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Timbuktu d’Abderrahmane Sissako grand oublié du palmarès
Publié le : dimanche 25 mai 2014

Présenté le premier jour du festival, le film Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, n’a pas obtenu de prix à la très prestigieuse sélection officielle du festival de Cannes.
Pourtant encensé par la critique et le public, Timbuktu était donné parmi les favoris pour obtenir la Palme d’or. Le réalisateur mauritanien partira avec le 18e prix François Chalais. Un prix qui vient récompenser un film réalisé dans l’esprit humaniste de François Chalais, réalisateur, journaliste et grand reporter. Il obtiendra aussi le Prix du Jury œcuménique 2014.
Comme chaque année, le cinéma d’un continent si riche comme l’Afrique reste toujours négligé par un jury plus habitué aux films occidentaux. Un jury ici symbole de la société qui considère encore le cinéma africain comme marginalisé, avec ses propres codes. Quelle déception ! Cette année pourtant, avec Jane Campion comme présidente du jury, nous espérions une ouverture d’esprit et une audace propre à cette réalisatrice.
Le réalisateur Abderrahmane Sissako a démontré au cours de sa carrière, par sa formidable production cinématographique, son immense talent. Ses films comme La vie sur terre, Heremakono ou Bamako sont considérés comme des chefs d’œuvre engagés et poétiques.
La production cinématographique subsaharienne qui reste rare, mériterait d’être encouragée afin d’être plus exposée. Peu de salles diffusent des films africains en dehors des festivals ou les gardent à l’affiche suffisamment longtemps pour leur donner une véritable exposition. C’est un cinéma qui reste encore et toujours dans un circuit fermé.

Alors à quand un jury audacieux, curieux et surprenant ? Quand on regarde l’historique du festival en question, on reste sceptiques.

67 ans de festival

Le plus grand festival de cinéma du monde a réservé au cinéma africain une reconnaissance timide au fil de ses éditions. L’âge d’or reste les années 90. Les réalisateurs Souleymane Cissé (Prix du jury 1987 pour Yeelen) et Idrissa Ouedraogo (Prix du jury 1990 avec Tilaï) furent les premiers à être primés, ouvrant la voie à toute une génération de jeunes cinéastes. De plus en plus professionnels, ceux qui suivront n’auront qu’un objectif : se mesurer aux plus grands. Le pionnier à Cannes reste Paulin Vieyra, venu en 1963 avec Lamb, suivi de Sembène Ousmane, qui présentait en 1966 La Noire de.... En 1973, c’était la présentation, à la toute première Quinzaine des réalisateurs, de Touki Bouki de Djibril Diop Mambety, qui passe pour l’un des meilleurs films africains jamais réalisés. On garde en mémoire des films qui ont fait partie de la compétition officielle comme Tilai d’Idrissa Ouedraogo (1990), Hyènes de Djibril Diop Mambety (1992) et Waati de Soulemane Cissé (1995) Kini et Adams d’Idrissa Ouedraogo (1997). Mahamat-Saleh Haroun fait figure d’exception avec deux films en compétition officielle : Un homme qui crie (Prix du jury 2010) et Grigris (2013). Et en 2014 Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, dernier représentant de cette catégorie.

Isabelle Audin

Petit rappel des films de l’Afrique subsaharienne sélectionnés au festival de Cannes depuis sa création :

1963. Lamb (la Lutte), de Paulin Viera, Sénégal (SO)
1966. La Noire de…, de Sembène Ousmane, Sénégal (SC)
1968. Concerto pour un exil, de Désiré Ecaré, Côte d’Ivoire (SC)
1969. Cabascabo, d’Oumarou Ganda, Niger (SC)
1969. Rhodesia Coundown, de Michael Raeburn, Rhodésie (Q)
1970. Soleil O, de Med Hondo, Mauritanie (SC)
1970. A nous deux, France, de Désiré Ecaré, Côte d’Ivoire (Q)
1971. Badou Boy, de Djibril Diop Mambety, Sénégal (Q)
1971. Monangambeee, de Sarah Maldoror, Angola (Q)
1972. Emitaï, de Sembène Ousmane, Sénégal (Q)
1973. Touki-Bouki, de Djibril Diop Mambety, Sénégal (Q)
1974. La dernière Tobe à Dimbaza, de Nana Mahomo, Afrique du Sud (Q)
1975. N’Diangane, de Mahama Jonhson Traoré, Sénégal (Q)
1976. Lettre paysanne, de Safi Faye, Sénégal (SC)
1976. La Moisson de 3000 ans, de Haile Gerima, Ethiopie (SC)
1977. Ceddo, de Sembène Ousmane, Sénégal (Q)
1977. 25, de José Celso Correa et Celso Luccas, Mozambique (Q)
1979. Fad’jal, de Safi Faye, Sénégal (CR)
1982. Finye, de Souleymane Cissé, Mali (CR)
1982. Jom, ou l’histoire d’un peuple, d’Ababacar Samb-Makharam, Sénégal (SC)
1983. le Certificat d’indigence, de Moussa Yoro Bathily, Sénégal (SO)
1985. Visages de femmes, de Désiré Ecaré, Côte d‘Ivoire (SC)
1987. Le Choix, d’Idrissa Ouedraogo, Burkina Faso (SC)
1987. Yeelen, de Souleymane Cissé, Mali (Prix du jury CO)
1988. Tabataba, de Raymond Rajaonarivelo, Madagascar (Q)
1988. Mapantsula, d’Olivier Schmitz, Afrique du Sud (SC)
1989. Yaaba, d’Idrissa Ouedraogo, Burkina Faso (Q)
1989. La Geste de Ségou, de Mambaye Coulibaly, Mali (SC)
1990. Tilaï, d’Idrissa Ouedraogo, Burkina Faso (Prix du jury CO)
1990. Sidibou, de jean-Claude Bandé, Burkina Faso (SC)
1991. Laafi, de Pierre Yameogo, Burkina Faso (SC)
1991. Ta Dona, d’Adama Drabo, Mali (CR)
1991. Laada, de Drissa Touré, Burkina Faso (CR)
1991. Sango Malo, de Bassek Ba Kobhio, Cameroun (CR)
1991. Le dernier des Babingas, de David-Pierre Fila, Congo/France
1992. Hyènes, de Djibril Diop Mambety, Sénégal (CO)
1992. Les Yeux bleus de Yonta, de Flora Gomes, Guinée-Bissau (CR)
1993. Octobre, d’Abderrahmane Sissako, Mauritanie (SC)
1993. Wendemi, de S. Pierre Yaméogo, Burkina Faso (SO)
1994. Xime, de Sana Na N’Hada, Guinée Bissau (SC)
1995. Waati, de Souleymane Cissé, Mali (CO)
1995. Haramuya, de Drissa Touré, Burkina Faso (CR)
1996. Po Di Sangui, de Flora Gomes, Guinée-Bissau (CO)
1996. Mossane, de Safi Faye, Sénégal (CR)
1996. Flame, d’Ingrid Sinclair, Zimbabwe (Q)
1996. Macadam tribu, de José Laplaine, Zaïre/Mali (Q)
1997. Kini et Adams, d’Idrissa Ouedraogo, Burkina Faso (CO)
1997. Faraw (Mère de sable), d’Abdoulaye Ascofare, Mali (SC)
1997. Buud Yam, de Gaston Kaboré, Burkina (Q)
1997. Dakan, de Mohamed Camara, Guinée (Q)
1997. Taafe Fanga, d’Adama Drabo, Mali (Q)
1998. La vie sur terre, Abderrahmane Sissako, Mauritanie (Q)
1999. La Genèse, Cheick Oumar Sissoko, Mali (CR)
2001. Hijack Stories, Oliver Schmitz, Afrique du Sud (CR)
2002. Heremakono, Abderrahmane Sissako, Mauritanie (Prix international de la critique CR)
2002. Abouna, Mahamat-Saleh Haroun, Tchad (Q)
2002. Kabala, Assane Kouyaté, Mali (SC)
2003. Le silence de la Forêt, D.Ouenangare et B.B. Kobhio, Centrafrique Cameroun (Q)
2004. Moolaade, Sembe Ousmane, Sénégal (prix CR)
2005. Delwende, S. Pierre Yameogo, Burkina Faso (prix espoir CR)
2006. Bamako, Abderrahmane Sissako, Mauritanie (SO hors compétition)
2009. Min yé, Souleymane Cisse, Mali (SO hors compétition)
2010. Un homme qui crie, Mahamat-Saleh Haroun (Prix du jury CO)
2012. La piroque, Moussa Touré (CR)
2013. Grigris, Mahamat-Saleh Haroun (CO)
2014. Timbuktu d’Abderrahmane Sissako (CO)

Abréviations - CO : Compétition officielle ; CR : Un certain Regard ; Q : Quinzaine des Réalisateurs ; SC : Semaine de la Critique ; SO : Sélection officielle

Photo : A. Sissako / conférence de presse Timbuktu Cannes 2014
Source : Pool/Getty Images Europe © DR

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