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Chronique douce-amère
Publié le : lundi 30 décembre 2013
Des étoiles de Diana Gaye

Chronique douce-amère, Des étoiles nous plonge dans la ronde des des­tins croi­sés de trois per­son­na­ges venus du Sénégal. Sophie, une jeune femme séné­ga­laise très naïve vient retrou­ver un mari à Turin en Italie et va devoir admet­tre qu’il a mis les voiles et ne revien­dra pas. Sortir du déni et du rêve sera sa chance. Abdoulaye, le mari en ques­tion, cavale de Turin à Paris, puis de Paris à New-York où il vit la survie de l’immi­gré clan­des­tin, ce qui ne le rend pas tou­jours sym­pa­thi­que. Fuit ou cher­che son destin ? À Dakar, dans la maison-mère, une troi­sième tra­jec­toire vient nour­rir ce pay­sage vivant de l’exil. Thierno a grandi aux Etat-Unis avec sa mère et revient à l’occa­sion de la mort d’un père absent pour cause de rema­riage. Il ren­contre ses frères et soeurs et se lie avec eux. Le lien avec la mère-Afrique n’est pas rompu.

Agréable et sen­si­ble, le film reste une chro­ni­que - ce que reven­di­que très clai­re­ment la réa­li­sa­trice - qui, si elle ne par­vient pas for­cé­ment à trans­cen­der ces des­tins croi­sés, encore un peu pris dans leur arché­type (la séné­ga­laise naïve qui débar­que, le clan­des­tin qui vole pour sur­vi­vre, l’afri­cain-amé­ri­cain qui retrouve ses raci­nes), et aux che­mins irré­so­lus offre sim­ple­ment et très hon­nê­te­ment de faire avec eux un bout de chemin. On reste sur sa faim - et puis on s’inter­roge : pour­quoi pas, en effet, donner de l’impor­tance aux lieux et à une notion plus vaste d’errance et de déra­ci­ne­ment / enra­ci­ne­ment, plutôt que de plon­ger au fond de chacun de ces drames.
Un regard tendre sur l’exil, qui dédra­ma­tise : cela fait du bien. Robert Altman, dans Short cuts, avait brillam­ment pro­cédé de la sorte pour bros­ser un por­trait choral de Los Angeles. La réa­li­sa­trice du court-métrage Un trans­port en commun a affûté son cinéma. Sans super­fi­cia­lité, elle montre ces capi­ta­les, fait s’entre­cho­quer dans son film leurs ryth­mes, leurs lan­gues, leurs cou­leurs, posant tou­jours la ques­tion d’y être de pas­sage, en tant qu’étranger. C’est cette mosaï­que d’une Afrique aussi bien omni­pré­sente qu’éclatée, peu­plée de moult per­son­na­ges secondai­res bien campés (comme la coif­feuse sexy incar­née par Mata Gabin en Italie), qui fait au bout du compte la force du film. Ces mul­ti­ples exils, et la qua­lité des ren­contres qu’ils engen­drent, sont, comme Dyana Gaye le raconte à propos de sa propre vie, à l’image du destin de nom­breux séné­ga­lais aujourd’hui.

Caroline Pochon

Sortie le 29 jan­vier 2014
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