Teranga blues - Critique
Publié le : dimanche 16 décembre 2007
Fespaco 2007



Moussa Sene Absa
Réalisateur sénégalais




Teranga blues nous raconte l’histoire de Madické Diop, aka Dick, expulsé de France, qui se retrouve contraint de se refaire une place à Dakar après plusieurs années d’absence. Sans le sou et désireux de cacher son échec à ses proches, il va entrer un peu malgré lui dans des intrigues qui le dépassent…

Sélectionné dans la compétition officielle en long-métrage de fiction, Teranga Blues a déçu un public pourtant impatient de le découvrir. Alors que les précédents films de Moussa SENE ABSA, dont « Tableau Ferraille » et « Madame Brouette », avaient séduit public et professionnels du cinéma, le réalisateur nous livre ici un long métrage qui ne répond pas aux attentes qu’il suscite, et ce de nombreux points de vue.

Tout d’abord, c’est le scénario qui présente de nombreuses faiblesses : s’il est vrai que l’idée de départ pouvait donner un film non seulement intéressant mais de plus utile et engagé, le résultat est une succession plutôt grossière de rebondissements pour le moins invraisemblables. Dick, novice débarqué accidentellement dans le milieu de la pègre, se voit immédiatement confier de lourdes responsabilités dans une affaire de trafic d’armes à grande échelle en vue de la préparation d’un coup d’état ; rien de moins ! Une fois fait l’effort d’accepter cette situation de départ, le spectateur est sans cesse frappé par une série d’incongruités qui composent le cours du récit, jusqu’au dénouement dans une apothéose de violence qui rappelle un film de série B.

Servi par un casting d’où seule la comédienne Juliette Ba tire son épingle du jeu, constellé de clichés et de détails ultra kitsch, Teranga Blues imite sans succès le registre du film noir à l’américaine : atmosphère underground tendance décadente (alcool et boîtes de nuit à Gogo), armes à feu, blousons de cuir, gros billets, scènes de bagarre… Tout y est, l’ennui c’est que pourtant rien ne fonctionne.

On aimerait entrer dans l’intériorité d’un personnage tiraillé entre des désirs contradictoires : ambitions artistiques et nécessité de soutenir financièrement les siens, amour de sa famille et entretien du mensonge, envie de vivre son amour pour la jolie Rama et impossibilité de partager une relation d’honnêteté… Dick et ses tourments ne parviennent jamais vraiment à prendre corps, frustrant le spectateur des émotions qui pourraient et devraient accompagner le récit. A une approche basée sur l’intériorité et la psychologie du personnage, l’auteur a préféré donner dans l’intrigue mafieuse, dressant le portrait de petits gangsters de pacotille en quête de promotion sociale et autres crapules politiques dénuées de crédibilité.

Un film insatisfaisant dans sa forme qui passe complètement à côté de son sujet…

Sophie Perrin

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