La chronique de Michèle
Publié le : jeudi 5 mars 2009
Journal d’une glaneuse

Ouaga le 5 mars 2009

On trouve de bons pains aux raisins, bien chers, au Marina Market face au ciné Burkina, d’ailleurs on y trouve tout ! Toujours le loto avec les taxis, mais on s’y fait.
Ce n’est pas encore la saison des mangues celles qu’on achète viennent de Guinée, le voyage ne leur va pas. Dommage !
Perdu la notion du temps ! En vrac : Cœur de Lion de Boubacar Diallo, salle pleine, le réalisateur peul effectue un retour aux sources, et nous livre l’histoire d’un berger qui préfère son troupeau à sa famille. Beau personnage, courageux, honnête il affronte seul le danger, un vrai héros ! Une fresque historique traversée des colonnes des trafiquants d’esclaves, petit rappel bien utile !

Lieux Saints de Jean-Marie Teno : problème d’organisation, copies introuvables, jury absent ou retenu, faux bruits….Encore un coup des laminak (lutins basques) ?
Toujours est-il que Jules César, le fabricant et joueur de djembés, Bouba le gérant du vidéo-club, et leur famille et copains qui ont tourné dans le film tourné à Ouaga, n’ont pas pu monter sur la scène. Dommage, les enfants auraient été fiers !

Ce matin, plus de batterie dans le téléphone, je suis arrivée avec 10 minutes de retard au ciné Burkina pour la projection du film burkinabe « le Fauteuil ». Qui compte les tribulations de Clarisse, cette directrice générale, récemment nommée pour redresser la barre dans une grande administration.
Et Barou Ouedraogo, le mari de la DG dans le film, que j’ai interpelé pour lui reprocher son attitude macho, m’a aimablement raconté comment elle avait été promue. C’est ainsi que se vit le cinoche à OUaga.
Ceci dit, la séance publique de ce soir va être prise d’assaut et le film de Missa Hebié est bien parti pour remporter le prix du public.

Le reste, en vrac….
Hier matin 8h : j’arrive à l’heure au Neerwaya pour le film de Mama Keita, l’Absence, salle quasi pleine, le Fespaco compte pas mal de courageux. Beau film, qui augure bien du reste de la journée.
Encore un programme de projections qui va m’envoyer sur les routes !
Il ne fallait, sous aucun prétexte, rater le rendez-vous avec Nadia El Fani, et son film Ouled Lénine, que je n’avais pu voir à Tunis lors des dernières Journées Cinématographiques de Carthage. Ouled Lenine, les enfants de Lénine. Oui, que sont devenus les communistes tunisiens, brillants intellectuels forts de leurs convictions généreuses ? Comment ont-ils vécu les 50 dernières années ? Quel regard jettent-ils, aujourd’hui sur ces années d’engagement commun ? Oui, il fallait voir la réalisatrice filmer, écouter, suivre son père. Amour, admiration, fierté et conviction. Des pères communistes, j’en ai connu un de très près, alors, j’y suis, je chante Bandeira Rossa et je pense à lui.

Juste changer de salle (Neerwaya /Burkina quand même) et suite du programme tunisien avec Shtar M’haba, l’Autre moitié du ciel de Kalthoum Barna. Derrière une histoire de jumeaux mal aimés par leur père, s’en cache une autre, et une autre. Il semble que la réalisatrice ait voulu mettre l’accent sur le sort fait encore aujourd’hui, (ou à nouveau aujourd’hui ?) aux femmes même jeunes, cultivées et pleines d’espoir dans l’avenir. Rien n’est gagné ! Un monde d’hommes, fait pour les hommes. Le tout emballé dans de belles images. Une musique douce et triste.
Retrouvé l’équipe devant une Beaufort bien fraîche dans un des nombreux maquis du Fespaco. Ambiance festive. Croisé Paméla, une fille du quartier St Léon rencontré lors du tournage de Lieux Saints de Jean-Marie Téno. Le film devrait être projeté samedi pour les gens du quartier, on s’y verra.

Dernière séance au Neerwaya pour Triomf du Zimbabwéen Michael Raeburn. Le réalisateur est retenu dans son pays, son représentant parle anglais et c’est une petite jeune fille russe qui nous livre une fraîche traduction…Tant mieux pour nous, car le reste, n’a rien de frais !!Des scènes d’une force à couper le souffle, une caméra au plus près des 4 membres d’une famille de petits blancs dégénérés à la veille de l’abolition de l’Apartheid en Afrique du Sud. Fantastique galerie de portraits, on s’accroche au fauteuil, secoués par moments par un rire qui pourrait être un cri. Cœurs sensibles s’abstenir ! Un travail d’entomologiste, d’historien, de cinéaste d’une précision chirurgicale pour cet exutoire. Encore un blanc qui porte sa croix !

A suivre

Michèle Solle

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