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Le Forum : lieu de célébration du film documentaire
Publié le : dimanche 26 décembre 2010
FAFD - Niamey 2010

Delphine est une jeune burkinabé inscrite en année de master en audiovisuel et documentaire de création à Niamey. Elle nous livre ses observations et appréciations à l’issue de sa première participation au Forum Africain du Film Documentaire.

La cinquième édition du Forum Africain du Film Documentaire, FAFD, a eu lieu à Niamey, du 1er au 18 décembre 2010 avec pour thème, Cinéma et mémoire : de la marche vers l’indépendance jusqu’à la mondialisation. Cette manifestation, initiée par M. Inoussa Ousseini, s’est inscrite dans la dynamique de la célébration du cinquantenaire des indépendances en Afrique et au Niger.

Ce Forum est un espace d’affirmation de la liberté de production et de créativité. A notre avis, le Forum constitue un lieu de rencontre entre les amoureux de l’Afrique et du film documentaire. Il offre diverses fenêtres d’activités tout aussi intéressantes que la projection des films. Il s’agit des ateliers, des séminaires d’échanges, des panels, des expositions et des conférences.

En s’inscrivant comme une activité culturelle, le Forum Africain du Film Documentaire veut relancer le cinéma nigérien qui autrefois brillait, mais qui aujourd’hui est léthargique. Pour cela, le festival se base sur les réalisateurs en herbes de la jeunesse nigérienne et veut faire d’eux le socle de la cinématographie. Pour orienter et perfectionner la passion de ces jeunes, le forum leur offre un cadre de formation, et d’apprentissage aux différents métiers de l’audiovisuel. C’est en ce sens que dix jeunes stagiaires, formés depuis la première édition du forum, viennent de sortir chacun son premier film. Un coffret compilant ces dix films est sur le marché. Ils sont désormais prêts pour véhiculer des images du réel. On peut d’ores et déjà dire que la relève est assurée par le FAFD même si des imperfections restent à corriger. Ils sont déjà des réalisateurs qui par leurs œuvres favoriseront l’expression de l’Afrique à travers leur cinéma.

Le festival de films prévu dans le programme du FAFD, s’est réalisé dans les différents centres culturels de Niamey. Ce fut un cadre de découverte des cinéastes et des films qui retracent les 50 ans d’histoires de l’Afrique. En effet, nous avons salué la présence d’Elikia M’Bokolo, historien africain co-réalisateur des séries « Afrique (S) : une autre histoire du XXème siècle », et de Eric Deroo, un réalisateur historien français. « Afrique (S) : une autre Afrique du XXème siècle de Alain Ferrari », « la force noire » et « les zoos humains » d’Eric Deroo, « Hôtel Rwanda » de Terry Georges, « la bataille d’Alger » de Gillo Pontecorvo, « Idi Amin Dada » de Barbet Schroeder, sont entre autres des films qui aiguisent notre conscience sur « l’ingratitude » des colons envers l’Afrique et la dérive politique de certains initiateurs de la lutte vers l’indépendance. On ne saurait passer sous silence les films qui célèbrent le mérite de certains leaders africains tel « Invictus » de Clint Eastwood qui nous documente sur le pacifisme de Nelson Mandela, président d’une Afrique déchirée par la ségrégation raciale instaurée par les colons. Ces œuvres cinématographiques se posent en conséquence en modèle d’œuvres de témoignage historique.

Les ateliers qui se sont déroulés durant le Forum, en marge des projections, ont été pour nous l’occasion de converser avec des hautes personnalités du monde cinématographique du Niger et de la France. L’atelier Malraux avait pour objectif la réflexion, avec des experts sur la possible gestion de la chose cinématographique nigérienne à la lumière de l’expérience française. Le premier panel animé par M. Yacouba Adamou Mayaki, Directeur du Centre National de Cinématographie du Niger, portant sur « la politique cinématographique du Niger » nous informe sur les grandes orientations de la politique culturelle du Niger.
Le second atelier a traité de l’« expérience du Bureau nigérien du droit d’auteur, en matière de protection et de promotion de la création ». La dernière phase de cet atelier a concerné l’expérience française en matière d’administration et de politique culturelle. Elle a été étayée d’exemples et de référence par Daphné Bruneau du Centre national de cinéma et d’Hélène de Montluc, juriste spécialiste du droit d’auteur.
Au sortir de ce séminaire, nous avons compris que l’Afrique, pour édifier une véritable industrie cinématographique, doit s’inscrire dans la logique politique rigoureuse. Elle doit prendre une leçon d’histoire sans se leurrer sur les réalités budgétaires. Ce qu’elle peut, c’est opérer une stratégie à la logique de celle européenne, en incluant les paramètres de nos réalités. Il est donc nécessaire pour commencer que l’Etat nigérien crée un fond de soutien en faveur de la création. Aussi, faut-il que les télévisions s’engagent, par des systèmes de coproduction avec les réalisateurs dans l’optique de favoriser la diffusion des œuvres de création.

En somme, le Forum est le lieu de célébration du film documentaire et du cinéma africain. Mais quelques imperfections restent à corriger pour les éditions futures. Nous avons par exemple noter l’absence de Thierry Michel, invité d’honneur de ce forum.

Delphine Yerbanga

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