’est la voix de Fara Bâ, un rescapé du fort de Oualata. Le film est né de sa rencontre avec Pierre-Yves Vandeweerd, un réalisateur belge qui travaille depuis plus de dix ans en Afrique, et particulièrement en Mauritanie. De leurs premières conversations est né, il y a dix ans, le désir commun de témoigner de l’histoire tragique de ces anciens prisonniers politiques. Une loi du silence pesait alors en Mauritanie : seul, un courageux travail de mémoire pouvait permettre de rétablir un sentiment de justice. Huit ans d’entretiens avec plusieurs d’entre eux ont fini par donner naissance à cette voix off unique, à la première personne, qui fut enregistrée à Nouakchott, de manière clandestine. Le maintien au pouvoir du Président Ould Taya les mettait tous en danger. En 2005, un coup d’Etat a renversé ce dernier, orientant la Mauritanie sur la voie de la démocratie, rendant le film possible, permettant de lever ce tabou qui pesait sur "le cercle des noyés".

Bien sûr, derrière la spécificité de la situation Mauritanienne, derrière la manière très fine dont le réalisateur belge a su rendre l’atmosphère particulière du désert africain, ce récit fait écho à bien d’autres, encore tus ailleurs, et donne de l’exil politique ainsi que de la torture une interprétation forte, à la fois poétique et universelle.

Caroline Pochon
Clap Noir

EQUIPE TECHNIQUE

Réalisation : Pierre-Yves Vandeweerd
Texte : Bâ Fara, Pierre-Yves Vandeweerd
Narration : Bâ Fara
Images : Pierre-Yves Vandeweerd
Son : Alain Cabaux
Montage : Philippe Boucq
Production : Cobra Films, Zeugma Films
Coproduction : Images Plus , Gsara , CBA, Les Ateliers du Laziri
Distribution : Zeugma Films Marianne Geslin, Michel David +33 1 43 87 00 54
zeugma-films chez noos.fr / mariannegeslin chez yahoo.com

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