Tasuma
Sanou Kollo Daniel
Publié le : 2002

Un film de Sanou Kollo Daniel, 2003
Burkina-Faso - France, 90 min






SYNOPSIS

Lundi matin, Sogo, sa musette et son vélo, s’en va vers Bobo pour tou­cher sa pen­sion, le vent dans le dos, le destin au loin, puis­que c’est ainsi, il revien­dra demain...
C’est cette chan­son de Doba le fou qui accom­pa­gne Sogo Sanon "Tasuma" de son surnom un ancien tirailleur qui a com­battu dans les rangs de l’armée fran­çaise durant les guer­res d’Indochine et d’Algérie.
Ce lundi matin, après de lon­gues années d’une infruc­tueuse et péni­ble attente, Sogo est convaincu qu’il va enfin tou­cher sa pen­sion de retraite d’ancien com­bat­tant, une véri­ta­ble for­tune pour lui ! Devant la paie­rie, ses anciens frères d’armes patien­tent pai­si­ble­ment. Sogo y croise son ami Khalil, célè­bre com­mer­çant liba­nais. Si sûr qu’il est de tou­cher son dû, et tel­le­ment pressé de rendre ser­vice aux femmes de son vil­lage, Sogo lui achète un moulin à crédit. Pour Sogo, c’est un jour de gloire. On le fête, lui et son moulin et le vieux chef du vil­lage lui offre sa propre fille en mariage !
Mardi, mer­credi... Doba et les enfants chan­tent tou­jours. Sogo en dépit de ses démar­ches n’a rien perçu. Il se rend chez le préfet, en vain. Il demande de l’aide à son ami lieu­te­nant de la gen­dar­me­rie, en vain, tou­jours rien !
alors le ven­dredi matin, les poches tou­jours vides, Sogo se fâche. Son fusil en main, il se pré­ci­pite chez le préfet, le prend en otage, et lui dicte une lettre à l’inten­tion du Général de Gaulle...

LE FILM

Cinquante deux ans après la seconde guerre mon­diale, et qua­rante deux ans après les indé­pen­dan­ces afri­cai­nes, beau­coup pen­sent que l’aven­ture des "tirailleurs séné­ga­lais" est ter­mi­née. Non. Ils sont là, extra­or­di­nai­re­ment vivants. Rescapés et figu­res irrem­pla­ça­bles, ces légen­dai­res héros sacri­fiés dans des guer­res qui, sans aucun doute furent si peu les leurs, sont pré­sents dans quel­ques famil­les au Burkina Faso.
Libérés de leurs obli­ga­tions mili­tai­res dès le début des indé­pen­dan­ces afri­cai­nes, les "tirailleurs séné­ga­lais" Sénégalais, Burkinabé, Maliens, Tchadiens, Congolais etc. , qui ont accom­plis quinze ans effec­tifs dans l’armée Française ont béné­fi­ciés de la pen­sion d’ancien­neté. Les autres ont eu droit à la pen­sion pro­por­tion­nelle et à 65 ans tous ceux qui ont effec­tués 90 jours sous le feu ont droit à la pen­sion dite retraite du com­bat­tant.
Respectés et entou­rés, ils sont les éléments tou­jours vivants de la saga afri­caine.
Cependant, l’his­toire du héros de notre film n’est qu’une fic­tion nour­rie par les éléments dra­ma­ti­ques d’une réa­lité spé­ci­fi­que, celle qu’ont vécus et vivent encore cer­tains "tirailleurs séné­ga­lais".
L’his­toire de Tassouma est aussi l’évocation d’un fait his­to­ri­que, celui du statut par­ti­cu­lier des anciens com­bat­tants d’Afrique noire pen­sion­nés de la République Française jusqu’à nos jours.
Sanou Kollo

LE REALISATEUR

Kollo Daniel Sanou est né en 1949 à Borodougou (Burkina Faso). Il a suivi des études à l’Institut National des Arts d’Abidjan, puis au Conservatoire libre du Cinéma à Paris. En 1982, Il réa­lise un long métrage "Paweogo, l’émigrant" qui reçu le prix de la meilleure œuvre au FESPACO 83. En 1992, il signe un moyen métrage "Jigi, l’espoir". Sanou Kollo Daniel a réa­lisé de nom­breux courts métra­ges et docu­men­tai­res notam­ment en 2000 une série télé­vi­suelle "Taxi-brousse". "Tasuma"
est son second film de long métrage.

CRITIQUE

Bien avant l’impact du film « Indigènes », le pro­blème des pen­sions des tirailleurs séné­ga­lais res­tait un sujet peu abordé. Sanou Kollo Daniel a réa­lisé Tasuma en 2003 et n’a pas eu la visi­bi­lité qu’il méri­tait tout autant. Il nous parle avec beau­coup de sen­si­bi­lité d’un sujet qui lui tenait à cœur et nous fait par­ta­ger le combat de Sogo, ancien com­bat­tant bur­ki­nabé, pour obte­nir son dût. C’est un film où l’humour et la ten­dresse lais­sent surgir l’émotion au détour d’une phrase, d’un regard. Le réa­li­sa­teur, parce qu’il ne porte pas de juge­ment, réus­sit à nous tou­cher et à nous inter­pel­ler. Un film où l’on sort gran­dit.

Isabelle Audin

FICHE TECHNIQUE

Réalisation, scé­na­rio et dia­lo­gues : Sanou Kollo Daniel
Avec Mamadou Zerbo, Aï Keita, Noufou Ouedraogo, Noufou Ouedraogo, Serges Henri, Sonia Karen Sanou, Stanislas Sore, Safiatou Sanou, Khalil Raoul Bessani.
Images : Nara Keo Kosal
Ingénieur du son : Claude Hivernon
Montage : Andrée Davanture
Musique : Cheik Tidiane Sek
Coproduction : Clap Afrik, pro­duc­tion : Les Films du Mogho
Producteur délé­gué : Toussaint Tiendrebeogo

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