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De la réconciliation à la reconstruction
Publié le : lundi 7 novembre 2011
Africa in Motion 2011

Récompensé en 2010 par les Nations Unies pour son travail de valorisation des actions de réconciliation, le festival Africa in Motion continue de promouvoir, en partenariat avec l’Université d’Édimbourg, des films pacifiques qui envisagent de meilleurs lendemains.





Slaves

« Reconstruction au travers du documentaire », était, dans la catégorie documentaire, le programme le plus poignant tant les sujets abordés par les films étaient difficiles. Un constat qui explique peut-être pourquoi une zimbabwéenne assise dans le café attenant à la salle nous confiait qu’ «  il y a des films qui sont trop douloureux, je préfère ne pas les voir  ».

Slaves

En témoigne l’épatant Slaves de David Aronowitsch [Suède/Soudan,2010, 15min], version courte de Valse avec Bachir, où des enfants soudanais de 9 et 15 ans, anciens esclaves, témoignent de leur vécu et de leurs projets d’avenir.

Sublimé par un dessin mélangeant clairs-obscurs, l’utilisation du dessin animé transcende le témoignage, difficile et douloureux, tout en distanciant le récit de ceux qui le racontent.

Primé dans de prestigieux festivals (tels que l’IDFA ou Annecy), Slaves laisse, par son traitement, une grande place à l’entretien sonore qui a été enregistré en conditions réelles.

Where do I stand ?

Jeunesse aussi, celle d’Afrique du Sud qui se révolte face aux meurtres xénophobes qui frappèrent le pays en 2008. Where do I stand ? de Molly Blank [2010, 38 min] recueille les témoignages de différents jeunes concernés directement ou non par ces actes.

Bien qu’utilisant des images d’archives et en interrogeant des jeunes très différents, le film peine à déranger les jeunes dans leurs convictions et soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponse à cette dramatique situation.

Famul Tok

Côté adultes, deux films poignants provenant de eux pays en guerre, la Sierra-Leone et la République Démocratique du Congo nous ont marqué.
Famul Tok [de Sara Terry, 2010, 1h22], suit le travail mené par une association du même nom en Sierra-Leone.

Dans ce pays détruit par des années de guerre, victimes et bourreaux se côtoient quotidiennement. Pour que la communauté puisse se reconstruire, l’association Famul Tok organise des veillées au cours desquelles les villageois peuvent exprimer un à un les atrocités qu’ils ont vécues et pardonner ceux qui les ont perpétrées.

Non sans rappeler les enfants soldats d’Ezra [de Newton Aduaka, Nigéria, 2005] et les poignants témoignages d’Une affaire de nègres [d’Oswalde Lewat, Cameroun, 2009], ce documentaire sur la réconciliation secoue autant par les atrocités vécues que par la générosité du pardon accordé.

State of Mind

Le réalisateur congolais Djo Tunda Wa Munga, acclamé pour son long-métrage Viva Riva encore inédit en France nous surprend dans un autre registre avec le documentaire State of Mind.

La République Démocratique du Congo (RDC), pays de Lumumba et Mobutu, est dans une situation dramatique depuis plusieurs années. Suite au génocide rwandais, de nombreux Hutus se sont réfugiés au Kivu, à l’est du pays. Forcée d’accueillir ces populations déplacées, la région s’est retrouvée larvée dans de nombreux conflits menés par des factions armées. Les meurtres, les viols et les pillages ont ainsi fait le quotidien de millions de congolais.

Pour pallier aux années de traumatisme psychologique que connaît la population, le programme allemand GTZ a sollicité l’intervention du fondateur de la méthode PBSP (Pesso Boyden System Psychomoto), le Docteur Albert Pesso.

Au travers d’ateliers participatifs, ce psychologue tente, par la parole et le toucher, d’aborder les douleurs physiques et psychologiques de chacun.

Filmant sa technique de création de nouveaux souvenirs, puis des interviews et des archives historiques, Djo Tunda Wa Munga nous présente avec humilité comment l’acceptation de la perte et le pardon pourrait être un salut pour un peuple traumatisé.

Claire Diao
7 novembre 2011

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