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Première projection du film de Missa Hebié : Carton plein
Publié le : mercredi 2 mars 2011
Fespaco 2011

Après le fauteuil présenté au dernier Fespaco, Missa Hebié revient dans l’arène de la compétition avec un nouveau film En attendant le vote…, film adapté de l’œuvre de Kourouma. Après avoir perpétré un coup d’État, le Maréchal Président Koyaga a dirigé son pays d’une main de fer pendant 21 ans. A la suite d’un attentat, il se réfugie dans son village. Pour retrouver son pouvoir, il doit participer à un rite de purification. Dans la brousse, devant un parterre de chasseurs et de griots, ses méfaits lui sont rappelés. Les tueries, les faux attentats, les dénonciations calomnieuses.

A l’aide des flash-back, Missa Hebié raconte aussi la lutte d’un groupe d’opposants au régime du Président. Ces opposants sont arrêtés, torturés et violés. La fille d’un de des opposants, Habi, finit par séduire le Président pour se venger.

Tourner un film sur l’un des problèmes récurent s de l’Afrique de l’Ouest, la gouvernance, n’a pas été chose simple. Au-delà des problèmes d’ordre politique qu’il aurait pu rencontrer, le réalisateur a surtout souffert de difficultés financières. Il dit à ce propos que : « tout a été difficile depuis que j’ai eu le scénario. La décision de l’adapter n’a pas été facile. J’ai passé des nuits blanches avant de prendre cette décision. J’ai décidé finalement de le faire. Pour le financement, j’ai travaillé avec moins du quart de mon budget. J’avais au départ un budget de 1 200 000 euros ».

Le film dit de manière crue des vérités sur les problèmes de la gouvernance, la lutte partisane et les croyances mystiques. Il a fallu de bons acteurs pour faire vivre le scénario. Pour cela, Missa Hebié n’a pas hésité à faire appel aux professionnels de la sous-région. « S’agissant des comédiens, j’en voulais à la hauteur du scénario. C’est pourquoi j’en ai fait venir un du Sénégal, deux du Mali, une de la Côte d’Ivoire et les autres viennent du Burkina Faso. Discuter des cachets n’a pas été facile avec les comédiens ». S’agissant des techniciens, « il me fallait en trouver à la hauteur de ce que je voulais faire et qu’il accepte d’être payé une misère, compte tenu de ce que j’allais leur proposer. Heureusement, ils ont accepté ».

La post production ne s’est pas faite au Burkina Faso. Il a fallu aller en France pour cela. « Vous savez combien est chère la vie à Paris, surtout pour une personne qui vient du Burkina Faso. Heureusement que nous avons eu une coproduction avec les Marocains » dit le réalisateur. Toutes ces difficultés poussent Missa Hebié à se dire qu’il est temps de penser une production sous régionale. « L’Europe nous ferme la porte. Il nous faut trouver une coproduction Sud-Sud. Il nous faut trouver les moyens dans nos pays. Il faut que les décideurs, qu’ils soient institutionnels, professionnels ou étatiques mettent ensemble leurs énergies pour que notre cinéma continue de rayonner. Il nous faut faire appel à tous, y compris le privé pour financer notre cinéma ».

Candide Étienne et Marius T.

  • Le 2 mars 2011 à 15:15, par Oousmane Ilbo Mahamane

    En rèponse à mon ami Hébié voici ce que je lui propose. On savait cela depuis longtemps. Il nous faudra changer et faire changer

    Discours de Nicolas Sarkozy face aux cinéastes africains

    Le drame du cinéma africain, c’est que le cinéma africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le cinéma africain, qui depuis 50 ans, se produit malgré tout, dont l’idéal des films est qu’ils ne soient pas vus par les africains, ne connaît que l’éternel renouvellement des aides octroyées par nos guichets. Dans cet imaginaire où tout est aide toujours, il n’y a de place ni pour l’effort national, ni pour l’idée d’une solution régionale.

    Dans cet univers où le cinéma et l’audiovisuel commandent tout, le cinéma africain échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille le cinéma occidental mais le cinéma africain reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout semble être écrit d’avance.Jamais le cinéma africain ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de se départir de l’aide pour s’inventer un destin.

    Le problème du cinéma africain et permettez à un ami de l’Afrique de le dire, il est là. Le défi du cinéma africain, c’est d’entrer davantage dans l’histoire du cinéma mondial. C’est de puiser dans ses propres fonds, dans ses propres moyens la force, l’envie, la volonté de quoi faire ses propres films.

    Le problème du cinéma africain, c’est de cesser de toujours attendre les aides occidentales, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l’éternel aide française, c’est de prendre conscience que l’âge d’or qu’il ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison que s’il a existé, c’est parceque nous avons voulu.

    Le problème du cinéma africain, c’est qu’il vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu des années 80.

    Le problème du cinéma africain, ce n’est pas de s’inventer un passé plus ou moins mythique pour s’aider à supporter le présent mais de s’inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres.

    Le problème du cinéma africain, ce n’est pas de se départir de l’aide, comme si celle-ci devait indéfiniment se répéter, mais de vouloir se donner les moyens de ses productions, car le cinéma africain a le droit à ses propres salles, ses propres circuits de distributions, ses écoles de formation comme tous les autres cinémas du monde.

    Le problème du cinéma africain, c’est de rester fidèle à lui-même sans copier l’occident.

    Le défi du cinéma africain, c’est d’apprendre à filmer sa réalité pour accéder à l’universel non comme un reniement de ce qu’il est mais comme un accomplissement.

    Ousmane Ilbo Mahamane

    Pour une rénaissance du cinéma africain

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