Accueil > Actualités festivals > Archives festivals > FESPACO - Ouagadougou, 2011 > Conférence de presse de la ministre Nigérienne en charge de la Culture en (…)
Conférence de presse de la ministre Nigérienne en charge de la Culture en marge du Fespaco
Publié le : jeudi 3 mars 2011
Le come back du Niger dans le domaine du 7ème art annoncé

La ministre de la Communication des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Culture, Mme Takoubakoye Aminata Boureïma a animé, mercredi dernier à l’hôtel Azalaï de Ouagadougou, une conférence de presse en marge du Fespaco. Il s’agissait pour la ministre, d’échanger sur le cinéma nigérien et ses perspectives de relance.

Pour Mme Takoubakoye Aminata Boureïma, on ne peut présenter la situation du cinéma nigérien sans évoquer les belles années de la production cinématographique avec des pionniers tels que Oumarou Ganda, Moustapha Alassane, Djingarey Maiga, Moustapha Diop et bien sûr leur encadreur Jean Rouch.

La ministre a ensuite précisé que depuis quelques années l’industrie cinématographique nigérienne a connu une éclipse caractérisée essentiellement par son absence dans plusieurs rencontres africaines et internationales. C’est ainsi que, souligne t-elle, depuis une décennie, le Niger qui était le premier pays à obtenir l’étalon de Yennega n’a pas inscrit de film en compétition au FESPACO.

Cette situation s’explique particulièrement selon ses explications, par l’absence, ces dernières années, d’une politique d’appui à la production ; le manque de structures adéquates de production ; l’obsolescence de la réglementation du secteur ; la non satisfaction du besoin manifeste de formation et de perfectionnement des jeunes cinéastes ; l’insuffisance du financement et le manque de matériel technique performant ; la concurrence déloyale des vidéo clubs et la fermeture des salles de cinéma.

Le gouvernement du Niger a donc engagé, suite aux états généraux du cinéma en 2000, la réflexion sur le devenir du cinéma nigérien. Ils ont permis de redéfinir la politique du cinéma avec comme axe majeur la création d’un instrument de soutien à la création, à la production et à la diffusion. Pour rendre effective cette volonté politique, plusieurs textes législatifs et règlementaires ont été adoptés le 29 juillet 2010. Il s’agit notamment de l’ordonnance relative à l’industrie cinématographique et vidéographique ; des statuts portant organisation et fonctionnement du Centre National de la Cinématographie du Niger (CNCN) ; du texte réglementaire dans le domaine de la copie privée et aussi différents textes pour relancer le bureau nigérien des droits d’auteur. « Ainsi, avec ce nouveau cadre juridique, nous pensons que les métiers du cinéma seront plus attractifs pour notre jeunesse et que l’Etat et les cinéastes disposeront d’un outil professionnel de gestion, à travers le CNCN. Cette vision semble partagée par les cinéastes, notamment les jeunes qui n’ont pas hésité à participer à cette nouvelle dynamique et à nous accompagner dans cette nouvelle démarche » a-t-elle indiqué.

Pour la ministre nigérienne en charge de la Culture, si le Niger est aujourd’hui présent à cette 22ème édition, en compétition fiction TV et en prix spéciaux, ce n’est point le fait du hasard. Il est le fruit, « si petit » soit-t-il, d’un travail qui s’est révélé payant, d’un partenariat entre le CNCN et les cinéastes. Il s’est traduit par la sélection du film fiction TV « Hassia Amour ou Châtiment » du jeune réalisateur Moussa Hamadou Djingarey. On apprend que le Centre a accompagné les cinéastes dans la réalisation des films, notamment l’appui avec le matériel technique, l’appui conseil aussi, mais aussi et surtout dans leurs démarches visant à leur participation à la 22ème édition du FESPACO.

Mme Takoubakoye Aminata Boureïma ajoute que « tel un phœnix le Cinéma nigérien renait de ses cendres ». Le cinéma Nigérien dispose aujourd’hui, selon ses explications, d’un cadre juridique et institutionnel moderne, d’une structure d’encadrement adaptée au besoin et dotée d’un équipement performant ainsi que de jeunes réalisateurs et techniciens des métiers entreprenants et créatifs. « Tous ces atouts lui permettront de faire comme on dit dans le show biz son « come back », a-t-elle conclu.

Candide Etienne

  • A propos du show biz du Niger au Fespaco.
    J’étais en train de répondre aux questions d’une étudiante de l’IFTIC en rapport avec le cinéma nigérien. Alors je me suis rappelé de cette conférence de presse donnée par la ministre nigérienne de la culture en marge du Fespaco dont Achille Kouawo, le reporter attitré de Clap Noir intitula « Le come back du Niger dans le domaine du 7ème art annoncé »
    Lisant certains propos on ne peut rester indifférent, on le peut si cela provenait de quelques amateurs, fermer les yeux et dire que c’est parce qu’ils ne savent pas. Mais si cela provient d’une autorité, et d’une haute autorité en plus nous n’avons plus le droit de nous taire. Lors de sa conférence de presse, notre ministre de la culture a affirmé selon le journaliste : « La ministre a ensuite précisé que depuis quelques années l’industrie cinématographique nigérienne a connu une éclipse caractérisée essentiellement par son absence dans plusieurs rencontres africaines et internationales. C’est ainsi que, souligne t-elle, depuis une décennie, le Niger qui était le premier pays à obtenir l’étalon de Yennega n’a pas inscrit de film en compétition au FESPACO ». De tels propos ne peuvent pas laisser indifférente la cinéaste nigérienne de la diaspora Ramatou Keïta et même Djingarey Maïga et aussi Moustapha Alassane et Moustapha Diop, qui se battent corps et âme pour survivre dans le métier et Zalika Souley qui est membre du jury TV vidéo au Fespaco’2011. Certes un grand pas est franchi avec les textes de loi régissant le secteur du cinéma et la volonté politique affichée. Et comme s’ils n’avaient rien compris, ce n’est pas comme si, c’est qu’apparemment ils n’ont rien compris du cinéma et de la mission qui est la leur. Le journaliste écrit que la ministre affirme que « Cette situation s’explique particulièrement selon ses explications, par l’absence, ces dernières années, d’une politique d’appui à la production ; le manque de structures adéquates de production ; l’obsolescence de la réglementation du secteur ; la non satisfaction du besoin manifeste de formation et de perfectionnement des jeunes cinéastes ; l’insuffisance du financement et le manque de matériel technique performant ; la concurrence déloyale des vidéo clubs et la fermeture des salles de cinéma ». N’est-ce pas que le ministre Hadary avait officiellement remis en son temps un soit disant matériel performant dans son discours du 07 décembre 2009 et que le directeur du centre, M. Yacouba Mayaki, a indiqué que le matériel reçu par le centre permettra d’encadrer les nouveaux talents et d’apporter un appui conséquent aux anciens, afin que le cinéma nigérien retrouve ses lettres de noblesse ? Et même le premier Ministre fut entrainé dans la danse quand il déclare dans ses vœux du nouvel an au Président du CSRD le 16 janvier 2011 que « la relance de la production du film, a créé de nouveaux espoirs pour les professionnels du secteur qui seront d’ailleurs présents au prochain FESPACO après de nombreuses années d’absence ». Il est évident quand les erreurs se répètent à un tel niveau de se demander si réellement le pays se donne la peine de créer les conditions d’un développement cinématographique conséquent ou bien on fait juste la politique du saupoudrage avec le sentiment d’avoir accompli sa mission ? En voulant tromper tout le monde, nous ne faisons que nous tromper nous même. Voici ce que le directeur du centre me dit lorsque j’avais demandé un soutien pour mon film : « Je t’ai dit dès au départ que je ne peux t’accorder de soutien quel qu’il soit qui n’ai été accordé par la commission d’attribution des aides . A cette date, le CNCN ne dispose d’aucun budget, ni en 2010 ni en 2011 il n’y a encore d’inscription budgétaire pour le CNCN. Alors compte tenu de cela, tu voudrais que moi, je t’adresse une lettre dans laquelle je t’accorderais des fonds et sur la base de quoi ? Je ne peux te faire une lettre avec mon engagement alors que je n’ai pas cette prérogative. Dans le précédent mail que je t’ai fais je t’ai dit que seul le politique, à savoir la ministre peut prendre un engagement de te faire cette lettre parce qu’elle en a la prérogative . Elle est politique et peut s’engager. Comment vais-je justifier d’avoir engagé le CNCN alors que je n’ai aucun fonds. Moi-même depuis septembre 2009, date de ma nomination à ce jour, je n’ai perçu aucun salaire. Alors soit raisonnable et plus responsable. Tu as suffisamment de connaissance dans les hauts milieux pour engager le Niger à te soutenir pour 15 millions. Quant au matériel dont tu parles, je t’ai expliqué que même si je prenais cet aspect de la chose tu ne pourrais bénéficier du Centre que de 4.250.000F/CFA représentant le montant de la mise à disposition de celui ci. Depuis 16 mois que je gère le CNCN, je m’attèle à le rendre fonctionnel avec des textes juridiques devant lui permettre de jouer son rôle. Je n’ai ni agents, ni collaborateurs, ni budget, alors les états d’âme, très peu pour moi ». Ainsi au vu de ce mail on peut se demander à quoi sert le centre ? Et tous ces discours ? De qui se moque t-on enfin ? De l’État nigérien ? Des cinéastes nigériens ? Ou de tous les Nigériens ? A quoi sert-il alors de prendre toute une délégation pour aller au Fespaco avec rien qu’un seul film vidéo depuis 2009 ? Je n’ai rien contre le film de mon jeune frère Djingarey, au contraire je lui souhaite le meilleur, mais une forte délégation conduite par la ministre de la culture, avec son conseiller et de surcroit PCA du CNCN et le directeur du CNCN pour une conférence de presse, photo par ci, sourire par là, avec pour seul slogan "Nous voulons relancer le cinéma au Niger, voici notre film vidéo". Comme si au Niger il n’y avait pas de cinéastes. C’est bien, je ne suis pas contre, mais le Niger pour ce qu’il a été dans le cinéma africain vaut plus de considération que ça.
    A présent, revenons à nos moutons

    1) Que pensez vous de la production cinématographique nigérien ?

    Ousmane Ilbo : Sur le plan film fait en 16 mm ou en 35 mm, le Niger ne produit plus depuis les années 90 après la sortie du film de Moustapha Diop « Mami Wata », celui d’Abdoua Kanta « Lélée » et en 2000 le film de Djingarey Maïga « Vendredi noir » et « Miroir noir » en 2009 si je ne me trompe pas. Donc tu vois de 1990 à nos jours le pays à produits 4 films en 21 ans soit 0,1 film par an ce qui fait dire quasiment rien du tout. Sur la production vidéo c’est toute une autre histoire.

    3) Que pensez vous de la création du CNCN, pensez vous qu’il peut relancer le cinéma nigérien ?

    Ousmane Ilbo : Du moment où tu te poses la question, c’est qu’il y a problème. La création du CNCN est l’émanation d’une volonté politique à aider le cinéma à sortir de l’impasse et la vidéo nigérienne d’émerger. Mais à l’allure ou vont les choses je ne pense pas que nous sommes sur la bonne voie. Cette initiative de création des centres nationaux de cinéma émane de Dominique Wallon ancien directeur du CNC français qui voulait aider les cinémas africains à travers des institutions sœurs du CNC français. Mais vous savez en Afrique et particulièrement au Niger tout le monde est spécialiste du métier des autres. Alors on a créé un centre comme on peut créer une direction de production à la télévision nationale ou au ministère de la culture, ou comme toute autre maison de production indépendante avec des moyens techniques et un petit personnel. Or, un centre national de cinéma à l’image de l’idée de Dominique Wallon est une sorte de structure avec des pouvoirs assez étendus pouvant réfléchir sur l’ensemble de la politique audiovisuelle et cinématographique d’un pays et non un simple répondant du ministère de la culture. Et c’est le cas du Niger. La preuve les 300 millions que Tandja avait donné ont été investi dans du matériel inutile (voitures, matériel technique de production, luxueux bâtiment). On n’a pas pris la mesure de réfléchir, sur les priorités. L’IFTIC à travers l’association Contre champ, fait déjà ce travail. Et il le fait très bien. Il aurait fallut l’encourager ; ou la télévision nationale pourraient jouer ce rôle actuellement, c’est une question de règle, et elle le joue depuis longtemps. Puisqu’il s’agissait dans la tête des responsables de ces actes que de produire uniquement des films vidéo à l’image de ce qui se passe au Mali, en Côte d’Ivoire, au Nigéria ou au Burkina Faso. On suit les exemples sans se demander si se sont des bons ou des mauvais exemples et quelle est la tendance actuelle du cinéma et de la vidéo dans le monde. Qu’allons-nous faire pour émerger vite en nous servant des expériences des autres ?

    Le cinéma nigérien est gravement malade et a besoin d’un diagnostique plus sérieux encore et pour ce faire il faudra une mobilisation générale de tous nos psychologues, de tous nos sociologues, de nos historiens, de nos architectes, de nos archéologues et non du ministre et de ces deux conseillers. On est champion du folklore au Niger et à cette allure nous n’avancerons jamais et ce centre et je ne pense pas avec la tendance actuelle qu’il puisse relancer quoi que ce soit au Niger que d’autres structures n’ont pas fait avant lui.

    Ousmane Ilbo MAHAMANE
    Université de Montréal, Faculté des arts et sciences
    Phd Études cinématographiques
    Montréal Québec Canada H3T1J4
    tél. :001(514)343 6532 poste 44346

Également…
1

Clap Noir
Association Clap Noir
18, rue de Vincennes
93100 Montreuil - France
Tél /fax : 01 48 51 53 75