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L’Afrique à Gindou
Publié le : mercredi 12 septembre 2012

A par­cou­rir le pro­gramme des 28eme Rencontres Cinéma de Gindou, la pré­sence afri­caine ne sau­tait pas aux yeux. C’était ne pas faire confiance à l’équipe de pas­sion­nés qui, toute l’année durant, défri­chent le pay­sage ciné­ma­to­gra­phi­que d’ici et d’ailleurs.

Au pro­gramme, il y eut donc : La Pirogue de Moussa Touré, Rengaine de Rachid Djaïdani , Aujourd’hui d’Alain Gomis, Chronique d’une cour de récré de Brahim Fritah et Atlantic pro­duce Togo s.a. de Penda Houzangbe et Jean-Daniel Tregoat. Bien sur, les trois pre­miers avaient déjà eu les hon­neurs des fes­ti­vals mais, jar­di­niers atten­tifs, les sélec­tion­neurs de Gindou en avaient cueilli deux à peine éclos .

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Atlantic pro­duce Togo s.a. , quant à lui, pro­duit d’ Africadoc sor­tait simul­ta­né­ment à Lussas. Ses deux réa­li­sa­teurs, Penda Houzangbe et Jean-Gabriel Tregoat qui se sont ren­contrés à l’école de cinéma de Cuba, accom­pa­gnaient leur film et par­ti­ci­paient à la tchat­che quo­ti­dienne avec les spec­ta­teurs. Ils répon­di­rent, entre autres, à une ques­tion récur­rente et qui, à la longue, va les énerver, on le sent : oui, ils ont pris fait et cause pour leur copain, le patron de l’entre­prise...
Documentaire auto-pro­duit et filmé dans l’urgence, révé­lant, s’il en est encore besoin, les dif­fi­cultés ren­contrés par les jeunes réa­li­sa­teurs.

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La palme de la sortie en exclu­si­vité reve­nait au film du franco- maro­cain Brahim Fritah : Chroniques d’une cour de récré, pre­mier long métrage d’un réa­li­sa­teur déjà primé plu­sieurs fois pour ses courts. Il était là, lui aussi, heu­reux de l’accueil cha­leu­reux du public. Encore un film fra­gile, né de la volonté inal­té­ra­ble d’une équipe (dont Jean-Christophe Onno) qui a réa­lisé des proues­ses pour pal­lier l’absence de fonds avec l’aide de Touscoprod.

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Souvenirs d’enfance du réa­li­sa­teur, situés en 1981, dans l’usine dont le père est gar­dien et où la famille habite. Une plon­gée dans l’uni­vers tendre, insou­ciant de la vie de famille, des copains de l’école, de la cama­ra­de­rie ouvrière et gouailleuse. Une ode à ses parents : une mère bana­le­ment mer­veilleuse et un père à la bonté toute puis­sante. Une plon­gée dans le temps minu­tieu­se­ment recons­ti­tué . Un cas­ting épatant d’où émerge Yanis Bahloul, Brahim enfant, mer­veilleux de viva­cité sen­si­ble. Dernières bulles d’un monde à jamais enfui, qui se suc­cè­dent légè­res, comme on feuillette un album photos, sen­ti­ments mêlés, mélan­co­lie vite chas­sée. Le film sor­tira en avril 2013.

Au cha­pi­tre, des dif­fi­cultés de pro­duc­tion, on notera, au pas­sage, qu’il aura fallu neuf années à Rachid Djaïdani pour arri­ver au bout de son pre­mier et for­mi­da­ble long métrage, pres­que entiè­re­ment auto­pro­duit, Rengaine. En face de la grosse indus­trie ciné­ma­to­gra­phi­que, pour para­phra­ser Coluche, on note que cer­tains, déci­dé­ment, seront tou­jours plus égaux que d’autres...

Il n’y avait per­sonne pour accom­pa­gner La Pirogue, qui rem­porta, comme dans tous les fes­ti­vals, un succès mérité. Pour Aujourd’hui, par contre, Djolof Mbengue, l’acteur féti­che d’Alain Gomis, avait fait le voyage. Personnage prin­ci­pal de L’Afrance, il est, dans Aujourd’hui, celui qui accom­pa­gne Satché, son ami qui va mourir. Tout le long du film, il marche à ses côtés, pré­sence bien sou­vent muette, atten­tion­née et énigmatique.

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Ce fut un rude exer­cice pour lui que de répon­dre aux ques­tions du public, d’indi­quer des pistes, des expli­ca­tions sur les inten­tions du réa­li­sa­teur, des éclairages sur les cou­tu­mes et croyan­ces séné­ga­lai­ses. Ce fai­sant, il était encore, sur l’estrade de Gindou, en plein soleil, face aux spec­ta­teurs tou­jours avides de pala­bres, le meilleur ami, le modeste, le dis­cret, celui qui accom­pa­gne, qui aide à la com­pré­hen­sion, au pas­sage, qui laisse libre choix à la pensée tout en ouvrant des voies inat­ten­dues. Ainsi va la tchat­che à Gindou, riche et éphémère.

Michèle Solle

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