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L’Arbre sans fruit primé à African Movie Academy Award’s
Publié le : lundi 13 juin 2016
Le réveil du cinéma nigérien

La jeune réalisatrice nigérienne, Aicha Macky, est récompensé ce 11 juin 2016, du prix du meilleur film documentaire à African Movie Academy Award’s (AMAA) au Nigéria pour son film The Fruitless Tree ou L’Arbre sans Fruit (2016). D’une durée de 52’, ce film nous amène à voir la double souffrance de la réalisatrice, qui joue sa propre histoire.
Une histoire partagée d’une part, par le mal être des femmes qui n’arrivent pas à donner d’enfant après plusieurs années de mariage, à commencer par elle, d’autre part, par l’œil accusateur de la société face à cette situation et la place de la religion tout au long du film. Sur des belles images, de jour comme de nuit, la réalisatrice met à l’écran le comportement patriarcal des parents, à l’instar du père de Aicha Macky, qui était ferme sur des principes comme « la femme ne devrait pas filmer dans un cimetière et de surcroit rentre visite aux morts ».
Mais, Aicha a sauté ce principe, et nous montre en plongée le cimetière où repose sa mère, qui a perdu la vie, en voulant donner la vie. Un film émotif, avec la séquence des deux femmes infertiles pendant plus de dix minutes, qui s’apitoient sur leur sort et se consolent. Un film où la religion occupe une place importante dans plusieurs séquences, dont celle de la visite de Aicha chez le charlatan. Ce dernier, dans une maitrise parfaite de rôle, après consultation de la terre, c’est-à-dire les divinités, dévoile son verdict, pour solutionner le problème d’infertilité de Aicha. Elle doit forcement sacrifier. Cette recommandation des Dieux en général, est donnée presque à toute personne qui fréquente ce milieu lors des consultations. Désespérée, désorientée et mécontente sur ses pratiques religieuses, Aicha interpelle sa défunte mère sur son sort.

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Aicha Macky et son trophée

Volontairement ou pas, la réalisatrice pour atténuer son désaccord sur certaines pratiques de la société, et son coté rebelle sur la réalité de sa société, dans plusieurs séquences du film, réaffirme ses valeurs musulmanes. C’est ainsi qu’on peut voir dans le film, la place du voile féminin dans toute sa beauté et sa finesse dans la manière de le porter. Également, le marabout, un leader d’opinion pour éduquer et sensibiliser les populations sur les questions de société, à l’instar de la séquence de la lettre ouverte au marabout, sur le choix donné par l’Islam à une femme infertile dans le mariage.
Un film qui tire sur certaines barrières de la société, à savoir la parole de la femme sur la scène publique. Un film que je regarderai avec la même envie, comme ma toute première fois, car le scénario a été bien conduit, avec des scènes de joie, de tristesse et de solidarité dans des thématiques diverses (famille, religion, tradition et modernisme) le tout, accompagné d’un son radiophonique.
Aicha Macky est détentrice d’une maîtrise en sociologie, d’un master 1 et 2 en réalisation et documentaire de création, respectivement de l’Université Abdou Moumouni de Niamey et de l’Université Gaston Berger de Saint-louis. Elle a réalisé deux films d’écoles, Moi et ma maigreur en 2011 et Savoir faire le lit en 2013.
Le Niger était déjà représenté à l’AMAA en 2015 avec Le pagne de Moussa Djingarey qui a été sélectionné dans la catégorie des films fictions, ainsi que l’acteur Yacouba Beidari dans la catégorie meilleur acteur.

Youssoufa HALIDOU HAROUNA

Crédit photo : © les films du balibari - maggia images

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