Pourquoi pas la vidéo ?
Publié le : mardi 18 mars 2003

Tous les soirs, à partir de 19 heures, dans les concessions africaines, la famille se retrouve autour de la télévision, pour partager ensemble quelques instants magiques. Les téléspectateurs apprécient beaucoup les séries télévisées africaines (Kadi Jolie, le royaume d’Abou, les bobos diouf, les guignols, etc.), brésiliennes (les télénovellas ont beaucoup de succès. Nous pouvons citer des séries telles que Mademoiselle, Femme de Sable, Sublime mensonge, etc.), européennes et américaines.

La télévision est entrée dans les mœurs africaines, depuis maintenant une vingtaine d’années. L’implantation de la télévision, s’est fait tant bien que mal, en s’adaptant aux difficultés du terrain à savoir, un réseau électrique peu enviable, le pouvoir d’achat très faible de l’ensemble de la population, et dans certain pays, une couverture ne dépassant guère les 30%.

De la télévision d’état vers des télévisions privées.
Grands étaient les espoirs des hommes politiques lorsqu’ils lançaient pour la première fois, la chaîne nationale de télévision dans leurs pays. Ces chaînes devaient sensibiliser, éduquer, informer et distraire la population. Mais très vite, la politique l’emporta sur les vœux pieux des débuts. Les chaînes privées se transformèrent très vite en outil de propagande du pouvoir en place, au grand plaisir des gouvernants mais pas forcément des gouvernés.

Dans le courant des années 90, avec la libéralisation des ondes, plusieurs chaînes de télévision, aussi bien privées qu’internationales, ont commencé à émettre, au grand plaisir des téléspectateurs qui ont enfin la possibilité de choisir leur programme, de s’adonner au zapping.

Nous pouvons compter en moyenne, en Afrique de l’Ouest francophone, au moins 3 chaînes nationales par pays (chaînes publiques et privées), plus de 20 chaînes qui peuvent être captées soit par satellites, soit par abonnement. Les plus connues sont : CFI, TV5, Canal Horizon, CNN, ESPN, Mangas, LCI, TV Africa, MCM…

Du point de vue programme, il faut dire qu’en général, plus de 90% des émissions diffusées sur toutes les chaînes sont en majorité des émissions de provenance étrangère. L’insuffisance de moyens techniques (parfois, un seul studio et pas plus de 3 caméras), l’insuffisance de personnel compétent, et enfin l’insuffisance de moyens financiers ne permettent pas à ces chaînes d’entrer dans un cycle de production, aussi bien quantitatif que qualitatif.

Le manque de production dans les chaînes de télévision africaines pose parfois l’épineux problème culturel. Quelle culture véhiculent les émissions que nous regardons tous les jours sur les chaînes de télévision ? La réponse est assez claire. La culture majoritaire sur nos chaînes est plus occidentale qu’africaine.

Pourquoi pas la vidéo ! Le cinéma coûte très cher, et rares sont les producteurs africains qui réussissent à produire un film sur fond propre. Les fonds d’aide de la francophonie, de l’Union Européenne et autres s’épuisent. Ils seraient temps aux réalisateurs et producteurs africains de repenser le cinéma, et pourquoi pas, proposer des films en vidéo. Les télénovellas et les séries africaines sont là pour nous démontrer l’intérêt que porte la population à la chose télévisuelle.

Le coût de production d’un film en vidéo est abordable. Les compétences sont là sur le terrain. Le kinéscopage est une technologie à notre portée. Pourquoi ne pas en profiter ?

L’exemple anglophone est là pour témoigner de la vivacité de la production vidéo en Afrique. Le Nigeria, entre décembre 1994 et mai 1998 a produit 858 longs métrages vidéo. La qualité n’est pas toujours au rendez-vous, mais, les téléspectateurs béninois, nigériens, ghanéens et nigérians aiment bien ces productions et en redemandent.

Le Fespaco 2001 avait pour thème « cinéma et nouvelles technologies ». Ce thème devait permettre aux cinéastes de penser à une meilleure utilisation du numérique dans les productions. A Niamey au Niger, durant le mois de décembre 2003, l’Agence de la Francophonie a organisé le 12ème Séminaire de Formation, le SEFOR. A cette occasion, les professionnels de la télévision et de l’audiovisuel ont put échanger sur les potentialités qu’offrent les Nouvelles technologies. Une porte est ouverte. Aux cinéastes d’en profiter.

Achille Kouawo,
18 janvier 2003

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