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Les chroniques tunisiennes - 29 octobre
Publié le : mercredi 29 octobre 2008
22eme édition du 25 octobre au 1er novembre 2008

15h au Mondial, compétition officielle. Ein Shams d’Ibrahim El Batout, Egypte. Premier long métrage, tourné en numérique et pour 30000 dollars, d’un réalisateur passé par l’école de la télévision. Dans le quartier défavorisé d’Ein Shams du Caire, une petite fille entre en maladie. Ce qu’elle voit, ce qu’elle sent, ce qu’elle devine, sa mère, son entourage, les gens qu’elle croise dans la rue, à l’hôpital. Regard grave et léger, comme ce film tout en nuances qui laisse sa liberté au spectateur. La caméra suit souplement les personnages, au-delà de l’instant, la trace émotionnelle perdure liant l’ensemble dans une forme impressionniste. Les jeunes ont adoré ce film. A noter qu’il est retenu pour le festival des 3 Continents de Nantes mais Ibrahim El Batout n’est pas sûr de pouvoir le présenter lui-même, il attend un visa. Misère de nous !

La robe du temps

17h au 4° Art. Deux documentaires africains au programme et dans le hall un avant goût du Fespaco question ambiance !
Ra, la Réparatrice de Mamadou Cissé, Mali. « Ce film, précise le réalisateur devait durer 52 mn, il n’en fait que 26, et il a fallu 3 ans pour le faire » ! A rajouter au chapitre des difficultés du cinéma africain. Un personnage, cette Ra, elle répare des groupes électrogènes. Une vocation que sa mère a encouragée. A la voir dans son atelier de Bamako traiter avec les clients, poser un diagnostic, enfourcher la moto pour se rendre au chevet d’une grosse machine, on se dit qu’on aimerait l’avoir dans son quartier. Sérieuse et belle dans sa combinaison graisseuse, elle pense à l’avenir. S’installer avec le père de son enfant, se mettre à son compte, prendre des apprentis pour sortir les enfants de la rue. Il suffirait de peu, mais peu est le quotidien du Mali !
La Robe du Temps de Malam Saguirou, Niger. 52mn. Un certain cousinage entre les 2 films. Images adoucies par la poussière du désert proche. Ousseini est jeune, sérieux et veut faire avancer les choses. A Zinder, récemment nommé chef de la très traditionnelle « Confrérie des Bouchers » il doit assumer sa charge sans en retirer les avantages financiers qui y étaient autrefois attachés. Chargé de famille, il réfléchit à ouvrir les activités de l’abattoir à l’exportation. Sa quête d’information, de conseils, de fonds, de partenaires nous montre une société hiérarchisée et codée. Ousseini est empêtré dans un maillage d’entraves ; entrave économique, entrave sociale et entrave culturelle. Et, finalement la création d’une société qui le relègue à un poste secondaire. Découverte d’un milieu très particulier, l’abattoir de Zinder, ses traditions ancestrales. Et voyage au pays des chefs, responsables, procédures… autant de freins à une prise d’initiatives résolument moderne.
Un petit tour à l’Africa, le cœur du festival, effervescence habituelle, salons, bars, salle de presse, restaurant, lieux de rencontres informelles de la planète cinéma actuellement à Tunis. Les luxuriants buffets de salades et de desserts sont hautement dangereux pour la ligne, le couscous tunisien un délice, encore un lieu où il faut choisir ! On y croise les membres du jury.


19h30 Théâtre Municipal, séance spéciale.
Retour à Gorée du réalisateur suisse Pierre Yves Borgeaud. 102mn. Il n’y a pas foule, les foules privilégiant les projections de la compétition. Le chanteur sénégalais Youssou N’Dour, griot du coté de sa mère, part en pèlerinage sur les traces des esclaves noirs et de leur musique, le jazz. De Gorée à Gorée, en passant par New York, New Orléans et Luxembourg où de nouveaux musiciens rejoignent le groupe initialement constitué du chanteur et de son pianiste Monced Genoud. Le chanteur découvre avec eux une nouvelle voix…Superbe musique et ambiance de retrouvailles, découvertes, répétitions et improvisations. A la Nouvelle Orléans, se joigne à eux un quatuor de chanteurs de gospel, à qui Youssou demande de remplacer le nom de Jésus. Scène suivante, le prêtre déclarant, « la musique est l’appât spirituel, il faut bien amener les gens à l’église. » Scènes finales, le chanteur donne un concert dans l’île de Gorée, devant le conservateur du musée de l’esclavage, personne connu, avec tous les musiciens et chanteurs noirs américains, en Afrique pour la première fois. Les jeunes tunisiens arrivés en brochettes n’ont pas aimé, après avoir bavardé, tripoté leur téléphone portable, ils sont partis les uns après les autres.
A l’issue de la projection, l’ambassadeur de Suisse invite à une réception sur les balcons du Théâtre. Filtrage maximum ; je passe. Belle vue sur le boulevard, jus de fruits au choix et quelques chiches amuse gueules ! Il est vrai que les banques sont en difficulté…

Michèle Solle (Clap noir)

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