JCC 2008 – Clap de fin
Publié le : samedi 1er novembre 2008
22eme édition du 25 octobre au 1er novembre 2008

Samedi 1er novembre, 19h. Devant le théâtre municipal, copie du théâtre parisien de l’Odéon , tapis rouge, hôtesses, musiciens, danseurs sur échasses, caméras, foule derrière les barrières attendent les invités à la cérémonie de clôture des 22ème JCC. La boucle est bouclée, une semaine d’activité intense et passionnante se termine ce soir. On attend le palmarès !




A noter que, comme pour l’ouverture, la cérémonie est retransmise au cinéma Le Mondial où 800 autres invités la suivront en direct.

Discours, salutations au Ministre de la Culture, au maire de Tunis, aux ambassadeurs, remerciements, intermèdes musicaux, « making off » du festival,… l’ensemble mené tambour battant par un couple de présentateurs bilingues. Dora Bouchoucha, la nouvelle directrice des JCC, ne s’éternise pas au micro, elle espère que cette semaine a été l’occasion de riches échanges et remercie toute son équipe pour le travail accompli. Ovation pour cette femme omniprésente, travailleuse et passionnée !

Dora Bouchoucha © jcc

Mais place au suspense ! En commençant par la fin ! Les présidents des différents jurys défilent au pupitre, on a le temps de noter que Mascarades de l’algérien Lyes Salem remporte le prix du jury des enfants, qu’Annette Mbaye d’Erneville, la mère d’Ousmane William Mbaye, dans le film Mère-Bi qu’il lui consacre, est distinguée, avec deux autres personnages féminins par le « Prix des personnages qui se sont distingués dans des documentaires ».

Section Vidéo, le président, Samba Félix N’Diaye, annonce le Tanit d’or au documentaire de la camerounaise Osvalde Lewat pour « Une affaire de nègres », puis l’argent et le bronze. Et il rajoute : « Dans la catégorie courts métrages, 11 films étaient programmés, le jury n’a pu en visionner que 10, par conséquent, le Tanit des courts métrages n’a pas été décerné ! » Surprise et consternation ! Certains « Pourquoi ? » s’élèvent dans la salle…pas de réponse !

Vient alors le prix d’honneur pour l’ensemble de sa carrière à Sotigui Kouyaté qui monte sur scène, sous les acclamations. Impérial, il prend la parole : « La Tunisie est le premier pays à me rendre hommage. C’est grâce à Carthage que je suis sorti de l’ombre, je n’ai manqué aucunes éditions du festival, c’était un devoir pour moi Vous ne m’avez pas entendu beaucoup parler pendant la semaine, mais je vous ai beaucoup écouté, en accord avec un proverbe africain – tu as une bouche pour parler une fois et deux oreilles pour écouter deux fois »

Après avoir félicité le comité de sélection pour la qualité des œuvres présentées en compétition longs métrages, Yasmina Khadra le président du jury, accompagné des autres membres, Ezzat El Alayli, le grand acteur égyptien, Nouri Bouzid, cinéaste tunisien, Rahmatou Keita, cinéaste nigérienne, Ismael Lô chanteur sénégalais et Emmanuelle Béart notre actrice française, (Sandra Ben Hammer, hollandaise, absente) va tenir le pupitre pour une longue liste de prix, dont certains créés pour l’occasion.

Haile Gerima recevant le Tanit d'or

La rumeur donnait Teza gagnant et la rumeur avait raison ! Le film de l’Ethiopien rafle une quantité considérable de prix : Tanit d’Or, second rôle masculin, scénario, image, musique ; à tout seigneur, tout honneur ! L’argent et l’interprétation masculine au beau film palestinien (production tunisienne en partie) Leila’s Birhday du palestinien, Rashid Mesharaoui, et son acteur Mohamed Bakri. Le bronze ainsi que l’espoir du meilleur acteur à Khamsa du tunisien Karim Dridi et son jeune acteur Marc Cortes. Les tunisiens ne sont pas forcément satisfaits… « Un film tourné à Marseille, traitant des gitans, qu’y- a-t-il de tunisien là-dedans ? » Prix spécial du Jury à « La Maison Jaune » de l’algérien Amor Hakkar, logique pour ce film sensible sorti en France depuis 6 mois…

Viennent aussi le « Prix de la meilleure œuvre » à Mascarade de Lyes Salem (qui reçoit aussi le prix du l’espoir de la meilleure actrice pour Rym Takoucht) et « Mention spéciale de la narration » à Ein Shams d’Ibrahim El Battout, le jeune égyptien. Et, surprise, c’est une Mireille Darc tombée des nues qui lui remet sa récompense !

A Kudzai Chimbaira, touchante actrice, le prix d’interprétation féminine pour Zimbabwe du sud africain Darrell Roodt et à Mamouna Diara le second rôle féminin dans Faro, la reine des eaux du malien Salif Traore. Ouf !

L’impression, pour certains, qu’aucun des films importants n’a été oublié, mêlée aux sentiments contradictoires des autres, crée une telle effervescence dans le public que tout le monde se rue vers la sortie au comble de l’émotion. Dommage pour le film Thalatum du réalisateur tunisien, Fadhel Jaziri, juste terminé, projeté en première mondiale pour la clôture des JCC !

Sur le tapis rouge embrassades et félicitations ! Mais aussi colère de ceux qui apprennent la vraie raison de la non attribution du prix des courts métrages vidéo. Le 11ème film était le film syrien Zabad, en première mondiale au JCC de la jeune réalisatrice Reem Ali. Une première intervention ministérielle auprès de la directrice des JCC pour retirer le film jugé politiquement incorrect pour la Syrie n’ayant pas obtenu la réaction attendue, ce serait le président Bachar-Al-Assad lui-même qui aurait téléphoné….Et que dire des dix réalisateurs sanctionnés sans raison ? Ils ont travaillé, voyagé, espéré pour RIEN ??? …Conversations enflammées : il aurait fallu dénoncer la manœuvre en donnant immédiatement une conférence de presse…il aurait fallu que les réalisateurs aient l’occasion de se solidariser, il aurait fallu que le jury décerne un prix au film syrien sans l’avoir vu etc…..Bref, un palmarès inoubliable à plus d’un titre.

© jcc

rien gigantesques et des bars bien fournis, les conversations gagnaient en altitude…Les lauréats, aux anges et au centre des attentions, voyaient leur rêve prendre corps. Je n’étais pas la dernière à féliciter, ceux que j’avais côtoyés et soutenus pendant la semaine. Amor, l’algérien, Ibrahim l’égyptien (on espère que son prix lui permettra d’obtenir le visa pour Nantes !), Osvalde la camerounaise, Mamadou le malien, Kudzai la sud africaine, l’équipe malienne de Faro, Rym l’algérienne, Ousmane le sénégalais…

Dans la nuit, la vie dans la bulle des JCC allait prendre fin. La grosse centaine de tunisois non grata, cueillis avant que ne commence le festival et envoyés loin vers le sud, allait pouvoir réintégrer le centre ville. Dans les cybers café, on verrait toujours l’avis : « Prière de ne pas se brancher sur les sites interdits », les cars de touristes reprendraient d’assaut les abords des hôtels du boulevard, et, dans les grands cinémas de la ville, de médiocres productions américaines occuperaient désormais les écrans. La magie était passée !

Michèle Solle (Clap noir)

Palmares des Journées Cinémathographiques de Carthage 2008

Cinéma longs métrages
Tanit d’or : TEZA de Haile GERIMA - Ethiopie (2008)
Tanit d’argent : LEILA’S BIRTHDAY de Rashid MASHARAWI - Palestine (2008)
Tanit de bronze : KHAMSA de Karim DRIDI - Tunisie (2008)

Cinéma courts métrages
Tanit d’or : CLEAN HANDS DIRTY SOAP de Karim FANOUS - Egypte (2007)
Tanit d’argent : LAZHAR de Bahri BEN YAHMED - Tunisie (2008)
Tanit de bronze : LITTLE SUN d’Alfouz TANJOUR - Syrie (2008)

Vidéo longs métrages
Tanit d’or : UNE AFFAIRE DE NEGRES de Osvalde LEWAT – Cameroun (2008)
Tanit d’argent : MEMOIRE D’UNE FEMME de Karim SOUAKI - Tunisie (2008)
Tanit de bronze : SOURIEZ VOUS ETES AU SUD LIBAN de Dalia Al KURI – Jordanie (2008)

Prix spécial du jury
LA MAISON JAUNE d’Amor HAKKAR - Algérie (2007

Prix de la première œuvre
MASCARADE de Lyes SALEM - Algérie (2008)

Tanit d’or pour l’ensemble de la carrière
Sotigui Kouyaté

Meilleure interprétation féminine
Kudzai Chimbaira dans le film ZIMBABWE

Meilleur second rôle féminin
Maimouna Diarra dans le film FARO, REINE DES EAUX de Salif TRAORE - Mali (2007)

Meilleur espoir féminin
Rym Takoucht dans le film MASCARADE de Lyes SALEM - Algérie (2008)

Meilleure interprétation masculine
Mohamed Bakri dans le film LEILA’S BIRTHDAY de Rashid MASHARAWI - Palestine (2008)

Meilleur second rôle masculin
Abeye Tedla dans le film TEZA de Haile GERIMA - Ethiopie (2008)

Meilleur espoir masculin
Marc Cortes dans le film KHAMSA de Karim DRIDI - Tunisie (2008)

Mention spéciale pour la démarche narratrice de la narration
EIN SHAMS d’Ibrahim EL BATOUT - Egypte (2008)

Prix du meilleur montage
Lise Beautier pour le film KHAMSA de Karim DRIDI - Tunisie (2008)

Prix du meilleur scénario
Film TEZA de Haile GERIMA - Ethiopie (2008)

Prix de la meilleure musique
Vijay Iyer, Jorga Mesfin pour le film TEZA de Haile GERIMA - Ethiopie (2008)

Prix de l’image
Mario Masini pour le film TEZA de Haile GERIMA - Ethiopie (2008)

Prix « Elyes Zrelli »
Lotfi Mahfoudh et à Malik Amara

Prix « Randa Chahal »
LE SEL DE LA MER d’Annemarie JACIR- Palestine (2008)

Haile Gerima recevant le Tanit d’or
Également…

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