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Kin nous appartient !
Publié le : mercredi 18 avril 2012
Viva Riva de Djo Tunda







Clap Noir aime Viva Riva, 1er polar congolais aux allures de Scarface, servi par une bande son tonitruante et sensuelle, entre lingala, français et portugais angolais.
Kinshasa la joie - Kin Kiesse - comme aiment l’appeler les kinois, est devenue la plaque tournante de tous les trafics. C’est le décor choisi par le congolais Djo Tunda Wa Munga pour son premier long-métrage de fiction.
Polar noir, violence crue, humour, sexe et dombolo : le cocktail de Viva Riva va exploser en France le 18 avril, après une belle carrière internationale.

Un pur polar

Djo Tunda Wa Munga aime l’humour acide du film policier, ses références cinématographiques vont de Fritz Lang à David Cronenberg, Fred Zinneman, Buñuel et De Palma. Il a grandi avec ! Des références assumées au film de genre, y compris japonaises : " j’ai été fortement inspiré par Chien enragé d’Akira Kurosawa" nous confie le réalisateur. Mais il y a aussi du Cassavetes, Ferrara, les frères Coen et du Tarentino dans son film : le polar new-yorkais des 80’s.

Humour noir, violence assumée, ludique et contrairement à Ferrara, pas de rédemption, un monde pourri et gangrené qui transmet la violence, comme le souligne le plan final, sur l’enfant, ultime témoin d’un récit haletant et cynique.

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Manie Malone et Patsha Bay © Formosa

Kin

Son polar, Djo Tunda l’a voulu à Kinshasa, sa ville natale, laissée et puis fantasmée, fabuleux décor de ghetto pour une intrigue ficelée. Kin, où la violence n’a rien à envier au Chicago de la prohibition, au Brooklyn que tente de décrire, avec bien plus de fadeur pourtant, le James Gray de "We own the night"- La nuit nous appartient -. Gangsters sapeur amoureux de leur veste à revers, go, dollars, alcool, …. Courses-poursuites dans les rues boueuses de la ville, on se retrouve dans un lupanar pourri, un couvent, une villa de luxe, un night club, où se retrouvent bad boys et filles déchaînées.

Une histoire

La capitale est en pleine pénurie d’essence au début du film. Riva, petit malfrat, détourne une cargaison d’essence venue d’Angola et va l’écouler à Kinshasa. Pour cela il s’appuie sur quelques amis voyous. Commence alors une véritable course de la mafia angolaise à sa poursuite pour récupérer le précieux stock…

Tout en jouant les codes du film policier, le réalisateur a voulu montrer la réalité kinoise. Toile de fond du récit, la pénurie d’essence qui touche toutes les couches de la population. Il révèle aussi la délirante montée délinquante et criminelle, où sexe et dollars rythment avec frénésie les nuits de la capitale.

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Les angolais ; Hoji Fortuna et la policière Marlène Longange
© Formosa

Des personnages

Le régal du film sont aussi ses personnages, sortis tout droit d’une série américaine des années 80. Révélation du film l’acteur Patsha Bay (Riva), il y a du Tony Montana chez ce beau gosse qui convoite la femme d’un cador kinois. Lancée à sa poursuite, une bande d’angolais menée par leur chef César incarné par Hoji Fortuna, formidable. On craque aussi, comme lui, sur Manie Malone, une métisse tellurique, la Michelle Pfeifer congolaise. Vrai rôle principal du film, Marlène Longange, cette "flicquette" lesbienne corrompue mais si attachante, amenée par les péripéties du film à se travestir en bonne-sœur et à tuer…

Pas de doute, malgré quelques faiblesses scénaristiques, un polar efficace qui ne vous laissera pas indifférent ; un peu déjanté, bien loin des films que Clap Noir a chroniqué ces derniers temps.

Caroline Pochon et Benoît Tiprez
12 avril 2012

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