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Nèg Maron
Jean-Claude Flamand Barny
Publié le : 2004

Un film de Jean-Claude Flamand Barny, 2004, 1h 35

SYNOPSIS

Dans un quartier populaire des Antilles d ’aujourd’hui, Josua et Silex, amis d’enfance, traînent leur ennui avec leur bande de copains. Pour s’en sortir ils accumulent les petits coups, mais celui que leur confie Marcus va les emmener beaucoup plus loin. Pour chacun des deux, il est désormais temps de faire face à la réalité, d’assumer, d aller au bout de leurs sentiments et de ce qu ils sont. Il est question de leur vie, de leur destin, des chaînes dont chacun doit se libérer un jour...

A PROPOS DU FILM

Le nègre marron fut le premier contestataire de la loi de l’esclavage. C’est celui qui s’est libéré de ses chaînes et a reconquis sa liberté. Refusant l’avilissement des plantations de cannes à sucre, il retrouve sa dignité en se réfugiant dans la forêt, à l’abri d’un système qui lui a été imposé.

Choisir le titre de “NèG MARON”, est un hommage à ces hommes déracinés qui ont combattu seuls, face à toute une société, et qui ont été dénigrés et oubliés. Ce titre est aussi un parallèle avec certains jeunes désœuvrés, sans repères, qui n’ont pas trouvé leur place dans cette société et en refusent les règles.

Raconter l’histoire de jeunes désœuvrés guadeloupéens répond à plusieurs besoins :
 Donner des images de lui-même à un public antillais. Il est temps de faire face au miroir du temps présent.
 Donner au public métropolitain d’autres images que celles de soleil et de mer des tours opérators.
 Développer en tant que Guadeloupéen, un cinéma caraïbéen à mi-chemin entre le cinéma européen de mon enfance et le cinéma américain de mes cinéastes préférés. Nous, Antillais, sommes au carrefour de ces deux grandes cultures, notre identité cinématographique se situe là aussi.

Jean-Claude Flamand Barny

CRITIQUE

Enfin un film Antillais ! Enfin un réalisateur guadeloupéen déchire la carte postale. Jean-Claude Flamand Barny parle de l’âme antillaise, du malaise et du mal être qui caractérise toute une génération. Il rend hommage aux Neg marrons (esclaves en fuite ayant choisi d’être libres en se réfugiant dans les montagnes ou la forêt) en évoquant "l’envie de liberté, l’esprit de résistance, la volonté de choisir sa voie avec une détermination très positive. Ni chaînes aux pieds, ni chaînes dans la tête". C’est ce qui fait la force du film, son arrière plan et son leitmotiv. L’abolition de l’esclavage n’a que 150 ans, à peine trois générations et l’atavisme qui en résulte reste toujours aussi lourd à porter. Josua et Silex font partie de cette jeunesse qui refuse toute forme de dépendance. Libérés des chaînes aux pieds, ils refusent toutes chaînes dans la tête, qu’elles soient familiales ou sociales.

Le père de Josua ancien militant syndicaliste a sombré dans l’alcool et le mutisme. Il inspire du dégoût à son fils qui le rejette jusqu’à cette scène formidable où il reprend la parole devant un auditoire réduit de militants pour sauver son quartier. L’image d’une Guadeloupe qui cherche à lever la tête, à exprimer son désir d’exister comme elle est et non comme on lui impose d’être.
C’est la grande réussite de ce film, montrer à tous ceux qui enfermés dans leurs hôtels tournent le dos au pays, le vrai visage de l’île. Un film sans concession, sans fioritures qui ose parler de désenchantement, d’enfermement mais aussi d’espoir et de liberté. Monter la difficulté des jeunes à trouver leur place dans cette société, d’exprimer leurs émotions. Quand les deux amis cambriolent une maison de Béké et qu’ils découvrent une exposition de photos de négriers et d’esclavagistes, cela va réveiller chez eux cette révolte enfuie et les mener à une cavale fatale pour l’un et rédemptrice pour l’autre.

L’autre bonne surprise du film reste son interprétation Tous les comédiens sont excellents. Admiral T et D. Daly sont époustouflants de sincérité. Jocelyne Béroard d’une très grande justesse dans le rôle de la mère qui se sacrifie pour ses enfants quitte à faire des choix déchirants et José Jerdinier qui interprète le père de Josua avec beaucoup de pudeur et d’émotion cachée.
Un film rare à ne pas manquer.

Isabelle Audin

FICHE TECHNIQUE

Réalisateur : Jean-Claude Flamand Barny
Avec : Admiral T, D. Daly, Stomy Bugsy, Alex Descas, François Levantal, Jocelyne Béroard, José Jerdinier
Scénario : Jean-Claude Flamand Barny, Alain Agat
Photo : Claude Garnier
Production : Richard Magnien, Mathieu Kassovitz
Distribution : Mars Distribution Tél : (33) 01 71 35 11 03
webmaster chez marsdistribution.com

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