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Paris est dur comme caillou !
Publié le : jeudi 4 janvier 2007

A propos du film Paris selon Moussa, "les chaînes de télévisions ont refusé une coproduction sur scénario en le jugeant à la lecture un peu ’’délicat’’. Pour nous, il s’agit tout simplement d’un film sur le respect. Le respect de chacun des membres de la race humaine, la seule."

Il y a en Côte d’Ivoire, un groupe de jeunes artistes appelé Magic System. Ils ont raconté dans une de leur chanson, ’’un gaou à Paris’’, la difficile adaptation de l’Africain qui va en France. En résumé, leur chanson disait que vivre à Paris, c’est difficile, la vie à Paris, c’est dur comme du caillou.

Moussa Sidibé, le héros du dernier film de Cheik Doukouré l’a aussi compris. Lui qui était le seul espoir de résurrection d’un village à souffert. En effet, dans le village de Dutine, quelque part en Guinée, une seule motopompe permettait l’irrigation des champs de cultures. Elle a rendu l’âme. Le conseil des villageois a choisi Moussa Sidibé comme celui qui doit aller en France, à Paris acheter une nouvelle motopompe.

C’est le début d’une aventure, d’une longue et pénible aventure pour notre brave paysan, qui a pour repère les vertus sociales africaines caractérisés par le respect de l’autre.

Malheureusement pour Moussa, il se fait voler l’argent de la pompe. Il ne peut pas retourner au pays sans cette pompe. Il faut trouver de l’argent. Il se débrouille dans la journée, et la nuit va dormir dans une église occupée par des sans papiers.

Dans ce film fort agréable, Cheik Doukouré nous permet de vivre les déboires des immigrés mais aussi la réelle solidarité qui existe entre frères d’un même pays, d’un même continent.

Cheik Doukouré, à travers le film à voulu mettre en évidence que " l’Afrique fête son indépendance au son des tam tam depuis 40 ans et elle en a oublié son propre développement. La seule solution qu’elle a trouvé depuis les années soixante, c’est d’envoyer des Africains, pour la plupart des paysans, puisqu’ils représentent 75% des immigrés, à l’assaut des pays occidentaux complices par leur laxisme à une certaine époque parce qu’ils avaient besoin de main d’œuvre. Aujourd’hui, vu la précarité du travail, les pays occidentaux ferment leurs frontières. Parfois, ils ont recours à des mesures radicales qui ne tiennent pas toujours compte du respect dû à tout être humain ".

Ce film est un appel aux africains. Il est temps qu’ils prennent conscience que leur propre développement ne passera pas par d’autres, mais par eux même. " C’est la conviction de Moussa, le héros de mon film, lorsqu’il vient à Paris pour acheter une motopompe à eau. L’eau et sa maîtrise sont en effet indispensables au développement de l’Afrique ".

Trouver les fonds pour le tournage du film n’a pas été chose aisée pour la production. Le film s’est fait avec un budget de 7 millions de FF. La majorité des chaînes qui ont été sollicités n’ont pas accepté de financer le film, hormis TV5, l’Union Européenne, le Ministère des Affaires Etrangères, et le CNC. L’équipe technique a accepté d’être rémunérée avec une partie du salaire en participation et les comédiens ont été payés au minimum. Selon Danielle Ryan, scénariste et productrice, " Les chaînes de télévisions ont refusé une coproduction sur scénario en le jugeant à la lecture un peu ’’délicat’’. Pour nous, il s’agit tout simplement d’un film sur le respect. Le respect de chacun des membres de la race humaine, la seule. "

Paris selon Moussa à reçu le prix Unesco des Droits de l’Homme 2003 et le prix d’interprétation masculine au Fespaco 2003. Il est sorti dans les salles françaises le 11 juin 2003.

Candide Etienne
25 juillet 2003

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