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Il faut que le cinéma africain sorte de l’ombre
Publié le : dimanche 10 juin 2007

Qui fera quoi ? Quand ? Et avec quels moyens ? Il n’y a pas de solutions toutes faites. Mais, il y a à professionnaliser tous les métiers du cinéma. N’est pas producteur qui veut, mais celui qui en a les compétences. N’est pas distributeurs celui-là qui a une salle de ciné et qui tant bien que mal s’arrange pour acheter ou louer un film. Non. La production est un métier. La diffusion est un métier. La réalisation est un métier.

Projection lors d’un maquis de Clap Noir

Le 16 décembre prochain, Clap Noir organise à Paris, un maquis culturel. Sera projeté à cette occasion, le film Kabala d’Assane Kouyaté.

Le principe du maquis culturel est simple. Un lieu où chacun se sent à l’aise, un film et de l’ambiance. Cette initiative développée par l’aile parisienne de clap noir est à plus d’un titre intéressante. Elle permet de situer le cinéma dans un contexte non commercial, mais amical et familial. On va au maquis pour se distraire, mais aussi échanger avec les amis et pourquoi pas, prendre un bon repas.

Les résultats obtenus par Clap Noir sont encourageants. Après Paris selon Moussa du guinéen Cheik Doukouré, Voyage à Ouaga du congolais Camille Mouyeké, C’est à présent au tour de Kabala d’Assane Kouyaté d’être proposé aux cinéphiles parisiens. Il faut dire qu’à chaque projection, c’est plus de 150 personnes qui font le déplacement.

La contribution de Clap Noir pour sortir les cinémas d’Afrique de l’ombre est très peu de chose face à l’immensité du travail à faire. En effet, nous pensons que le cinéma produit par les africains est de qualité, le jeu des acteurs s’est amélioré et la mise en scène est en nette progression. Mais ce cinéma n’arrive pas à se faire une place ni sur le marché africain, ni sur la scène internationale.

Cette situation mérite réflexion et action. Peut-être plus d’action que de réflexion, car si nous faisons une analyse des différents colloques tenus en Afrique, les rencontres en Europe et lors des grands festivals (Cannes, Namur, Berlin…) nous pouvons sans nul doute affirmer que réflexion il y a eu. Maintenant il faut passer à l’action. Tout le problème est là.

Qui fera quoi ? Quand ? Et avec quels moyens ? Il n’y a pas de solutions toutes faites. Mais, il y a à professionnaliser tous les métiers du cinéma. N’est pas producteur qui veut, mais celui qui en a les compétences professionnelles. N’est pas distributeurs celui-là qui a une salle de ciné et qui tant bien que mal s’arrange pour acheter ou louer un film. Non. La production est un métier. La diffusion est un métier. La réalisation est un métier.

Une autre difficulté de notre cinéma est et reste le financement. La perfusion est constante. Aucun projet ne peut aboutir sans l’aide des partenaires. L’aide est importante, mais comme le dit Idrissa Ouédraogo, "quand nous proposons un scénario pour un financement dans les pays du Nord, celui-là qui va le lire ne connaît pas forcément nos réalités et il juge selon ses propres repères. Cela nous pousse parfois à faire des films qui ne correspondent pas forcément à notre propre personnalité. Cela ne favorise pas la créativité". Il y a ici aussi quelques choses à inventer. Il y a à créer des circuits de financement qui ne pourront compter par exemple que sur 20 ou 30% de l’aide extérieur.

En attendant que tout cela se concrétise un jour, continuons à avoir des réalisations, aussi minimes soient-elles, pour la promotion des cinémas d’Afrique. "Prenons donc le maquis" avec Clap Noir et surtout, amusons nous bien. Eh oui, le cinéma c’est d’abord de la distraction.

Candide Etienne

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