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Pour une renaissance du cinéma africain
Publié le : jeudi 3 mars 2011

Ousmane Ilbo est un cinéaste nigérien. A la suite de l’article que nous avons publié sur le dernier film de Missa Hebié, il a écrit une réponse à son ami. Vu l’intérêt des propos du cinéaste, nous vous en proposons la lecture.

En réponse à mon ami Hebié voici ce que je lui propose. On savait cela depuis longtemps. Il nous faudra changer et faire changer.

Discours de Nicolas Sarkozy face aux cinéastes africains.

Le drame du cinéma africain, c’est que le cinéma africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le cinéma africain, qui depuis 50 ans, se produit malgré tout, dont l’idéal des films est qu’ils ne soient pas vus par les Africains, ne connaît que l’éternel renouvellement des aides octroyées par nos guichets. Dans cet imaginaire où tout est aide toujours, il n’y a de place ni pour l’effort national, ni pour l’idée d’une solution régionale.

Dans cet univers où le cinéma et l’audiovisuel commandent tout, le cinéma africain échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille le cinéma occidental, mais le cinéma africain reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout semble être écrit d’avance.Jamais le cinéma africain ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de se départir de l’aide pour s’inventer un destin.

Le problème du cinéma africain et permettez à un ami de l’Afrique de le dire, il est là. Le défi du cinéma africain, c’est d’entrer davantage dans l’histoire du cinéma mondial. C’est de puiser dans ses propres fonds, dans ses propres moyens la force, l’envie, la volonté de quoi faire ses propres films.

Le problème du cinéma africain, c’est de cesser de toujours attendre les aides occidentales, de toujours ressasser, de se libérer du mythe de l’éternel aide française, c’est de prendre conscience que l’âge d’or qu’il ne cesse de regretter, ne reviendra pas pour la raison que s’il a existé, c’est parce que nous avons voulu.

Le problème du cinéma africain, c’est qu’il vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu des années 80.

Le problème du cinéma africain, ce n’est pas de s’inventer un passé plus ou moins mythique pour s’aider à supporter le présent, mais de s’inventer un avenir avec des moyens qui lui soient propres.

Le problème du cinéma africain, ce n’est pas de se départir de l’aide, comme si celle-ci devait indéfiniment se répéter, mais de vouloir se donner les moyens de ses productions, car le cinéma africain a le droit à ses propres salles, ses propres circuits de distributions, ses écoles de formation comme tous les autres cinémas du monde.

Le problème du cinéma africain, c’est de rester fidèle à lui-même sans copier l’occident.

Le défi du cinéma africain, c’est d’apprendre à filmer sa réalité pour accéder à l’universel non comme un reniement de ce qu’il est, mais comme un accomplissement.

Ousmane Ilbo Mahamane

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