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les festivals africains de cinéma vers la création d’une coordination !
Publié le : jeudi 4 janvier 2007

Si en Europe les festivals de cinéma se créent et se perpétuent avec une certaine aubaine, il n’en est pas de même en Afrique et moins qu’en Asie et en Amérique latine. En dehors de quelques festivals qui ont une main mise importante de l’Etat (Fespaco, Carthage) et Ecran Noire avec un Bassek derrière, les autres après une décennie d’existence commencent à patauger dans des difficultés financières et organisationnelles.

Envie de mieux s’organiser ou tout simplement action événementielle, voici pour une énième fois une situation favorable au développement du cinéma d’Afrique. Une opportunité.

Nous autres tiers-mondistes avons du goût. Nous avons pris plusieurs décisions qui n’ont jamais eu de suites.

A Ouagadougou du 9 au 11 octobre 2001, l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIE) a mis des gros moyens pour créer une GIE de distribution et d’exploitation des films en Afrique. A l’heure actuelle il n’en ai rien sorti de cette rencontre à laquelle pourtant ont participé tous les grands cinéastes du continent et les professionnels européens du cinéma africain. Pourquoi ?

Du 18 au 20 juin dernier la Coordination Européenne des festivals de cinéma (CEFC) a organisé à Bruxelles un séminaire atelier sur le thème " Relations entre festivals européens et festivals du sud ". Entendez par sud tous les pays dit du tiers monde (Afrique, Asie, Amérique latine). En organisant cette rencontre la CEFC vise notamment à créer des relations étroites et fructueuses avec les festivals du sud, mais surtout de favoriser la circulation des films européens dans les pays où l’hégémonie américaine domine le marché à plus de 98 pour cent de part. Ce qui est aussi intéressant c’est que la CEFC va trouver les moyens de faire diffuser les films africains dans les festivals d’Europe. Il faut rappeler que la CEFC créée en 1995 regroupe 160 membres qui sont des manifestations culturelles dynamiques bien encrées chez eux avec des ressources financières importantes.

Si en Europe les festivals de cinéma se créent et se perpétuent avec une certaine aubaine, il n’en est pas de même en Afrique et moins qu’en Asie et en Amérique latine. En dehors de quelques festivals qui ont une main mise importante de l’Etat (Fespaco, Carthage) et Ecran Noire avec un Bassek derrière, les autres après une décennie d’existence commencent à patauger dans des difficultés financières et organisationnelles. L’opportunité qui s’est présentée à nous à Bruxelles est très intéressante et il y a lieu de se poser quelques questions.

D’abord, en quoi cette rencontre est-elle importante pour les festivals du Sud et notamment africains ?

Des échanges de programmes
Si le festival africain draine un public fou pendant l’événement c’est d’abord pour le besoin de l’Africain de voir son image. Un film de Gaston Kaboré fera plus d’entrée au Niger que n’importe quel chef d’œuvre européen projeté dans les mêmes conditions. La seule alternative envisageable dans pareil cas, c’est la mise en place d’une énorme machine de promotion des films européens dans les festivals africains avec comme élément fondamental la présence des grosses pointures de ce cinéma (comédiens, réalisateurs de renom…). Ainsi tout le monde va gagner. Sinon toute programmation faite comme à l’accoutumé risque à très court terme de vider les salles et de discréditer les festivals. Comment le festival africain va t-il disposer d’un catalogue de films à mettre à la disposition de la CEFC afin d’assurer la diffusion en Europe ?

Des échanges d’informations, d’expérience et du transfert des bonnes pratiques.
Le cinéma européen, peut-il servir de cinéma d’éducation en Afrique ? Si la collaboration doit se nouer entre nous, il s’avère nécessaire de commencer à penser comment utiliser le cinéma européen pour sensibiliser et éduquer à l’image le jeune public africain.

Les cinémas d’Afrique ont besoin de façonner des nouveaux spectateurs. Mais, le paradoxe est que rares sont les festivals qui font des opérations adaptées au contexte. Presque tous accompagnent les films par des rencontres entre publics et professionnels du cinéma à travers les ateliers et séminaires de formation. On fait comme à Cannes. C’est bien ! Mais aussi cette approche ne peut être rentable que si elle s’inscrit dans une option permanente. La lutte pour le développement du cinéma africain doit obligatoirement passer par l’éducation à l’image. Former des spectateurs intelligents et criques. Personne d’autre apparemment ne fera ce travail que les professionnels des festivals. Même s’il existe des instituts et centres de formation aux techniques audiovisuels et du cinéma, dans aucun de ces pays encore l’éducation à l’image ne fait parti du programme scolaire. C’est ici que doit intervenir la coopération avec les festivals du Nord notamment. Elle doit se situer dans les activités secondaires des festivals, c’est à dire, en dehors des évènements.

Et cette dernière rencontre de Bruxelles nous a permis de découvrir l’important travail fait par les festivals européens à l’endroit de leur public.

Même si souvent l’on veut faire croire que le temps de paternalisme est terminé, les festivals africains au stade actuel ont plus à apprendre qu’à donner. A apprendre dans les actions spécifiques menées à l’endroit des jeunes de rues et des scolaires, dans la formation du personnel enseignant, du personnel extra scolaire, dans l’éducation non formelle à l’audiovisuel, dans l’accès du cinéma aux personnes en difficultés, dans la sensibilisation du public aux thématiques de société, etc.

Si nous avons besoin d’une coordination africaine des festivals de cinéma forte à l’instar de celle qui existe en Europe il nous faudra beaucoup nous surpasser. Qu’elle se crée coûte que coûte, ne serait-ce que pour le lobbying dans un premier temps, défendre les intérêts de ses futurs membres auprès de leurs institutions nationales. C’est pourquoi nous avons donné quitus au Fespaco de Ouagadougou de voir comment concevoir cette organisation. A Bel’Arte de Dakar de préparer les textes. A Ecran noir du Cameroun, Ecran libres du Mali et au Festival international du film pour l’enfance et la jeunesse de Tunisie de faire des propositions du lieu de rassemblement.

Cette fois-ci je pense que, l’avènement créé par la CEFC nous aidera à réellement nous organiser.

Ousmane Ilbo MAHAMANE
Producteur / Coordonnateur général
Rencontres du Cinéma Africain de Niamey " RECAN "

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