Après le fauteuil présenté au dernier Fespaco, Missa Hebié revient dans l’arène de la compétition avec un nouveau film En attendant le vote…, film adapté de l’œuvre de Kourouma. Après avoir perpétré un coup d’État, le Maréchal Président Koyaga a dirigé son pays d’une main de fer pendant 21 ans. A la suite d’un attentat, il se réfugie dans son village. Pour retrouver son pouvoir, il doit participer à un rite de purification. Dans la brousse, devant un parterre de chasseurs et de griots, ses méfaits lui sont rappelés. Les tueries, les faux attentats, les dénonciations calomnieuses.
A l’aide des flash-back, Missa Hebié raconte aussi la lutte d’un groupe d’opposants au régime du Président. Ces opposants sont arrêtés, torturés et violés. La fille d’un de des opposants, Habi, finit par séduire le Président pour se venger.
Tourner un film sur l’un des problèmes récurent s de l’Afrique de l’Ouest, la gouvernance, n’a pas été chose simple. Au-delà des problèmes d’ordre politique qu’il aurait pu rencontrer, le réalisateur a surtout souffert de difficultés financières. Il dit à ce propos que : « tout a été difficile depuis que j’ai eu le scénario. La décision de l’adapter n’a pas été facile. J’ai passé des nuits blanches avant de prendre cette décision. J’ai décidé finalement de le faire. Pour le financement, j’ai travaillé avec moins du quart de mon budget. J’avais au départ un budget de 1 200 000 euros ».
Le film dit de manière crue des vérités sur les problèmes de la gouvernance, la lutte partisane et les croyances mystiques. Il a fallu de bons acteurs pour faire vivre le scénario. Pour cela, Missa Hebié n’a pas hésité à faire appel aux professionnels de la sous-région. « S’agissant des comédiens, j’en voulais à la hauteur du scénario. C’est pourquoi j’en ai fait venir un du Sénégal, deux du Mali, une de la Côte d’Ivoire et les autres viennent du Burkina Faso. Discuter des cachets n’a pas été facile avec les comédiens ». S’agissant des techniciens, « il me fallait en trouver à la hauteur de ce que je voulais faire et qu’il accepte d’être payé une misère, compte tenu de ce que j’allais leur proposer. Heureusement, ils ont accepté ».
La post production ne s’est pas faite au Burkina Faso. Il a fallu aller en France pour cela. « Vous savez combien est chère la vie à Paris, surtout pour une personne qui vient du Burkina Faso. Heureusement que nous avons eu une coproduction avec les Marocains » dit le réalisateur. Toutes ces difficultés poussent Missa Hebié à se dire qu’il est temps de penser une production sous régionale. « L’Europe nous ferme la porte. Il nous faut trouver une coproduction Sud-Sud. Il nous faut trouver les moyens dans nos pays. Il faut que les décideurs, qu’ils soient institutionnels, professionnels ou étatiques mettent ensemble leurs énergies pour que notre cinéma continue de rayonner. Il nous faut faire appel à tous, y compris le privé pour financer notre cinéma ».
Candide Étienne et Marius T.
Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
93100 Montreuil - France