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#Memepaspeur : Respectons nos Reines
Publié le : vendredi 1er mars 2019

Un film trône dans le catalogue des films en compétition de la 26e édition du Fespaco. Il s’agit de la série télévisuelle Trône, réalisée par le Burkinabè Tahirou Tasséré Ouédraogo. En 2017, lors du tournage de cette série, le réalisateur a agressé l’une de ses assistantes sur la série, Azata Soro. À la suite d’un malentendu, Tahirou Tasséré a insulté et frappé son assistante. Il a ensuite cassé une bouteille de bière avant de lui taillader le visage. Les images de la dame ont fait le tour des réseaux sociaux. Aujourd’hui, Azata porte sur la joue une cicatrice de plus de 8 centimètres.

Dans un grand festival tel que le nôtre où c’est la princesse Yennenga qui symbolise le prix, il faut savoir avec courage, prendre certaines décisions. Celle de refuser d’inscrire cette série dans la liste des films en compétition.

Rafraichissons-nous la mémoire. La première présidente du Fespaco est une dame. Mme Alimata SALEMBERE. Elle a reçu tous les honneurs pour ce cinquantenaire. Rappelons-nous que le Président Sankara a lutté pour l’émancipation des femmes au Burkina Faso et partout en Afrique. Le Fespaco s’est toujours voulu un espace où la femme a sa place. Pour preuve, elles sont présentes dans les films sélectionnés, dans les jurys, etc. L’affiche du cinquantenaire met à l’honneur une femme.

Aujourd’hui, il n’est plus acceptable que dans le monde des arts et du cinéma, la violence faite aux femmes passe inaperçue ou sous silence. Il faut refuser tout compromis et dénoncer ces faits. Si le mouvement #MeToo lancé aux États-Unis a permis aux femmes victimes de harcèlement ou de violence de témoigner des souffrances vécues, il faut que cette dynamique se poursuive dans nos pays sur les plateaux de nos tournages.

Au Fespaco, les langues commencent à se délier. En effet, le jeudi 28 février, lors d’une table ronde sur la place des femmes dans le cinéma, des actrices qui ont eu à subir violences et harcèlement ont pris la parole devant le parterre des participants pour, soit pour témoigner des faits vécus, soit pour dénoncer ce tabou qui mine notre cinéma en particulier et la place des femmes dans nos sociétés.

Avec le hashtag #Memepaspeur lancé à la suite de la rencontre, il est temps de dénoncer toutes les formes de violences dans le monde des arts et du cinéma. Il faut que le Fespaco prenne aussi son courage pour ne plus accepter des films ou les droits élémentaires ne sont pas respectés lors des tournages.

Aujourd’hui, le temps est arrivé de libérer la parole des femmes. « Que nos femmes montent alors en première ligne ! C’est essentiellement de leur capacité, de leur sagacité à lutter et de leur détermination à vaincre, que dépendra la victoire finale » Thomas Sankara (la libération de la femme : une exigence du futur, 8 mars 1987).

Achille Kouawo

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