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Lumières d’Afrique sans lumières :
Publié le : vendredi 2 septembre 2011
les réalisateurs africains absents à Lussas faute de visas

Lussas 2011





Le film de Mamounata Nikiema s’ins­crit dans la col­lec­tion Lumières d’Afrique, qui ras­sem­ble depuis quel­ques années le fruit du tra­vail mené au sein du réseau Africadoc, dont l’ori­gine est à Lussas, ce qui expli­que que cette année en matière d’Afrique, beau­coup des films pro­po­sés étaient réa­li­sés et pro­duits par des Africains, sou­vent de jeunes cinéas­tes issus du Master de docu­men­taire de créa­tion de Saint Louis, au Sénégal.
La plu­part des films mon­trés sont de bonne fac­ture et dépei­gnent l’Afrique à tra­vers ses sujets clas­si­ques : l’enfance est très pré­sente, à tra­vers un film sur les tali­bés du Sénégal, S’il plaît à Dieu de Abbas Thior. La vio­lence du trai­te­ment de ces petits men­diants par les mara­bouts choque le public lus­sas­sien à une heure mati­nale. Ce jour-là, les ques­tions de la salle ne por­tent pas sur le dis­po­si­tif, la tem­po­ra­lité ou la mise en récit du film, débats habi­tuels au spec­ta­teur de Lussas mais plutôt sur ce qui se passe : com­ment arrê­ter ce sys­tème injuste ? Que faire pour que ces enfants ne souf­frent plus ?


Une jour­née avec...

Lui fait écho le film Bakoroman de Simplice Ganou, qui décrit la vie d’un groupe d’enfants des rues au Burkina. Tandis que la char­mante col­lec­tion Une jour­née avec... pro­duit en col­la­bo­ra­tion avec Arte, décrit en dix épisodes la vie d’enfants afri­cains. Beau et sans misé­ra­bi­lisme, le court-métrage de Teboho Edkins, jeune Sud-Africain déjà ren­contré au Fespaco avec son film pré­cé­dent (Ask me, I’m posi­tive, Fespaco 2005), dont le thème était déjà la lutte contre le Sida, conte l’his­toire d’une jeune femme atteinte du Sida qui met au monde son deuxième enfant, après la mort du pre­mier. Son visage s’éclaire lorsqu’elle apprend que l’enfant n’est pas séro­po­si­tif.
On retrouve ici aussi le film de Sani Magori Koukan Kourcia, road movie fami­lial et artis­ti­que, décou­vert au Fespaco (voir la cri­ti­que de Clap Noir) et le por­trait dis­tan­cié d’une équipe de foot­bal­leu­ses congo­lai­ses, Les dées­ses du stade, par Delphe Kifouani.


Bakoroman

Seul pro­blème de la sélec­tion Afrique : aucun des réa­li­sa­teurs n’était pré­sent, faute de visa. L’un d’entre eux, Simplice Ganou, réa­li­sa­teur du film Bakoroman, a écrit une lettre, lue par son pro­duc­teur, Camille Plagnet :
... J’ai eu beau­coup de chance de ren­contrer des gens qui m’ont fait confiance, qui m’ont accom­pa­gné et formé dans mon choix de contri­buer à par­ta­ger des moments de vie de jeunes Africains au monde. Je ne puis mal­heu­reu­se­ment pas être phy­si­que­ment parmi vous, parce que mes ori­gi­nes géo­gra­phi­ques font de moi un migrant poten­tiel dans votre beau pays. C’est vrai, nom­breux sont mes frères à vou­loir partir de l’autre côté de l’Atlantique ! C’est aussi vrai que les for­ma­li­tés admi­nis­tra­ti­ves et l’accueil dans les ambas­sa­des entre­tien­nent et bâtis­sent le mythe de l’Eldorado. Comme on dit chez nous : "c’est quel pays, où l’on est capa­ble de dépen­ser 30 euros par jour tandis que les chif­fres des Nations Unies don­nent aux Burkinabés moins d’un dollar par per­sonne par jour ?" Jusqu’ici, nous, jeunes Burkinabés, pro­po­sons, mais le sar­ko­zisme dis­pose. Jusqu’à quand ? Jusqu’à ce qu’ils aient encore besoin de nous pour "tirer ailleurs" ?! Nous pro­po­se­rons, parce que nous y croyons : "L’Afrique, c’est le futur." Futur simple, com­posé ou futur du sub­jonc­tif ? Nous le ferons.

Caroline Pochon

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