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Y-a-t-il un dimanche pour les cancres ?
Publié le : mercredi 11 mars 2009
C’est dimanche de samir Guesmi

Le premier court métrage de Samir Guesmi « C’est dimanche ! » a remporté le Poulain d’Argent au 21ème Fespaco.

Comment rentrer chez soi avec un carnet de notes si catastrophique que le collège ne veut plus de vous l’année prochaine ? Comment l’annoncer à un père aimant et qui vous élève seul ? Voilà les questions qui mettent Ibrahim, 13 ans, au supplice. Incapable d’assumer la situation et la déception de son père, il feint d’avoir remporté son diplôme. Et un beau dimanche s’annonce ! Soudain propulsé dans la cour des grands, il a droit à une coupe de cheveux d’homme, un costume, et son « intronisation » au café PMU où son père est connu et respecté. Tandis que le temps file et que son premier rendez-vous avec les seins de sa copine s’éloigne inexorablement.

Ibrahim, petit frère de l’Antoine Doisnel des 400 coups, vit donc ce dimanche avec le sentiment d’imposture, décidément navré d’avoir à mentir pour rendre les adultes heureux. Mais ce doit être ça aussi, la vie ! Tourné dans un quartier populaire d’un Paris intemporel, ambiance mélancolique, comme un de ces vieux films de famille qu’on découvrirait soudain. Trente minutes de tendresse, pour réveiller le goût doux amer des souvenirs d’enfance qui vous suivent une vie durant.

Décidément, Samir Guesmi, surprend son monde ! Sa haute stature et son physique élégant ont explosé dans Andalucia d’Alain Gomis, en 2008, où il tenait le rôle principal. Comme déjà en 94 où sa prestation dans Malik le Maudit lui avait valu le prix Michel Simon. En fait, depuis 87, il n’arrête pas. Parallèlement à sa carrière d’acteur de cinéma, de très nombreux rôles, dans des longs et courts métrages, il joue au théâtre et assiste plusieurs réalisateurs. Derniers rôles au cinéma : dans Un conte d’hiver de Depleschin, Leur Morale et la notre de Florence Quentin, Bancs Publics de Bruno Podalydes, Le Bal des actrices de Maïwenn et le prochain de Dominique Cabrera Quand la ville mord. On se l’arrache !

Et même ici, à Ouagadougou, on arrive à peine à lui poser quelques questions. C’est dimanche ( pour lui aussi !)‘, ambiance de lendemain de clôture du festival, au bar de l’Indé, pardon de l’Azalaï, il part ce soir, son portable n’arrête pas de sonner, il va vous chercher un café, il répond aux saluts mais surtout, comme les grands pudiques, il se ferme d’abord pour finir par vous dire l’essentiel.

CN : « Félicitations pour votre film, si sensible ! Impossible de ne pas penser à une part autobiographique… »

SG : « Je n’aime pas trop en parler, bien sûr, on ne parle bien que de ce qu’on connaît…Enfin, je porte cette histoire depuis toujours ! Ce film est un hommage à tous les cancres pour qui la vie est très dure, et à mon père aussi. J’ai été un cancre moi-même et j’en ai beaucoup souffert. Le système éducatif a une énorme responsabilité, certains adultes peuvent causer des ravages. C’est injuste de mettre des enfants au ban de la société, de leur faire porter cette croix, et, en plus, de les rendre responsables de la peine qu’ils font à leurs parents…

J’avais cette histoire qui tournait dans ma tête et qui me revenait comme un caillou dans la chaussure, des amis me poussaient à l’écrire, j’ai fini par y arriver.

Tout s’est enchainé sans problème, j’ai gagné le prix du scénario de la ville de Paris et j’ai trouvé rapidement un producteur (Kaleao). »

Il en a dit beaucoup finalement, ce grand homme pressé !

Michèle Solle

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