Deux programmations, 4 films documentaires. En partenariat avec le Scottish Documentary Institute et l’Edinburgh College of Art, les programmes « Documentaires sociaux africains » et « Documentaires sur l’enfance » ont donné une importante résonance au traitement cinématographique que les réalisateurs mènent sur le continent africain.
Body and Soul
La séance intitulée « Documentaires sociaux africains » réunissait au sein de l’école supérieure d’Art d’Edimbourg, une vingtaine d’étudiants provenant de tout le Royaume-Uni. Universités de Stirling, Manchester, Londres ou Glasgow, nombreux étaient les étudiants à s’être déplacés pour le festival Africa in Motion. Noe Mendelle, professeur française à l’Institut du Documentaire écossais depuis dix ans, justifie cet engouement par le fait que « cela fait quatre ans que nous sommes partenaires du festival. L’information circule dans les universités ».
Paroles de corps
Au programme, deux films documentaires tournés en Zambie et au Mozambique : Hidden Truth de Penelope Machipi [2011, 21min] et Body and Soul de Matthieu Bron [2011, 56min].
L’un, réalisé par des femmes victimes de violences conjugales, a été tourné grâce au support d’une ONG locale, Samfya. L’autre, réalisé par un français installé au Mozambique depuis 1998, raconte le combat quotidien de trois personnes handicapées.
Bien qu’abordant des sujets non comparables, la force de Body and Soul (primé à Zanzibar, Bahia, Monaco) prend le dessus sur le témoignage, distant et respectueux, des femmes de Hidden Truth. En effet, l’empathie pour Victória, Mariana et Vasco, jeunes mozambicains amochés par la vie et le regard des autres ne cesse d’évoluer tant leur détermination est percutante.
En se plaçant à hauteur de ses personnages (qui marchent à quatre pattes, qui sont en fauteuil), Matthieu Bron ne porte aucun jugement sur ce qu’il nous donne à voir et laisse même la place au jugement des amis qui expliquent comment, à une époque, ils avaient peur de fréquenter une personne handicapée. La prouesse de son film abouti sur un cours de danse pour handicapés. Là, les uns et les autres, estropiés par la vie mais portés par la musique, s’élancent avec grâce dans un espace où l’âme prend le dessus sur leurs corps.
Naissance et éducation
Le programme « Documentaires sur l’enfance » abordait davantage les thèmes de la maternité, de l’éducation et de l’adoption.
Poétique témoignage de son amour pour les femmes, sa femme et sa fille en particulier, Le collier et la perle de Mamadou Seidou Diallo [Sénégal, 2009, 52min] accompagnait un autre film de la collection Lumière D’Afrique du programme AfricaDoc : Waliden, enfant d’autrui [Mali, 2009, 15min].
Par une courageuse introspection personnelle, Awa Traoré explique comment, en Afrique, les enfants sont adoptés par des parents proches ou éloignés. A travers son expérience et celle d’un petit garçon, la réalisatrice dénonce la maltraitance et revendique l’amour dont a besoin tout enfant.
Waited for
Cet amour, on ne peut que le voir transparaître dans le brillant Waited for de la sud-africaine Nerina Penzhorn. A travers le parcours de trois couples de femmes lesbiennes, la réalisatrice interroge l’adoption dans un pays post-apartheid ou l’orientation sexuelle et la différence raciale est toujours un problème.
Le film trace avec brio et subtilité les espoirs et difficultés de trois couples confrontés à différentes situations : recevoir un enfant, accepter le regard des autres et l’élever comme on l’entend.
Claire Diao
7 novembre 2011
Clap Noir
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