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Sidiki Bakaba : "fini le temps ou l’on filmait l’Afrique des cases"
Publié le : mardi 30 mars 2004

Sidiki Sidjiri Bakaba est l’un des grands de notre cinéma. Après avoir joué dans plusieurs films, il s’est lancé dans la mise en scène avec pour premier long métrage, les GUERISSEURS (1988) qui remporte le prix de la meilleure musique au Festival du Cinéma Francophone mais aussi un prix au Fespaco de Ouagadougou en 1989. Sidiki Sidjiri Bakaba est l’actuel directeur du Palais de la culture d’Abidjan. Sidiki Bakaba a reçu Clap Noir en la personne d’Any Daghau pour parler de son dernier film, Roues Libres. L’entretien.

Comment vous est venue l’idée de faire un polar sur les personnes handicapées ?
Pour le polar, j’ai souhaité donner une autre image de l’Afrique. Une image plus valorisante. C’est fini le temps ou l’on filmait l’Afrique des cases et les autres problèmes dégradant. Je voulais filmer la ville. Mais je trouvais surtout intéressant de réaliser un film d’action avec des personnes handicapées qui sont le plus souvent marginalisées dans nos sociétés.

D’où est venue l’idée de " handicapés braqueurs " ?
Ce n’est pas quelque chose que j’ai conçu de moi-même ! C’est un fait divers qui s’est produit il y-a quelques années ici à Abidjan où deux handicapés ont pris en otage un chauffeur de taxi et ont été pourchassés toute la nuit par des policiers qui au départ soupçonnaient beaucoup plus le chauffeur que les 2 autres.

On les voit faire preuve d’une grande habileté dans le film. On t’ils reçus un entraînement particulier ?
Oh ! Pas vraiment ! On a juste répété les scènes du film, c’est tout. Mais vous savez, ce sont des gens très orgueilleux. Ils ne veulent pas vraiment qu’on les aide à se déplacer ou à faire d’autres mouvements. Vous savez pendant les essais, on travaillait au sommet du palais. Et tous montaient sans aucune aide. Ici en Afrique on a tendance à les prendre en pitié. Mais non, ce sont des hommes comme tout le monde. Parmi eux, il y a des bons et des mauvais comme dans toutes les organisations humaines. Et c’est ce que je voulais démontrer dans Roues Libres.

Parlons maintenant du chauffeur de taxi. Ses pensées en voix off représentent t’ils la voix du spectateur ?
Vu sur cet angle là peut être ! Mais je dirais beaucoup plus qu’elles expriment les pensées du réalisateur. Puisque ce que vous ne savez pas c’est qu’au départ, c’est moi qui devais tenir ce rôle. Mais on s’est rendu compte que c’était un personnage très complexe et qu’il aurait fallu le confier à un grand comédien comme Adama qui a parfaitement campé le personnage.

Vous utilisé un décor spécial dans le film ?
(Rires) vraiment spécial ! c’est une production personnelle… Nous avons choisi d’associer plusieurs endroits pour donner ce qu vous avez dans le film. De sorte que plusieurs personnes viennent nous demander l’adresse du restaurant et là, nous nous mettons à rigoler.

Vous ajouté à ce film un mythe qui fait des handicapés des mystiques. Quelle est cette histoire et pourquoi le commissaire se retrouve lui-même handicapé à la fin du film ?<br>
Dans nos coutumes africaines, si nous ne les associons pas à des génies, nous leur attribuons une force spéciale qu’on appelle "namara fanga". Par le fait que le commissaire devienne lui-même handicapé à la fin du film et continue à travailler cela montre que ce n’est pas une fin en soi et qu’il faut persévérer à l’image du président Franklin Roosevelt.

Concernant la phase technique on se rend compte que vous avez tourné en vidéo numérique.
C’est exact ! Beaucoup de comédiens étaient novices et ils se sentaient beaucoup plus à l’aise devant la caméra numérique. Et puis on tournait la plus part du temps la nuit et le numérique permet de tourner efficacement en basse luminosité.

La première du film était en décembre dernier. Vous pensez que le public ivoirien a bien accueilli le film ?<br>
Dans l’ensemble oui ! On a reçu les félicitations d’un peu partout au-delà même des frontières ivoiriennes. On a également reçu plusieurs invitation. Le film à d’ailleurs fait partie d’un cycle de téléfilm africain pour ARTE. A ce niveau, les échos ont également été favorables.

On a entendu parle de quelques problèmes avec Roues Libres au dernier FESPACO de Ouagadougou ?<br>
Non Roues Libres n’a pas eu de problème. C’est plutôt les organisateurs qui n’ont pas joué franc jeu. Mais bon….

A quand le prochain film de Sidjiri Bakaba ?
En ce moment je me consacre plus au théâtre avec les représentations du palais de la culture. Je fais les mise en scène et je joue avec les élèves de l’Actor studio passez nous voir un jour…

Any Daghau

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