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Kinshasa Palace. "patte blanche"...
Publié le : vendredi 9 novembre 2007
Documentaire autobiographique de Zeka Laplaine

Qui est mieux placé qu’un enfant métis pour aborder le thème du métissage ? Ici, en se dédoublant avec un personnage de frère fictif mais fort utile à une narration rondement menée, le cinéaste franco-luso-congolais Zeka La Plaine nous a offert au Centre Wallonie-Bruxelles, dans le cadre de la 16ème quinzaine du cinéma francophone une réflexion vive et touchante sur l’histoire de sa famille.





Comment parler de la famille sans se complaire dans le film de famille, comment élever le traitement et toucher à l’universel. Le parti-pris de Zeka est l’approche autobiographique. Il prend un point de vue fort et clair, le sien. L’autobiographie, la revendication d’une subjectivité est une approche qui a cours dans le monde du documentaire d’art et essai. Ce n’est pas une démarche que l’on rencontre si souvent lorsqu’il s’agit de parler de l’Afrique. Métis, Zeka Laplaine franchit la passerelle et nous entraîne avec lui. L’autre force de sa narration est d’être fictionné et de raconter une enquête. A la recherche d’un frère disparu, on interroge les membres d’une familles (les sœurs, les tantes, le père, les neveux et tous ces enfants dans la cour africaine dont lui même dit qu’on ne sait plus qui est le parent...) sur les questions de la filiation, de l’exil. Cela donne des choses très touchantes, comme quand cette tante congolaise qui n’a pas d’enfants revendique que tous les enfants de la famille l’appelle "maman". Quand la sœur raconte avoir été envoyée enfant au Portugal chez ses grand-parents et n’avoir découvert ses autres frères et soeurs que très tard, trop tard pour parvenir à trouver sa place au sein de sa propre famille. Quand les enfants revendiquent la présence d’un père, le besoin qu’ils ont de lui. Du couple mixte de ses parents, il est juste dit brièvement que dans le Congo colonial de l’époque, la situation était rare et difficile. Mais au fond, ce n’est pas ce métissage qui préoccupe le cinéaste, lui même père de trois enfants, c’est tout simplement cette relation de filiation, de transmission, d’un homme pris entre deux générations. Un père qu’il a eu du mal à accepter et avec qui ce film signe la réconciliation, l’acceptation. Des enfants qui ont besoin de lui et qu’il aime.

Le passage par la fiction du frère a peut-être permis à Zeka Laplaine de mettre en scène sa part d’ombre, tout en dotant le récit d’une véritable intrigue. C’est donc un récit que l’on suit pas à pas, chargé d’émotion et qui nous dit beaucoup de choses justes sur le rapport de filiation, à l’heure où des test ADN vont imposer à tout candidat au regroupement familial en France de montrer... patte blanche.

Caroline Pochon (Clap Noir)

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