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The Mirror Boy
Publié le : samedi 5 novembre 2011
Africa in Motion 2011







The Mirror Boy est un film nigérian tourné à Londres et en Gambie par un réalisateur expatrié en Angleterre. Voilà, en quelques mots, la raison de son succès : un pied à Nollywood, un autre à l’étranger et un réalisateur exigeant quant à la qualité du film qu’il fera.


Tijani (Edward Kagutuzi sur la photo ci-dessus), 12 ans, vit à Londres. Bien que faisant partie d’une classe multicolore, il est considéré par son camarade Rodney comme le « garçon africain », un surnom qu’il rejette en bloc. Suite à leur bagarre, la police débarque chez sa mère ( Geneviève Nnaji) qui décide de le ramener au pays. Premier choc identitaire pour cet afro-britannique, l’arrivée en Gambie est supplantée par les apparitions répétitives d’un étrange garçon (le renommé Osita Iheme). Décidé à le suivre, Tijani ne se rend pas compte qu’il s’engage en terre inconnue.


Osita Iheme

Tourné avec la RED à Londres et Banjul (Gambie), The Mirror Boy bénéficie d’une cinématographie de qualité ainsi que d’un montage dynamique. Son générique stylisé, son implantation sur le territoire anglais nous fait même croire un instant que le film sera typiquement anglais, sorte de Bullet Boy [de Saul Dibb, UK, 2004] modernisé.

Mais très vite le retour au pays - sorte de leitmotiv récurrent dans les cinémas produits hors Afrique tels qu’Après l’océan d’Eliane Delatour ou Le secret de l’enfant fourmi de Christine François – nous amène à une autre réalité. Passées les allusions comiques au continent africain (coupures de courant, moustiques, déballages de cadeaux), un nouveau genre fait son apparition : celui du film d’horreur. Très vite alerté, le spectateur reconnaîtra la pâte Nollywood, celle qui fait qu’aucun film nigérian ne peut s’empêcher d’aborder la spiritualité sans le prisme du film de genre incluant effets spéciaux et musiques empathiques.

Néanmoins, le film se tient par un scénario plutôt bien ficelé. Les nombreux rebondissements, parfois trop fictionnés (comme ces chasseurs peints qui rappellent l’archétype du « primitif » ethnographique) et la présence trop prononcée de la musique (Obi Emelonye aurait-il peur du silence ?) dévaluent quelque peu l’histoire dont la trame pourrait avoir davantage d’impact.

Le réalisateur nigérian aurait pu se détacher du traitement nollywoodien. La première partie du film, plutôt réussie, le laisse présager alors que la partie en Afrique reste empreintée, comme s’il n’arrivait pas à s’emparer d’autres codes filmiques plus novateurs.

Au vu du succès qu’a remporté le film en Europe comme en Afrique, espérons que la reconnaissance du public permettra à Emelonye d’affirmer son potentiel et ses influences cinématographiques. Il réalisera ainsi qu’en se détachant de ce qui séduit au Nigéria, il surprendra, et que c’est en cela qu’il créera son propre cinéma.

Claire Diao
5 novembre 2011

Lire l’article : Dans le miroir d’Obi boy
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