Karmen
Joseph Gaï Ramaka
Publié le : février 2001

Un film de Joseph Gaï Ramaka, Sénégal, 2001, 96’






SYNOPSIS

Dans la cour cen­trale de la prison de Gorée, les déte­nues riche­ment habillées et les gar­dien­nes en tenue de fête, jouent, sur des per­cus­sions de for­tu­nes, le fameux "N’Deï Geï" du vir­tuose de la per­cus­sion, Doudou N’Diaye Rose. Martelant les onze coups de per­cus­sion d’une rafale de coups de reins, Karmen invite la direc­trice à danser. La direc­trice sur­prise par cette audace hésite puis, se laisse empor­ter au centre du cercle. Elles se lan­cent dans un duo dont la beauté enflamme les com­pa­gnes de Karmen. Sous les rayons du soleil cou­chant, le cercle est enve­loppé d’un voile de pous­sière dorée et les corps en sueur se parent de mille feux. La cita­delle mugit et, remuent ses chaî­nes, elle ren­voie tout ce beau monde d’un côté ou de l’autre des bar­reaux... Au milieu de la nuit, la direc­trice de la prison rejoint Karmen dans sa cel­lule.

A PROPOS DU FILM

Carmen est un mythe. Comme tous les mythes, ce qu’il signi­fie à une époque donnée dépend de celui qui tente d’en fixer la repré­sen­ta­tion. Que repré­sente Carmen aujourd’hui ? Que sont l’amour et la liberté de Carmen à l’orée du XXIème siècle ? Tel est le projet de mon film, où Carmen devient Karmen, une Karmen Black plon­gée dans l’urba­nité magi­que et chao­ti­que d’une ville afri­caine.

Pour tout le monde, Carmen est à la fois un per­son­nage et un opéra, et l’évocation de son nom fait appel à la musi­que. Le scé­na­rio du film res­pecte ces deux propos : être fidèle à l’uni­vers dra­ma­ti­que de la tra­gé­die ori­gi­nale, faire appel à de nom­breux éléments musi­caux et cho­ré­gra­phi­ques indis­pen­sa­bles au trai­te­ment d’un tel sujet. Mais comme pour la trans­po­si­tion du mythe, ces éléments plon­gent leurs raci­nes dans la musi­que et la danse afri­caine d’aujourd’hui. Pour ces deux éléments clef du film, je me suis entouré d’artis­tes excep­tion­nels : David Murray, Doudou N’Diaye Rose, Julien Jougat, El Hadji N’Diaye, Cherif Diop et Yande Codou Sen pour la musi­que, et Oumi Samb pour la cho­ré­gra­phie.

Cinéaste séné­ga­lais, j’ai situé l’action de Karmen à Dakar, où le soleil et la volupté ne sont pas sans rap­port avec la nou­velle de Mérimée et l’opéra de Bizet. C’est dans ce Sénégal d’aujourd’hui, que j’ai choisi de mettre en scène la liberté et l’amour de Carmen. La volupté tra­gi­que inhé­rente aux per­son­na­ges m’a immé­dia­te­ment indi­qué que la grande majo­rité de l’action devait se passer de nuit, à l’heure où les corps et les âmes se libè­rent de la contrainte diurne. Toute la dif­fi­culté de la réa­li­sa­tion consiste à main­te­nir une limite stricte entre volupté et érotisme, au sens où le cinéma entend ce mot. Je mon­tre­rai donc beau­coup de corps, de corps nus, de corps dan­sant, de corps jeunes, de corps vieux, mais la caméra cap­tera en eux le désir qu’ils peu­vent ins­pi­rer plus que la libido qu’ils peu­vent déchaî­ner. C’est aussi mon inten­tion d’uti­li­ser avec par­ci­mo­nie les gros plans sur les visa­ges dans la mesure où pré­ci­sé­ment, la tra­gé­die char­nelle de Carmen tient beau­coup du rap­port de l’indi­vidu à son corps. Toutes les scènes de grou­pes, comme dans la comé­die musi­cale ou à l’opéra feront évidemment appel à la musi­que et à la danse.

Paris, le 27 octo­bre 1999.
Joseph Gaï Ramaka

LE REALISATEUR


Karmen Geï est le pre­mier long métrage de Joseph Gaï Ramaka, qui a réa­lisé de nom­breux courts métra­ges dont Portrait d’une man­ne­quin, Baby Sister et Ainsi soit-il qui a rem­porté le Lion d’Argent à Venise en 1998. Il a également scé­na­risé ou copro­duit plus d’une dizaine de films et s’impose comme l’un des prin­ci­paux arti­sans du cinéma au Sénégal et en Afrique. Il a en effet créé, en 1999, l’Espace Bel’Arte, une salle de cinéma de réper­toire, de même que les Studios de l’Arche, qui devien­dront les pre­miers stu­dios de cinéma munis d’un sys­tème d’éclairage infor­ma­tisé en Afrique de l’Ouest et du Centre.

CRITIQUES DE PRESSE
FILM MUSICAL FLAMBOYANT EN TERRE AFRICAINE

Librement adapté de l’Opéra Carmen, crée par Georges Bizet en 1875, ce pre­mier film enthou­sias­mant du cinéaste afri­cain Joseph Gaye Ramaka res­pire la vita­lité à pleins pou­mons. Il crée une nou­velle forme de cinéma, vivante et pul­sion­nelle, grâce à l’extra­or­di­naire pré­sence de son actrice prin­ci­pale, Jeïnaba Diop Gaï. Il faut voir la scène d’ouver­ture ou Karmen danse en tapant du pied et en vibrant des han­ches, vêtue d’une robe rouge vif, pro­vo­quant d’un regard de défit la direc­trice de la prison. Dès ces pre­miè­res images, Jeïnaba Diop Gaï est la force cen­tri­fuge du film. Autour d’elle, une assem­blée de femmes encou­rage cette danse ven­ge­resse qui res­sem­ble à une décla­ra­tion de guerre faite à l’oppres­sion. Toutes ces femmes, qui repré­sen­tent en fait les chœurs de l’opéra de Bizet, dan­sent et chan­tent autour de Carmen des chants tirés du Folklore et de la tra­di­tion afri­caine avec une joie de vivre infa­ti­ga­ble, ultime arme contre l’oppres­seur.
Monsieur cinéma

Voilà une des plus belles trans­po­si­tions contem­po­rai­nes du mythe de Carmen, res­ti­tué dans un nou­veau décor, le Sénégal d’aujourd’hui. Un cadre enchan­teur : musi­que et danse afri­cai­nes, scènes et cos­tu­mes aux cou­leurs cha­toyan­tes appor­tent un rythme et une pho­to­gra­phie envoû­tants.
Le Figaro Magazine

FICHE TECHNIQUE

Réalisateur/scé­na­riste Joseph Gaye Ramaka
Acteurs prin­ci­paux Djeinaba Diop (Karmen) Magaye Adama Niang (Lamine Diop) Stéphanie Biddle (La direc­trice) Aïssatou Diop (Madjiguène) El Hadji Ndiaye (Massigui) Widemir Normil (Commissaire divi­sion­naire)
Sociétés de pro­duc­tion Canada : Les Productions Mataranka inc.
France : Euripide Productions, Zagarianka Productions
Sénégal : Les Ateliers de l’Arche
Période de tour­nage Février/mars 2000
Lieux de tour­nage Dakar au Sénégal
Sortie com­mer­ciale 27 juin 2001 (France)
Distribution Distributeur cana­dien : Film Tonic inc.
Distributeur fran­çais : Euripide Distribution Courriel : evi­cente chez euri­pide.com site web : www.euri­pide.com
Vendeur à l’étranger : UGC International
Site web : http://www.liber­te1.org/karmen/

Les films de Joseph Gaï Ramaka :
Les autres films
1
>

Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
93100 Montreuil - France
Tél /fax : 01 48 51 53 75